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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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étaient
baies et leur conformation dénotait si manifestement des pur-sang que les
passants faisaient des détours pour les examiner et les jauger en se demandant
qui étaient ces étrangers. Les bandits se dirigèrent d’un pas tranquille vers
Scriver Block, un pâté de maisons qui abritait les firmes de commerce H. Scriver
et Lee and Hitchcock et au coin duquel se situait la First National Bank
donnant sur Division Street.
    Les trois hommes déjeunèrent d’œufs au bacon
et de tourte aux pommes chez J. G. Jeft et débattirent autour de deux
pichets de café des mérites comparés de divers fusils avec le même luxe d’attention
fastidieux que les autres clients du restaurant accordaient au sorgho ou aux
vaches.
    Bob Younger était un homme élégant aux cheveux
bruns coupés court dont la moustache blonde et les sourcils expressifs
semblaient à toute force réclamer un monocle. Charlie Pitts, alias Samuel Wells,
de son vrai nom, était un vacher occasionnel dont le beau visage tanné était
carré comme une cheminée, et si crasseux que la poussière y dessinait des
motifs semblables à des taches d’humidité sur une tapisserie fauve. Jesse
venait d’avoir vingt-neuf ans, mais il eût pu passer pour leur oncle et ce fut
lui qui régla l’addition lorsque Frank approcha son visage de la vitrine afin
de confirmer à son frère cadet que la ville était paisible.
    Jesse, Bob et Charlie s’installèrent devant
les locaux de Lee and Hitchcock sur des caisses d’articles de mercerie, dont
ils détachèrent des copeaux de bois en prenant le soleil jusque vers deux
heures, heure à laquelle Cole Younger et Clell Miller s’engagèrent dans
Division Street par le sud. Cole s’arrêta devant eux et feignit quelque
contrariété avec la sangle de sa selle, puis adressa par-dessus le garrot de
son pur-sang un clin d’œil à Jesse, qui se leva alors et tourna le coin de la
rue, imité par Charlie Pitts et Bob Younger. Il ouvrit d’un coup d’épaule les
étroites portes vitrées de la First National Bank et les envoya cogner avec des
trémolos contre les butoirs en cuivre le long des plinthes. Il arma le chien de
son calibre .44 et bondit sur le comptoir en noyer, puis fonça vers l’ouverture
du guichet dépourvue de barreaux tandis que Bob s’écriait : « Mains
en l’air ! »
    Clell Miller avait suivi les trois hommes
jusqu’à la banque, refermé les portes derrière eux et s’était campé sur le trottoir,
la main droite à l’intérieur de son cache-poussière en lin, balayant les
environs du regard. Mr J. S. Allen traversa la rue pour voir ce qui
se passait, mais Miller lui barra la route. Allen battit en retraite, puis
sitôt qu’il eut franchi le coin, se précipita dans une ruelle en hurlant :
« Tous à vos armes, les gars ! On dévalise la banque ! »
    Henry M. Wheeler, un étudiant en médecine
de l’université du Michigan, se languissait sous l’auvent vert du drugstore de
son père de l’autre côté de Mill Square, face à la banque. Il vit l’homme vêtu
d’un manteau lui tombant jusqu’aux chevilles éconduire J. S. Allen et
entendit le cri d’alarme du commerçant. Il prévint les clients du drugstore, puis
courut jusqu’au Dampier House afin de récupérer une carabine Spencer qu’il
avait aperçue dans la consigne à bagages de l’hôtel et grimpa l’escalier quatre
à quatre jusqu’à une fenêtre du premier étage avec vue sur la rue, trois
cartouches en papier ciré dans la main.
    Cole Younger et Clell Miller sautèrent en selle
en poussant des hululements, dégainèrent leurs Colt et ouvrirent le feu en l’air,
sur les bardeaux, les enseignes, les corbeaux en briques et tout ce qui se
présentait devant leurs canons, bientôt rejoints par trois cavaliers qui
arrivèrent au galop, dans un grondement métallique, par le pont et remontèrent
Division Street en faisant un raffut de tous les diables, puis les cinq hommes
déchaînés se mirent à tourniquer dans un espace de vingt-cinq mètres de côté, cavalcadant
sur les planches des passages piétons, tirant en l’air, chargeant quiconque ne
s’était pas encore réfugié dans les magasins.
    Entre-temps, Jesse s’était laissé tomber sur
le plancher de l’autre côté du comptoir et lorgnait avec un air mauvais les
deux guichetiers, Alonzo Bunker et Frank Wilcox, qui s’étaient écartés de lui
comme d’une fournaise et recroquevillés dans le renfoncement où l’on rangeait
les livres de

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