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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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compte. Le caissier de la banque se trouvait à l’exposition du
centenaire des États-Unis, à Philadelphie, et son suppléant était Joseph Lee
Heywood.
    « Nous allons dévaliser cette banque, annonça
Bob Younger. Que personne ne gueule. Nous avons quarante hommes dehors. »
    Jesse s’approcha avec désinvolture de Heywood.
    « C’est toi le caissier ? »
Heywood répondit que non.
    Jesse considéra avec perplexité Bunker et
Wilcox et leur posa la même question. Les deux hommes se tassèrent devant le
pistolet qu’il tenait dans la main gauche et secouèrent la tête en signe de
dénégation. Jesse revint vers Heywood avec de la colère dans les yeux. « C’est
toi le caissier. Ouvre le coffre ou je te fais sauter ta sale face de menteur. »
    Charlie Pitts vit Clell Miller échanger des
mots avec J. S. Allen et se dit, à juste titre, qu’ils avaient déjà perdu
trop de temps. Il se hissa par-dessus la grille qui surmontait le comptoir et
en descendit maladroitement, alors que Heywood s’élançait vers une chambre
forte de la taille d’une grosse penderie pour la refermer. Pitts attrapa
Heywood par la manche et le retint ; les deux hommes luttèrent et Heywood
se mit à glapir : « Au meurtre ! Au meurtre ! » Jesse
lui enfonça son revolver dans la joue et l’avertit : « Ouvre le
coffre qui est là-dedans ou il te reste moins d’une minute à vivre. »
    Et pour bien en convaincre le caissier
suppléant, Pitts se glissa derrière lui avec un canif et lui taillada le cou. Heywood
en demeura abasourdi. C’était un homme mince âgé d’une trentaine d’années, qui
portait une barbe noire et avait un air instruit – il ressemblait à un
professeur d’algèbre, à quelqu’un de conservateur, de cultivé, et de fait, il
était membre du conseil d’administration de Carleton College. Meurtri dans sa
chair, il dévisagea Jesse avec un air de réprimande, tandis que sa plaie s’ouvrait
et que son sang lui dévalait dans le cou tel un rideau rouge qu’on descend.
    Jesse le somma à nouveau de déverrouiller le
coffre-fort et Heywood se plaqua un mouchoir sur la gorge en coassant :
« Il est équipé d’une minuterie. On ne peut pas l’ouvrir. »
    Jesse lui asséna sur le crâne un coup de
crosse cruel et le caissier s’effondra à genoux. Ses yeux se révulsèrent et, au
bord de l’évanouissement, il s’allongea par terre avec précaution. Jesse
enjoignit aux guichetiers d’ouvrir le coffre, mais ils lui jurèrent que c’était
impossible ; Jesse eût-il seulement essayé par lui-même qu’il eût
découvert que le coffre-fort de la taille d’un fourneau à l’intérieur de la
chambre forte était déverrouillé depuis neuf heures du matin.
    Des coups de feu résonnaient désormais
régulièrement à l’extérieur et Jesse entrevit Frank et Cole qui faisaient
volter leurs montures et l’un d’entre eux passa au petit galop sur le trottoir,
martelant lourdement les planches. Bob Younger avait escaladé le comptoir à son
tour et insisté pour que les guichetiers s’agenouillassent pendant qu’il vidait
les tiroirs. Or, les billets avaient ce jour-là été retirés de leurs
compartiments en bois et Younger ne dégotta que quelques rouleaux de pièces au
milieu des reçus de retrait et de dépôt. Eût-il jeté un coup d’œil dans un
second tiroir juste en dessous qu’il eût pu rafler trois mille dollars.
    L’un des guichetiers, Bunker, qui était aussi
enseignant à Carleton College, nota que Jesse observait avec une fascination
particulière le caissier qui abreuvait le sol de son sang et que Younger était
occupé à chercher du numéraire. Bunker oscilla sur ses talons, puis bondit vers
le bureau du directeur et la porte qui donnait sur la ruelle. Charlie Pitts
visa et des éclats de bois volèrent du chambranle comme le guichetier sortait
tête baissée du bâtiment. Pitts tira une seconde fois et Bunker s’enfuit dans
la ruelle en titubant, un trou béant dans l’épaule droite près de la clavicule.
    Dehors, le chaos régnait. Les hors-la-loi s’attendaient
à ce que les habitants de Northfield tremblassent de peur devant leur
démonstration de force, au lieu de quoi tous s’étaient rués dans la première
pièce venue en quête d’armes et de munitions. Elias Stacy s’appropria un fusil
de chasse dans une quincaillerie, déchira une boîte de cartouches et en chargea
une sans prendre garde qu’il s’agissait de cendrée pour le menu gibier.

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