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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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Albert. »
    Les yeux de Jesse flamboyèrent avec une telle
ardeur que Bob faillit détourner le regard comme face au soleil, mais le
brasier s’éteignit en un instant.
    « J’étais venu pour demander à l’un des
deux hors-la-loi du clan Ford de m’accompagner en virée, exposa-t-il. Je crois
que nous sommes tous d’accord, il vaut mieux que ce soit Charley. Tu as été
plutôt irascible, ce soir. »
    Bob pâlit, mais ne dit rien. Il contourna la
botte de Jesse qui lui barrait le passage, gravit d’un pas calme l’escalier qui
menait à sa chambre et referma soigneusement la porte. Dick entrebâilla le
placard du bout du pied et fixa Bob de dessous son amoncellement de froufrous
féminins.
    « Si tu veux mon avis, c’était vraiment
stupide », dit-il.
    Bob se plaqua une main sur la bouche et se
laissa glisser jusqu’au sol le long du mur tapissé de journaux.
    Jesse et Charley
partirent aux environs de neuf heures, en direction de l’ouest, et, au bout d’une
trentaine de kilomètres dans le froid, choisirent de passer la nuit sous le
toit de la maison trapue et délabrée des Samuels, au risque se faire repérer
par des enquêteurs de Pinkerton.
    Un chien sommeillait devant la cheminée de la
cuisine, un abécédaire illustrant divers points de broderie était suspendu à un
mur et la hauteur sous plafond n’était que de deux mètres dix.
    Des ronflements provenaient des chambres.
Mrs Zerelda Samuels trônait sans bouger dans un rocking-chair tandis que
Jesse buvait à petites gorgées le chocolat chaud qu’elle lui avait préparé. C’était
une bonne femme énorme, hommasse, marquée, aux brusques sautes d’humeur et aux
allures de sorcière. La manche de sa robe de chambre pendillait au niveau de
son poignet droit, à l’endroit où sa main avait été sectionnée, ses cheveux
détachés se déployaient en une large crinière blanche et elle avait pour
habitude de retrousser ses lèvres sur ses gencives violettes qui ne comptaient
plus qu’une vingtaine de dents.
    « Tu t’appelles Charley Ford, articula-t-elle.
    — Oui, m’dame. Vous m’avez vu une ou deux
fois avec Johnny.
    — Mais tu n’as pas le même âge que mon
fils.
    — Non, ça, c’est mon frère Bob.
    — Tu souffres de consomption ou tu ne te
nourris pas assez ? »
    Charley haussa les épaules et adressa un
regard embarrassé à Jesse.
    « En fait, je crois que je suis juste
maigrichon. »
    Elle se massa l’avant-bras droit et déclara à
Jesse :
    « J’ai reçu une lettre de George Hite. Wood
a complètement disparu de la circulation. »
    Jesse lorgna Charley.
    « Et tu dis que tu ne l’as pas vu ?
    — Aucune idée d’où il pourrait être. »
    Zerelda se leva de son fauteuil à bascule.
    « Je ferais mieux d’aller pioncer. Je
dois être debout à pied d’œuvre à six heures. »
    Après le départ de sa mère, Jesse s’allongea
sur un lit de camp situé sous une fenêtre grande comme un homme. Charley borda
un canapé rose avec sa couverture et, à peine eut-il achevé ses prières qu’il s’endormit.
Il se réveilla toutefois vers quatre heures du matin et découvrit Jesse assis
sur une chaise Reine Anne éreintée, en train de se gratter la plante du pied à
travers sa chaussette d’un air absent.
    « Fini de dormir ? »
    Charley se retourna sur l’autre joue.
    « Je ne cracherais pas sur une heure ou
deux de plus, si ça ne te dérange pas. Je ne suis bon à rien si je n’ai pas mes
cinq heures. Je me prends les murs et les clôtures.
    — J’ai débattu en mon for intérieur pour
déterminer si je devais te parler de ça ou non. Mon bon côté l’a emporté et
maintenant, j’aimerais soulager ma conscience.
    — Le seul inconvénient, c’est que là, je
suis dans le cirage. »
    Jesse s’avança vers le canapé et s’installa si
près de son occupant que son genou empiéta sur la jambe de Charley, qui l’écarta
aussitôt. Jesse sentait les oignons et le camphre.
    « Tu m’entends, quand je murmure aussi
bas ? s’assura-t-il.
    — À peine, répondit Charley.
    — Tu savais que j’étais allé dans le
Kentucky ?
    — Oui.
    — Là, c’est en octobre, que je te parle. Je
reviens par le comté de Saline et je me dis : “Tiens, pourquoi je ne m’arrêterais
pas chez Ed Miller ?” Donc c’est ce que je fais et, là, je n’aime pas du
tout ce que je vois. Ed est tout nerveux et je sens qu’il ment comme un
arracheur de dents. “Assez, assez !” que je

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