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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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comté de Clay
depuis dix-huit cent soixante-dix-huit, poursuivit l’homme. J’ai une situation
plutôt en vue. »
    Dick ne releva pas la tête, mais expédia un
coup de pied rageur dans le tibia de Bob, qui réprima une exclamation de
douleur.
    L’homme se leva de quelques centimètres sur sa
chaise et serra la main inerte de Bob.
    « James R. Timberlake, se présenta-t-il.
    — Enchanté, répliqua Bob en glissant sa
main broyée sous sa cuisse lorsqu’il se rassit.
    — Et à qui ai-je l’honneur ?
    — Bob. »
    Le shérif interrogea du regard Dick, qui
répondit sans lever les yeux de son café :
    « Charles Siderwood. Je suis ici en
visite et… À vrai dire, il n’y a pas de “et”, je suis simplement ici en visite. »
    Il but une grande rasade de café comme s’il
était soudain assoiffé. Timberlake humecta son pouce sur sa lèvre inférieure et
feuilleta son cahier, tel un bibliothécaire jusqu’à ce qu’il retrouvât la
description désirée.
    « Robert Newton Ford. Né le trente et un
janvier dix-huit cent soixante-deux. Résidence actuelle : l’ancienne ferme
des Harbison. Célibataire, taille et poids moyen, cheveux bruns, glabre. Profession
inconnue. Aucune arrestation antérieure. » Il eut un bref sourire, puis
passa en revue plusieurs pages de son cahier avant d’en lisser une vierge avec
le tranchant de sa main. « Charles Siderwood, c’est ça ? »
    Dick le regarda par en dessous. Timberlake
nota le nom.
    « J’ai toujours voulu qu’on écrive un
livre sur moi », fanfaronna Bob.
    Timberlake se pencha vers lui de toute sa
masse par-dessus la table.
    « Vous croyez que je m’intéresse à vous
deux, à qui vous êtes et qui vous n’êtes pas ? Ce sont les frères James
que je veux. Ça fait depuis dix-huit cent soixante-seize que je suis après eux
et je jure que je les coincerai. »
    Il recula légèrement et tâcha de mettre de l’ordre
dans ses pensées ; un homme d’affaires rondelet pénétra dans le café et épousseta
la neige qu’il avait sur le pantalon en faisant tout un plat du froid.
    « Mollie, coupe-moi donc une part de ta
délicieuse tarte aux pommes », lança-t-il.
    Mollie répondit qu’elle avait vendu jusqu’à la
dernière miette.
    « Alors, donne-moi un morceau de ton
succulent gâteau au chocolat, histoire que je ne dépérisse pas », rétorqua-t-il
en adressant un clin d’œil complice à Bob.
    Timberlake se roula une cigarette et frotta
une allumette sur la tasse de Dick. Il reçut de la fumée dans les yeux et cilla,
puis reprit :
    « Vous avez eu vent de la proclamation du
gouverneur ? »
    Dick accorda sa pleine et entière attention à
Timberlake, mais Bob repoussa sa chaise de la table et déclara :
    « Tout ça est très intéressant, mais si
vous voulez bien m’excuser, je vais aller me commander une tranche de ce fameux
gâteau au chocolat dont j’ai entendu dire tant de bien.
    — Rassois-toi. »
    Timberlake ôta un brin de tabac de sa langue, le
jeta par terre entre ses bottes d’une pichenette et s’essuya les doigts sur la
nappe. Puis il déboutonna sa chemise de drap fin et en sortit une feuille de
papier-parchemin pliée en quatre dont les coins étaient déchirés. Il la fit
glisser à Dick et Bob déposa sa tourte au pigeon froide sur une table voisine.
    Dick parcourut le document comme, s’imaginait-il,
un avocat eût pu le faire, avec concentration, une bonne dose de dédain et des
hochements de tête sporadiques.
    « Il est question de Glendale et des
malfaiteurs qui se seraient associés et auraient comploté en vue de dérober le
chargement du train. Ensuite il est fait mention de l’affaire de Winston, l’été
dernier, ainsi que du “meurtre du dénommé William Westfall, tué par les
malfaiteurs à l’occasion de l’attaque à main armée susdite”, etc. Tada-tadada… “Je,
soussigné Thomas T. Crittenden, gouverneur de l’État du Missouri, offre par la
présente une récompense de cinq mille dollars…” » Il regarda tour à tour
Bob, puis le shérif Timberlake, qui se balançait en arrière sur sa chaise
contre le rebord de la fenêtre et continua à fumer placidement sans faire de
commentaire. « “Pour l’arrestation et la remise au shérif du comté de
Daviess de l’un ou l’autre desdits Frank James et Jesse W. James, j’offre par
la présente une récompense de cinq mille dollars, ainsi que cinq mille dollars
supplémentaires pour la condamnation de ces derniers

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