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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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me dis, et je lui fais : “Amène-toi,
Ed, on va faire une virée à cheval.” Tu vois où je veux en venir ?
    — Faire une virée à cheval, ça veut dire
lui faire sa fête.
    — Exactement. Bref, Ed et Jesse se sont
disputés en route, les choses se sont envenimées et Jesse a abattu Ed.
    — Jesse a abattu Ed.
    — Tout juste.
    — Toi. »
    Jesse tapota le genou de Charley avec
condescendance et se remit debout.
    « Donc tu vois, ton cousin s’en est bien
sorti. Je faisais simplement mumuse avec Albert.
    — Moi aussi, je l’ai fait chialer une ou
deux fois. Je n’y suis simplement pas allé aussi à fond que toi.
    — Et toi, tu as une confidence à me faire,
maintenant ? »
    Charley masqua sa frayeur derrière l’incompréhension.
    « Je ne vois pas ce que tu veux dire.
    — Si tu as quelque chose à avouer en
retour, il me semble que ce serait le moment approprié pour cracher le morceau.
    — Il n’y a rien qui me vient à l’esprit.
    — Au sujet de Wood Hite, par exemple.
    — Je n’arrête pas de te le répéter :
je n’ai aucune idée d’où il a bien pu passer. Je ne vais pas changer de refrain
rien que pour avoir quelque chose à déballer.
    — Pourquoi est-ce que ton frangin était
aussi agité ?
    — Lequel ?
    — Bob.
    — C’est comme ça qu’il est. Il ne tient
pas en place. »
    Le chien gémit dans la cuisine ; Jesse se
rassit sur la chaise Reine Anne.
    « Tu peux te rendormir, va.
    — C’est moi qui suis tout agité, maintenant !
    — Pas moyen d’avoir la paix quand Jesse
est dans les parages ! Tu devrais plaindre ma pauvre femme.
    — Ed Miller était un bon ami à moi. C’est
lui qui m’a présenté à toi lors de cette partie de poker. Je suis un chouïa en
colère contre toi, si tu veux la vérité vraie. »
    Jesse croisa les chevilles, ferma les yeux et
enfonça les mains dans ses poches.
    « Moi aussi, tu devrais me plaindre. »
    Ils se levèrent à la
même heure que le cuisinier noir, mais ne restèrent pas pour le petit-déjeuner.
Jesse écuma le poulailler jusqu’à ce qu’il y eût déniché trois œufs bruns, qu’il
brandit entre ses doigts. Il les décapita avec son canif, but les jaunes en se
répandant de l’albumen sur le menton et en offrit un à Charley. Celui-ci refusa
de la tête.
    « Je peux me dispenser de petit-déjeuner.
Je mangerai quelque chose en route.
    — C’est une sacrée trotte.
    — On ne va pas à Kansas City ?
    — J’ai encore déménagé – pour… San Jose !
    — ‘Connais pas.
    — Saint Joseph.
    — Ah ! »
    Il était tard dans l’après-midi quand ils
parvinrent à destination, mais bien que leurs chevaux eussent la bouche irritée
par le mors, Jesse et Charley les forcèrent à adopter un pas paisible afin que
Charley pût admirer les merveilles de cette métropole de trente-quatre mille
âmes. Jesse réserva pour la fin les splendeurs du grandiose World Hotel, un
immeuble de brique rouge dans lequel des grooms poussaient d’une chambre à l’autre
des malles en bois montées sur roulettes qui contenaient des baignoires ; dans
lequel des lampes à gaz éclairaient les couloirs toute la nuit durant ; et
dans lequel un sanatorium pour épileptiques dirigé par le Dr George Richmond, l’inventeur
d’un élixir connu sous le nom de « Tonique samaritain », occupait un
étage entier.
    Charley faillit bien ne pas s’en remettre.
    « Il doit y avoir des trucs à voir
partout où que tu regardes ! s’extasia-t-il.
    — Il faut s’y habituer, il n’y a pas à le
nier. »
    Les commerces fermaient et, de droite et de
gauche, des jeunes filles vêtues de longs manteaux en laine filaient se mettre
à l’abri de la froidure nocturne tandis que Jesse et Charley longeaient la
Vingt-et-unième Rue en direction du sud et de Lafayette Street, où Jesse avait
loué un pavillon en novembre. C’était une maison blanche banale, sise à un coin
de rue, ombragée par une large véranda enveloppante qui s’en détachait comme la
visière d’une casquette. Comme le terrain était petit, ils laissèrent leurs
chevaux dans une écurie de louage et sur le trajet du retour, Jesse mit Charley
au fait de l’identité qu’il s’était créée. Il figurait dans l’annuaire de la
ville sous le nom de Thomas Howard. Comme il était censé être négociant en
bétail, il mettait un point d’honneur à faire au moins une apparition par
semaine aux parcs à bestiaux de Saint Joseph, où il

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