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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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passa sous le lustre du
hall et sortit de l’hôtel, avant de quitter la ville sur un cheval sellé et
approvisionné qui avait été attaché à côté de la statue d’Indien d’un magasin
de tabac. La trace de Wood Hite se perd ensuite au cours de sa poursuite
torpide de Dick Liddil – jusqu’en décembre, où le cousin des James qui portait
le second prénom de Jesse fut entrevu dans le Missouri.
    Wood avait chevauché durant toute la nuit de
samedi à dimanche, les yeux fermés, dodelinant, à moitié assoupi, emmitouflé
dans un manteau en poil de chèvre qui avait été blanc et dans un long cache-nez
bleu, le poignet gauche ficelé au pommeau de sa selle afin de ne pas chuter. Son
visage couleur brique était brûlé par le vent, sa moustache perlée et sertie de
glace. Son pantalon et ses manches étaient raides comme des planches à cause de
la neige, son nez crevassé par le froid et de temps à autre des flocons lui
cinglaient la cornée. Il avait atteint Richmond avant six heures, s’était
réchauffé les joues, les oreilles et le postérieur auprès du poêle d’un
aiguilleur de chemin de fer, puis avait pris la direction de la ferme de Mrs Bolton.
Il y avait trouvé Elias Ford près de l’auge à maïs, en train de cornaquer les
bêtes jusqu’au fourrage ensilé qu’il avait épandu sur la neige. Elias faisait
la leçon aux animaux, mais le vent n’avait que faire de ses paroles et
dispersait les plumets de condensation grise qui s’échappaient de sa bouche. À
la vue de Wood, Elias resta un instant interloqué, car il crut que c’était
Frank qui le toisait sur le chemin tant la ressemblance entre les deux cousins
était prononcée, même sans la pénombre trompeuse. Elias leva un bras en guise
de salut et invita Wood à ne pas s’exposer plus longtemps au froid en désignant
tour à tour les écuries, puis la ferme.
    Wood guida son cheval jusqu’à une stalle, jeta
une couverture marron dévorée par les mites sur l’animal et lui colla un seau
en fer-blanc rempli d’avoine sous le nez pour l’induire à s’intéresser à la
luzerne. Puis il accompagna Wilbur qui se dirigeait vers la cuisine, chargé d’un
bidon de lait, la démarche vacillante, et introduisit une moufle dans la
seconde anse du bidon afin d’aider à sa manutention.
    « Comment ça se fait que ce soit toi qui
te coltines toutes les corvées, cria-t-il à Wilbur par-dessus le vent glacial.
    — Charley et Bob payent plus cher à
Martha pour y couper !
    — C’est pas pour autant que ça me semble
juste !
    — Eh ben… », commença Wilbur, avant
d’oublier quelle était leur excuse. Il s’apitoya sur son sort l’espace de
quelques secondes, puis reprit en beuglant : « Tu sais comment j’ai
su que c’était toi ? Parce que tu n’avais qu’un six-coups, alors que les
autres en ont deux ! »
    Wood ouvrit la contre-porte pour Wilbur, qui
déposa le bidon en le faisant tinter.
    « Si j’étais toi, je me moucherais le nez,
recommanda Wilbur. C’est pas beau à voir. »
    Martha aplatit une boule de pâte à pain sur
une planche farinée et la pétrit des deux mains. Une cuillère en bois à la main,
Ida remuait en bâillant du porridge qui bouillait dans de l’eau sur le fourneau.
Wilbur s’installa à califourchon sur une chaise et souffla sur ses mains. Wood
ôta ses moufles et les laissa pendre au bout de ses manches par des attaches
comme un enfant. L’ombre portée de Martha bondit et vacilla sur le mur quand
quelqu’un déplaça jusqu’à la table la lampe à pétrole qui était allumée sur le
manteau de la cheminée. La maîtresse de maison se retourna et vit Wood ranger
son mouchoir dans la manche de son manteau et se décongeler l’oreille droite
au-dessus de la cheminée en verre de la lampe.
    « Tiens, regardez qui voilà ! »
lança-t-elle.
    Wood tourna la tête pour dégivrer son oreille
gauche.
    « Tu arrives du Kentucky ? »
    Wood plaqua ses doigts contre le verre de la
lampe et dévisagea Martha afin de déterminer au juste ce qu’elle savait.
    « Tu veux dire que la nouvelle n’est pas
parvenue jusqu’ici ? »
    Wilbur éclaira la lanterne de sa sœur :
    « Wood et Dick ont eu un différend qui s’est
réglé à coups de flingue, il y a un mois ou deux. »
    Elias referma la porte de la cuisine derrière
lui et tapa ses bottes sur le sol.
    « Au premier coup d’œil, je t’ai pris
pour Frank James, déclara-t-il. Je me suis dit : “Mais qu’est-ce

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