L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford
chacune de ces charges si le
gouverneur Woodson est prêt à garantir notre protection jusqu’à ce que nous
puissions prouver face à un jury impartial de cet État que les accusations à
notre encontre sont injustes et fausses. Si nous n’y parvenions pas, que la loi
s’exerce alors dans toute sa sévérité.
Nous nous plierons
au verdict. Je ne vois pas comment nous pourrions proposer marché plus honnête.
JESSE W. JAMES
dans le Liberty Tribune, 9 janvier 1874
Son épouse, Zerelda
Amanda Mimms, était une cousine germaine ; elle avait pour mère la sœur du
père des frères James et avait été baptisée Zerelda en l’honneur de leur mère. C’était
elle qui, dans la pension paternelle de Harlem (située dans ce qui serait
aujourd’hui le nord de l’agglomération de Kansas City), avait soigné Jesse
quand il avait contracté la pneumonie après avoir été grièvement blessé à la
poitrine et Jesse avait plus tard affirmé, avec la plus grande sincérité, qu’après
ça, il n’avait plus jamais regardé aucune autre femme. Il avait perdu près de
quatorze kilos, toussait du sang, souffrait d’accès de fièvre qui, lui
avait-elle rapporté, le faisaient claquer des dents comme des dentiers à
ressort de cinq cents. Il s’évanouissait parfois alors qu’il était adossé à une
pile d’oreillers confortables, alors que Zee le nourrissait à la petite
cuillère de légumes au jus de viande et de nouilles ; il expectorait dans
un crachoir en fer-blanc et s’essuyait la bouche dans le drap, s’excusait d’être
malade auprès de sa cousine, lui jurait qu’en temps normal il avait une santé
de fer et l’endurance d’un Apache.
Jesse avait dix-huit ans et du charme ; Zee
en avait vingt et était amoureuse. C’était désormais une jeune femme ravissante,
raffinée, douée d’une grande patience. Conventionnelle dans sa manière d’être, pieuse
en matière de religion, c’était une fille dévouée, discrète, appliquée, altruiste,
faite pour une vie bien différente de celle que Jesse allait lui offrir. Elle
était en ce temps-là chétive, sans substance, s’habillait de jupes bouffantes, la
taille corsetée et les seins pareils à des tasses à café. Défaits, ses cheveux
blonds recouvraient ses omoplates, mais elle les portait soit nattés, soit en
macarons (effectuant de nouvelles expériences chaque matin) et disciplinait les
mèches qui lui tombaient sur le front avec des barrettes en jade. Ses traits, délicats,
se fronçaient souvent de plis songeurs, si bien que, même tout à fait sereine, elle
paraissait mélancolique, voire, l’âge aidant, sévère ; il arrivait que
Jesse fût aussi timide et réservé qu’un écolier en sa présence et, durant leur
mariage, elle en vint fréquemment à le considérer comme l’un de ses enfants.
Mais en 1865, elle préparait encore, avec une
bouilloire à thé, des serviettes chaudes, qu’elle appliquait avec soin sur le
visage de son cousin ; elle lavait ses doigts comme on nettoie de l’argenterie,
fermait les yeux pour faire la toilette de ses membres et soufflait sur ses
cheveux mouillés en les peignant ; et c’était penchée en avant que sur une
chaise en bois au chevet de Jesse endormi, elle avait brodé les initiales JWJ
sur les quatre mouchoirs du malade ainsi que sur sa combinaison – ce qui tenait
alors lieu de sous-vêtements aux hommes – dans la région où selon elle se
situait le cœur.
Ils avaient été camarades de jeux durant leur
enfance. Frank était de deux ans plus âgé que Zee et trop brusque, trop revêche
pour être d’agréable compagnie pour une fille, mais Jesse était un enfant
accommodant et affectueux qui n’avait que deux ans de moins qu’elle et se
pliait à ses moindres volontés pourvu qu’ils ne fricotassent pas avec son grand
frère bourru. Quand la mère de Zee était morte, l’orpheline avait quitté
Liberty pour Kansas City, où elle avait été accueillie dans la famille de sa
sœur aînée et de Charles McBride ; Jesse et elle avaient alors entamé une
correspondance erratique qui s’était prolongée jusqu’à la guerre de Sécession. De
longues lettres illisibles parvinrent ainsi à Zee de la part de Jesse, la
première exprimant ses condoléances au sujet de « ta maman, rappelée aux
deux », tandis que dans de nombreuses autres il lui confessait combien son
propre père, mort du choléra lors d’une mission en Californie, lui manquait et
combien il était
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