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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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des
cahots.
    Une fois certains qu’ils n’étaient pas suivis,
les six hommes se lavèrent et se désaltérèrent au bord de la Cannon River, puis
s’assirent, épuisés, dans le havre d’ombre des arbres. Charlie Pitts, qui était
indemne, abreuva les chevaux et les calma. Jim Younger déchira son manteau en
lin et pansa sa bouche avec des bandelettes. Frank James se noua autour de la
cuisse un garrot qu’il desserra petit à petit afin d’apaiser la douleur. Cole
Younger fabriqua une écharpe pour soutenir le bras de Bob et confectionna une
attelle pour sa jambe, puis appliqua son foulard comme une compresse à l’intérieur
de son cache-poussière sur son épaule blessée et coiffa son crâne presque
chauve de feuilles trempées dans l’eau. Ils n’avaient pas de regrets ; leur
repentir s’arrêtait aux frontières de leur corps, leurs seuls tourments étaient
ceux de leur chair. Jesse revint de son tour de reconnaissance et dévala la
berge de la rivière en écartant les herbes hautes. Leur situation critique le
rendait sans merci et il cracha par terre à la vue de Bob Younger endormi.
    « Je n’ai aucune idée d’où on est, annonça-t-il.
Pour un peu, on pourrait aussi bien être dans le Delaware.
    — Ou dans la forêt de Sherwood, renchérit
Frank, qui en temps normal ne faisait jamais d’humour. Peut-être qu’on devrait
repartir. »
    Cole lança un bâton. Cela faisait plus de deux
ans que Jesse et lui n’étaient plus en bons termes – ils se disputaient sans
cesse le commandement de la bande et Cole jugeait Jesse trop téméraire –, de
sorte qu’en général, il ignorait Jesse et ne prêtait attention qu’à Frank.
    « Bob est trop mal en point, objecta Cole.
    — Alors on n’a qu’à le laisser », répliqua
Jesse.
    Cole le foudroya du regard.
    « J’ai toujours mon flingue, Jess.
    — Jesse, va rassembler les bêtes, intervint
Frank avec colère.
    — Renoncer à cet homme pourrait en sauver
cinq autres », cria Jesse par-dessus son épaule en escaladant le talus
herbeux.
    Au même moment, les cadavres de Clell Miller
et de Bill Chadwell étaient déjà assis sur un banc dans un salon de Northfield,
où on leur avait ôté leurs chemises et croisé les mains sur les genoux avant de
prendre des clichés d’eux qui devaient plus tard être reproduits en médaillon
sur des cartes commémoratives. Le masque de la mort leur conférait une
expression fourbue, déconcertée. Les corps de McClellan Miller et William
Chadwell furent ensuite expédiés à la faculté de médecine de l’université du
Michigan en vue d’être disséqués devant des étudiants et le squelette de Clell
Miller se morfondit tristement dans le cabinet de consultation du Dr Henry A. Wheeler
pendant plus de cinquante ans.
    La bande des frères James et Younger erra à
travers les bois des comtés de Rice, de Waseca et de Blue Earth pendant une
semaine, retraversant parfois le même ravin à quatre reprises au cours de leurs
divagations ou se retrouvant sur le coup de deux heures face aux magasins et
taudis qu’ils avaient voulu éviter en contournant un village vers midi. Sans
Bill Chadwell, ils étaient misérablement perdus au milieu de ces forêts
verdoyantes, circonvenus par des cours d’eau qui leur étaient étrangers ou des
rivières trop profondes pour être franchies à gué. Quatre soirs encore après la
débâcle de Northfield, les fugitifs hirsutes furent entraperçus par des gamins
qui vivaient à moins de vingt-cinq kilomètres de la ville. Un détachement de
dix hommes originaires de Faribault dînait dans un petit hôtel près de
Shieldsville quand les hors-la-loi y arrivèrent pour abreuver leurs chevaux. Les
divers fusils et carabines appuyés contre la balustrade de la véranda les
intriguèrent et Jesse s’approcha discrètement de la porte treillissée de l’hôtel
pour regarder à l’intérieur. Il colla son visage aux mailles et les hommes du
détachement s’arrêtèrent de discuter, de mâcher ou de lever leur cuillère et
fixèrent Jesse avec appréhension ou stupeur, discernant aussitôt à qui ils
avaient affaire ; tout honteux, ils le laissèrent déguerpir de la véranda
et filer ventre à terre avec le reste de sa bande avant de se lever de table.
    Vinrent les pluies et les fuyards se
retrouvèrent enlisés dans un véritable bourbier, pourchassés par plus d’un
millier d’hommes. Ils abandonnèrent leurs chevaux et ne se déplacèrent plus qu’à
pied et de

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