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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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puis se
reposèrent.
    « Je ne peux pas t’inviter à dîner, mes
placards sont vides.
    — Et si on sortait faire une virée à
cheval ? Je pourrais te payer à manger en ville avant de me remettre en
route. »
    Miller sortit sa jument du paddock et la sella
pendant que Jesse attendait sur son hongre, environné par la nuit. Puis ils
mirent le cap à l’ouest au petit trot, tressautant sur leurs selles jusqu’à ce
que leurs montures finissent par adopter un amble gracieux, puis par retrouver
le pas. Un fermier avec un râteau à foin reconnut Ed Miller et le salua de la
main. Jesse fit un écart sur la droite pour que l’homme n’aperçût pas son
visage.
    « C’est vraiment un mois que j’adore, octobre »,
lâcha Jesse. Puis quelques minutes plus tard, il ajouta : « Ta jument
boite de la patte droite. Il se pourrait que ce soit une molette. »
    Miller ne trouva rien à répondre. Jesse fit
mine d’avoir un problème avec la sangle de sa selle et ralentit.
    « Passe devant, vieux. Je te rattrape. »
    Miller se voûta sur sa selle, les yeux fixés
devant lui.
    Jesse sortit en douceur son pistolet de l’étui
en cuir attaché à sa cuisse gauche et demeura songeur une seconde ou deux avant
de lancer son cheval en avant.
    « Tu devrais apprendre à mieux mentir »,
fit-il avec colère à Ed Miller lorsqu’il fut sur lui.
    Miller stoppa sa monture, mais il ne put
apparemment se résoudre à porter une main à son revolver avant d’avoir fait
volte-face. Jesse actionna le chien de son arme, la balle frappa Miller à la
joue, sa tête se déjeta et il tomba lourdement de sa jument.
    Jesse fendit la fumée et contempla le corps
sans vie de Miller dont la bouche et les yeux ouverts exprimaient le
saisissement. Il descendit de son cheval et remorqua le cadavre par les pieds
jusqu’à un boqueteau d’ormes et de sumacs en laissant derrière lui une traînée
d’herbes aplaties et un sillon dans les feuilles.
    On découvrit la jument deux jours plus tard, en
train de paître dans son enclos, la selle presque à l’envers, sur le ventre, quartiers
et étriers paresseusement déployés, telles les ailes d’un oiseau. Ed Miller ne
fut retrouvé que des semaines plus tard ; tout ce que le coroner put alors
conclure fut qu’il s’agissait du cadavre d’un homme qui n’avait pas encore
atteint l’âge mûr, car ne subsistait plus de lui qu’un squelette aux dents
jaunes, picoré par les oiseaux, coiffé d’un écheveau de cheveux noirs, aux
vêtements déformés par la pluie.
    Jesse disparut.
    Dick Liddil vendit
son cheval dans le Kentucky et prit le train pour Kansas City, où il passa les
mois d’octobre et de novembre dans l’appartement de Mattie Collins, sa « régulière ».
Ils s’étaient rencontrés dans un tribunal à l’occasion d’un
contre-interrogatoire mené par un procureur. Mattie, qui avait tué son
beau-frère, Jonathan Dark, parce qu’il battait sa femme, avait si bien plaidé
sa cause que son acte avait été jugé justifiable. Dick venait d’être libéré sur
parole du pénitencier du Missouri où il avait été incarcéré pour vol de chevaux
et où il s’était pris d’intérêt pour les manipulations juridiques. Mattie
Collins lui avait fait l’effet d’une jeune femme maligne, habile, avisée et
quand elle avait quitté la barre, il s’était penché vers elle au passage et lui
avait murmuré : « J’admire votre courage. » Quelques semaines
plus tard, ils étaient en couple. Leur union avait cependant été plus
tumultueuse qu’heureuse, Dick se séparant périodiquement de Mattie, puis lui
revenant, comme en ce mois d’octobre là, chargé d’un nouveau forfait, accablé d’angoisses,
porteur de promesses de fidélité. Il mentit à Mattie au sujet des deux mois
précédents ; elle réagit avec irascibilité, fit brûler une tourte à la
viande et lui jeta de la soupe d’asperge à la figure ; elle stigmatisa
avec froideur les défauts de Dick, sa cruauté, son incapacité à aimer, l’accusa
d’avoir fait de sa vie un naufrage ; vers minuit, elle se compromettait de
nouveau avec lui.
    Dick occupa ses journées à dormir et à jouer
au billard ou au poker. Mattie l’emmenait faire des courses et, en l’espace d’un
mois, se fit acheter un chapeau noir à voilette, une boîte à pilules en écaille
d’huître, un ensemble de huit napperons en damas et des gants blancs ornés de quatre
boutons en perle au voisinage du coude. Liddil

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