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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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donc pas ce que hurlaient Dick, Wood ou Charley, les discernant à peine
à cause de la fumée de revolver qui filtrait de l’amoncellement de couvertures
et flottait à travers la pièce en nuages volages. Il se pelotonna contre son
lit et arma le chien de son revolver, trop terrifié pour trembler, déglutir ou
cligner des yeux, bien que la fumée les lui brûlât. Il établit des règles, les
modifia – si Wood lui tirait dessus, Bob le tuerait ; si Wood descendait
Dick, Bob le tuerait ; si Wood braquait seulement son pistolet sur lui, Bob
n’aurait à l’évidence d’autre choix que de le tuer ; si Wood lui lançait
un regard, Bob le tuerait – jusqu’à ce que ne s’offrît plus à lui d’autre
possibilité que d’abattre Wood, et de l’abattre au plus vite.
    Dick bondit vers la coiffeuse, rata à nouveau
Wood et son tir déchira un calendrier. Charley fusa hors de son lit, se rua
vers la fenêtre à guillotine et s’efforça de se faufiler sous le châssis en
gigotant. Wood lui tira dessus, mais le manqua ; Bob faillit alors loger
une balle dans le cou de Wood, mais il eut des scrupules. Charley dévala les
bardeaux de l’avant-toit en roulant et s’étala pesamment dans une congère trois
mètres et demi plus bas.
    Voyant Wood inconsidérément tourné vers
Charley, Dick visa le cœur de son agresseur, dont le bras droit tressaillit
comme si quelque épouse acariâtre s’y fût suspendue. Du sang s’épanouit sur la
manche au milieu des poils de chèvre ; Wood massa un court instant son
membre blessé de la main gauche, puis se baissa au-dessous de la fumée et
distingua Dick, assis sur le fond de culotte de sa combinaison rouge, qui
reculait en se trémoussant vers le recoin adjacent à la porte du placard. Wood
dirigea son Peacemaker vers l’entrejambe du joli cœur, mais sa blessure et le
poids du pistolet le handicapèrent et la balle s’égara dans la cuisse de Dick. Du
sang gicla sur le plancher et les draps et Dick se contorsionna de douleur. Il
leva cependant de nouveau son Colt Navy tandis que Wood se réfugiait en
titubant dans le couloir et jetait un coup d’œil dans la pièce. Le chien du
Colt de Dick rencontra une chambre vide, Wood empoigna son pistolet de la main
gauche, aligna le cran de mire et le guidon en plissant les yeux et, délibérément,
mais sans préméditation aucune, Bob Ford abattit Woodson Hite.
    Un bouton de chairs rouges s’épanouit juste à
droite du sourcil de Wood et lui coupa net tout élan. Un spasme parcourut les
muscles du poignet et du bras de Bob quand le revolver se cabra, le crâne de
Wood fut déporté de côté et Wood s’écroula à genoux tandis que ses yeux marron
se voilaient et que la raison le quittait, un filet de sang dégoulina sur son
cache-nez bleu ; enfin le cousin de Jesse s’effondra sur le flanc gauche
et une secousse ébranla toute la pièce lorsque sa joue heurta les planches avec
un bruit mouillé.
    Bob voulut se mettre debout, mais il en fut
incapable. Dick le fixa avec stupéfaction, comme s’il venait de pousser à Bob
des bois sur la tête ou s’il s’était mis à parler en langues. Bob déposa le
pistolet sur le matelas, puis se leva et s’approcha de Wood, l’estomac chaviré,
une boule grosse comme un abricot en travers de la gorge.
    « Il a son compte ? demanda Dick.
    — Hein ? répliqua Bob en portant une
main à son oreille.
    — Il est mort ? »
    Bob poussa du bout du pied le corps de Wood, dont
le bras droit estropié glissa le long de son manteau en vrac. La poitrine de
Wood se gonfla, puis s’affaissa lentement avant de se dilater à nouveau. Une
flaque de sang large comme une vasque pour oiseaux se répandait sous sa tête.
    « Il respire encore, mais à mon avis, il
n’en a plus pour longtemps. »
    Dick prit sa cuisse entre ses mains et la
comprima, puis essuya sur ses épaules les larmes massées au coin de ses yeux.
    « Hisse ma jambe sur le lit, histoire que
je ne me vide pas de tout mon raisiné », enjoignit-il à Bob.
    Bob attrapa la cheville de Dick, qui serra les
mâchoires, puis s’affala en arrière avec un gémissement une fois son pied sur
le lit. Bob souffla la chandelle posée sur le sol, sortit dans le couloir et
échangea un regard avec Elias et Martha qui attendaient au pied de l’escalier.
    « Vous feriez bien de monter si vous
voulez lui faire vos adieux avant son dernier voyage. »
    Bob observa le sang de Wood qui s’insinuait
dans les rainures du plancher

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