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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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jarrets avec son chapeau. Ils décampèrent en couinant et en
flairant le sol. Une truie s’attarda le temps d’arracher un tendon et le
cadavre tressaillit, mais Dick tira une balle dans le sol et la truie fila
rejoindre les autres porcs.
    Le manteau en laine était vrillé autour du
tronc ; l’un des bras était replié dans le dos de l’homme ; l’autre, ballant,
reposait sur la planche inférieure de la clôture. La peau des doigts était
marron, mais c’était là le seul indice révélant qu’il s’agissait de John Tabor,
car presque toute la gorge et le visage du cadavre avaient été dévorés et seuls
subsistaient des tendons rougis, des lambeaux de muscles ou eu cartilages et
les os luisant de sang du crâne.
    Une plainte sourde qui ne pouvait provenir de
Tabor s’éleva de la porcherie et Dick s’accroupit en pointant son Colt Navy en
direction d’un amas d’ombres, de courbes, de saillies.
    « Wood ? » lança-t-il.
    Il arma son revolver et le saisit à deux mains
afin de dominer ses tremblements.
    « Jesse ? »
    Les ombres se décomposèrent puis se
recomposèrent. Dick comprit que la créature s’était rapprochée d’un pas et
esquissa un mouvement d’esquive latéral, tel un enfant jouant au ballon
prisonnier, à l’affût du chuintement de velours de l’acier contre le cuir.
    « On ne pourrait pas en discuter, Jesse ?
Ou Wood ? »
    La silhouette s’avança.
    « Je vais tirer ! balbutia Dick. Dieu
sait que j’ai assez peur pour qu’on ne puisse pas se fier à moi avec ce Colt. »
    Un reniflement et un sanglot lui répondirent.
    « Sarah ? » hasarda-t-il.
    Il longea, en l’effleurant de la manche, la
barrière de l’enclos, revolver en main, à la vitesse d’une tortue, jusqu’à ce
qu’il discernât Mrs Hite. Elle était sous le choc et ses yeux étaient
embués de larmes. Des relents acides de vomi se dégageaient de sa robe et l’espace
d’un bref instant de folie, il faillit abattre la malheureuse parce qu’elle
sentait mauvais.
    « C’est Wood qui l’a tué ? »
    Le cou de Sarah paraissait pris dans une
minerve, mais elle parvint à hocher la tête par deux fois.
    « Raconte ça au shérif. Raconte-lui que
Wood Hite est un meurtrier. Accuse-le sous serment pour qu’on émette un mandat
d’arrêt contre lui, mais surtout, pas un mot au sujet de la bande de Jesse
James et ne fais pas mention de mon nom. »
    Puis Dick passa à côté d’elle sans même l’effleurer
et dévala la berge jusqu’à sa jument. Sarah demeura dans la même position, immobile,
à contempler la dépouille, les mains couvertes de sang, crispées sur ses flancs
comme si elles y avaient été cousues. Dick monta en selle, s’éloigna au trot en
direction de l’ouest à travers les terres des Hite, et il ne revit plus jamais
cette femme.
    Jesse James se
rendit dans le Kentucky en octobre comme il l’avait promis à Clarence Hite, mais
il effectua un détour par Louisville, puis par le comté de Nelson, plus au sud,
où son cousin Donny Pence était shérif. Il y séjourna une semaine, chassant le
pigeon ou la caille le jour en compagnie de Ben Johnson, un membre du Congrès, et
jouant aux cartes la nuit dans le salon des Pence. Johnson relata plus tard qu’un
soir, alors qu’ils lisaient les journaux, Donny avait tendu à J. T. Jackson
un article décrivant l’attaque d’un train par la bande de Jesse James au Texas.
Jackson avait jeté le journal sur la table et s’était dirigé vers une fenêtre, sur
le carreau de laquelle il avait gravé au moyen du diamant de sa bague : Jesse
James, 18 octobre 1881. Il s’était ensuite retourné vers le parlementaire
et lui avait déclaré : « Je tiens à ce que vous soyez témoin qu’à
cette date, j’étais au Kentucky et non au Texas. » Après quoi, compromis, Jesse
avait renoncé à pousser plus au sud jusqu’au comté de Logan et repris la route
du Missouri, faisant étape chez Ed Miller, qui habitait une cabane sur un lopin
de vingt-cinq hectares dans le comté de Saline.
    Il avait secoué la contre-porte tendue de
toile, fermée par un loquet, puis balayé du regard la cour, dans laquelle
traînaient un harnais pour mule en piteux état, un râteau potentiellement
dangereux, une charrue rouillée incrustée dans le sol, et lorsqu’il avait
reporté son attention sur la porte, il avait découvert Ed Miller, un pistolet à
la main, qui l’observait avec des yeux apeurés.
    « Tu es là en visite ?

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