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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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que Buck
fabrique ici ?” » Il se frictionna les oreilles avec ses moufles et, manifestement
toujours sous le coup de sa stupéfaction initiale, ajouta : « “Qu’est-ce
que Buck fabrique ici, alors qu’il est censé être dans l’Est ?” »
    À l’étage, Bob se réveillait, encore tout
endolori de sa nuit sur son matelas en plumes de canard. La fenêtre donnant au
nord était ouverte et il faisait si froid dans la chambre qu’il exhalait des
fantômes, comme si chaque souffle était son dernier. Il transféra la flamme d’une
allumette à une chandelle sur le sol, puis se rallongea, les mains derrière la
tête, un pied hors du lit, balançant sa chaussette près de la source de chaleur,
tandis que Charley ronflait et que Dick gémissait. Au milieu des bruits du
petit-déjeuner, il entendit Martha lâcher : « Tiens, regardez qui
voilà ! » Bob contempla le plafond constellé de taches brunâtres d’araignées
écrasées et se mit à spéculer sur les femmes et l’argent. Soudain la voix de
Wood se mêla à la conversation dans la cuisine.
    Bob se rua alors hors de son lit et s’accroupit
près de la porte entrebâillée. Elias prononça quelques paroles que Bob ne
saisit pas, puis Martha commanda à Ida de couvrir la casserole. Il entendit sa
sœur verser des grains de café dans le moulin, puis une chaise protesta comme
on la tirait sur le plancher.
    « Pour quel motif Dick et toi vous
êtes-vous accrochés ? » s’enquit sa sœur.
    Bob se précipita vers le lit de camp et plaça
une main sur le Colt Navy dissimulé sous l’oreiller avant de chuchoter d’une
voix insistante : « Dick ! »
    Liddil chercha aussitôt à tâtons son arme sous
l’oreiller, se rendit compte qu’elle était immobilisée, puis avisa au-dessus de
lui Bob dont les cheveux brun roux étaient pleins d’épis et les yeux cernés de
vert sous l’effet du manque de sommeil et de l’appréhension.
    « Wood Hite est en bas », annonça-t-il.
    Dick s’appuya sur son coude droit et Bob
retira la main du Colt. Tous deux écoutèrent Wood accuser une fois de plus Dick
d’avoir volé cent dollars sur le butin de Blue Cut – peut-être l’avait-il si
souvent rabâché qu’il était désormais convaincu que c’était bel et bien la
cause de sa vindicte. Martha moulina le café et Wood affirma qu’il était sur la
route depuis octobre. Il ne fit aucune allusion à Sarah, à John Tabor ou sa
récente arrestation pour meurtre. Dick et Bob entendirent Martha s’exclamer :
    « Ida ! Bonté divine, ne trempe pas
ton pouce dans le lait quand tu l’écrèmes !
    — Dick m’a rapporté une version
complètement différente de votre altercation », intervint Wilbur.
    Un bruit de chaise grinçant sur le parquet s’éleva
jusqu’à Bob et Dick.
    « Tu veux dire qu’il est là ? s’écria
Wood.
    — Il est arrivé tard hier soir. »
    Dick arma son revolver et le cacha sous les
cinq couvertures en laine du lit de camp.
    « Je vais faire le mort », fit-il à
Bob, qui s’écarta et se blottit près de la table de chevet qui séparait les
lits jumeaux.
    Elias exhorta Wood à se calmer et Martha l’avertit :
« Ne faites pas d’esclandre là-haut, tous les deux. Le petit-déjeuner est
presque prêt. »
    Bob sortit un revolver chargé de l’étui de
Charley et se ramassa sur lui-même, pantelant, tandis que Wood gravissait l’escalier
avec fracas. Wood ouvrit du pied la porte de la chambre qui claqua contre le
mur ; du plâtre dégringola sous l’impact de la poignée et Charley se
redressa en sursaut. Wood fit irruption dans la chambre dans ses hautes bottes
noires et son manteau à longs poils, un Peacemaker bleuté pointé sur la
moustache blonde torsadée de Dick. Wood expédia un coup de botte dans le lit de
camp, qui décolla du sol de trois centimètres.
    « Espèce de sac de gerbe visqueux, viens
régler ça dehors ! » rugit-il.
    Les yeux de Dick papillotèrent, puis une
déflagration boursoufla les couvertures et la balle de Dick perfora la porte de
la chambre. Wood esquiva le tir en se jetant de côté, reprit son équilibre et
fit feu sur Dick une première fois, disséminant des plumes d’oreiller alentour,
puis une seconde, alors que Dick roulait du matelas, trop bas, stoppant net une
pantoufle qui tournicotait sur elle-même.
    Les détonations assourdirent Bob jusque dans l’après-midi
et un sifflement aigu persista dans ses oreilles pendant plusieurs jours. Il ne
comprit

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