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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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en partie du fait de ce lien que les frères Ford
avaient été admis dans la bande. Et c’était chez Bill Ford, qui possédait une
ferme aux alentours de Kearney, que Cummins s’était retiré après l’embuscade de
Blue Cut, avant de quitter l’État pour goûter aux plaisirs des sources chaudes
de l’Arkansas.
    Il était déjà parti quand Jesse et Dick
arrivèrent, fin novembre, chez les Ford. Bill Ford était dans les prés, où il
soignait ses moutons. Son fils, Albert, tapi derrière l’une des hautes fenêtres
du séjour, détailla les deux visiteurs qui descendaient de selle devant la
clôture de rondins. Puis le rideau glissa de l’épaule du garçon et la porte d’entrée
grippée en acajou s’ouvrit en grinçant.
    Albert était un bel adolescent de quatorze ans
qui avait des airs d’enfant de chœur – ses joues se creusaient de fossettes
quand il souriait et ses yeux avaient quelque chose de polisson. Il portait un
pantalon noir dont le bas des jambes s’ourlait de paille et de boue, ainsi qu’un
pull-over mangé aux coudes. L’adolescent salua les deux étrangers, mais ne
reçut pas de réponse avant que Jesse eût achevé sa reconnaissance de la cour, puis
grimpé les marches de la véranda avec gravité. Derrière Albert, Dick apercevait
la cuisine, où Mrs Ford et sa fille, Fanny, touillaient des vêtements dans
un chaudron de lessive fumante. Jesse jeta un coup d’œil aux autres pièces.
    « Vous êtes des amis de mon père ? s’informa
Albert auprès de Dick. Parce que si c’est le cas, il n’est pas là, mais si vous
voulez vous asseoir un moment et profiter de notre hospitalité jusqu’à son
retour, n’hésitez pas.
    — Nous sommes des amis de Jim Cummins, annonça
Jesse en faisant rouler un cigare entre ses lèvres.
    — Ah. »
    Albert avait été entraîné par son oncle Jim à
répondre aux questions d’un shérif. L’adolescent vieillit de trente ans d’un
coup et se renfrogna.
    « Il est parti en août, mais il n’a pas
dit où.
    — Matt Collins, se présenta Dick en
tendant la main à l’adolescent.
    — Très heureux de vous rencontrer. »
    Jesse s’approcha du garçon et lui serra la
main.
    « Dick Turpin.
    — Enchanté de faire votre connaissance. »
    Jesse sourit, son cigare entre les dents, et
broya les phalanges d’Albert, laissant la poignée de main se prolonger jusqu’à
ce qu’Albert grimaçât. L’adolescent était sur le point de crier quand Jesse lui
plaqua la main gauche sur la bouche et l’entraîna dans la cour tandis que Dick
refermait sans bruit la porte d’entrée.
    Jesse conduisit sans ménagement le garçon vers
la grange rouge, le propulsant au passage contre un peuplier, ce qui coupa le
souffle à Albert et lui mit les larmes aux yeux. Dick les suivit d’un pas
traînant, l’air craintif et honteux, en se retournant plusieurs fois pour
souffler sur ses doigts rougis et inspecter le chemin.
    Une fois derrière la grange, Jesse pivota sur
lui-même et projeta l’adolescent sur le sol, puis lui posa l’une de ses bottes
en travers de la gorge.
    « Pas un cri, ordonna-t-il. Pas un mot, sauf
pour me dire où je peux trouver Jim Cummins. Matt, braque ton six-coups sur le
gosse.
    — Merde, Jesse, ce n’est qu’un gamin ! »
    Jesse foudroya Dick du regard pour avoir
révélé son nom, puis reporta son attention sur Albert qui suffoquait.
    « Il sait où se cache son oncle Jim et ça
va vite le faire grandir. »
    Le garçon secoua la tête et se débattit en
donnant des coups de pied.
    « Peut-être qu’il n’en sait rien, avança
Dick.
    — Il sait, lui opposa Jesse en se
laissant tomber à genoux sur les biceps de l’adolescent.
    — Aïe ! » geignit Albert.
    Jesse lui écrasa la bouche de la main gauche
avec une telle force que plus tard, quatre bleus gros comme des pièces de
monnaie s’épanouirent sur sa joue.
    « Des fois, il faut demander à plusieurs
reprises, professa Jesse. Des fois, les enfants ne se rappellent pas tout de
suite et ensuite ça leur revient. »
    Il tordit l’oreille du garçon comme la clef d’une
horloge mécanique et les yeux d’Albert s’écarquillèrent de douleur, son corps
se convulsa brutalement, ses bottes battirent la terre.
    « Dis-moi juste où est ton oncle Jim, c’est
tout ! Où est-ce qu’il a filé ? Où est-ce qu’il se planque ? »
    L’adolescent s’empourpra et les coups qu’il
faisait pleuvoir sur Jesse s’amoindrirent sous l’effet de

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