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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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châle et s’assit sur la chaise pour se détendre les pieds
dans le baquet.
    « Et maintenant, tu es persuadé qu’il en
va autrement. Peut-être que c’est justement ce que je voulais.
    — Je blague, c’est tout – tu le comprends
bien. Je n’oserais jamais me moquer ni te contrarier. »
    Jesse se pencha en avant sous la serviette et
remua les pieds dans le baquet comme s’il eût été à nouveau seul, absorbé dans
ses méditations.
    « Je ne pige pas, marmonna-t-il. Est-ce
que tu veux être comme moi ou bien carrément être moi ? »
    Pour le jour de l’an,
Bob et Wilbur se rendirent à une soirée de réveillon à Greenville. Comme il
faisait trop froid pour utiliser la grange, George Rhodus, leur hôte, avait
déplacé et empilé son mobilier colonial contre le mur nord, roulé le tapis bleu
et engagé un quatuor à cordes afin que ses invités pussent danser dans la salle
à manger au son de valses de Vienne, à moins qu’ils ne préférassent converser
autour d’un bac galvanisé rempli de cidre chaud et de quartiers de pommes aux
épices. Bob et Wilbur, nichés dans un coin, échangèrent des civilités avec tous
ceux qui s’approchaient d’eux, mais hormis quelques saluts ou signes de tête
intermittents, ils se bornèrent pour l’essentiel à siroter leur cidre avec des
airs fuyants.
    Puis Johnny Samuels, le demi-frère de Jesse, débarqua
sans être invité, en compagnie de deux grossiers compères qui plombèrent l’ambiance.
John était le plus avenant des fils de Zerelda ; d’après les documents, c’était
un jeune homme gracieux à la luxuriante chevelure brun doré, aux yeux bleu
clair et au teint de jeune fille, qui arborait une barbe et une moustache
soyeuses et bien peignées – un auteur allant même jusqu’à comparer sa beauté à
celle du « visage calme et bienveillant de Celui qui est mort sur le
calvaire il y a près de deux mille ans », tel qu’il était représenté dans
les tableaux flamands.
    Il se dirigea discrètement vers Bob et Wilbur
et leur demanda : « Vous avez vu Dave, tous les deux ?
    — Il a fait un saut à Noël, mais il est
reparti avec Charley dès le lendemain », répondit Bob.
    C’était manifestement tout ce que désirait
savoir Johnny. Il trempa une boîte métallique qui avait autrefois contenu des
abricots dans le cidre et rejoignit l’un de ses compagnons qui avait une
cicatrice en travers d’un œil et qui corsa le cidre de Johnny avec de l’alcool
de grain. Mr Rhodus décocha aux voyous un regard signifiant « Pas de
ça chez moi », qui n’enraya cependant en rien leur « beuverie »,
ainsi que l’appela plus tard l’un des invités, et vers minuit, George Rhodus, aidé
par deux de ses colosses de fils, escortèrent dehors dans le froid un Johnny
Samuels gigotant qui tentait de se dégager.
    « J’en ai soupé de toi, mon bonhomme, l’admonesta
Rhodus. J’en ai ras-le-bol ! Je me fiche de qui sont tes frères ! »
    Bob entendit Johnny vociférer : « Reviens
ici, Rhodus ! Rhodus, espèce de lâche ! Reviens ici qu’on règle ça ! »
    Wilbur écarta un rideau et Bob entrevit Johnny
qui crachait sur l’allée en briques déneigée tandis que ses deux amis
enfonçaient leurs mains dans des moufles en laine et s’éloignaient en titubant
à travers la cour en direction d’une longue rangée de chevaux marron. Toutefois,
Johnny Samuels n’était pas homme à abandonner si facilement. Il confectionna
une boule de neige et la lança, mais elle se désagrégea en l’air comme du sucre.
Il beugla des insultes à l’adresse de Rhodus et balança des coups de pied dans
des touffes de pivoines. Des glaçons pendaient d’une mangeoire à oiseaux, telles
les pampilles alors à la mode sur les coussins et Johnny les arracha d’un seul
geste avant de les lancer avec une telle violence contre la porte d’entrée que
les impacts rapprochés effrayèrent les dames à l’intérieur de la maison.
    « Johnny a perdu le sens de l’humour »,
fit observer Wilbur.
    Bob continua à contempler sans aucune émotion
Johnny qui soulevait des gerbes de neige avec ses hautes bottes noires et écumait
telle une caricature de son demi-frère impulsif et impétueux. La porte d’entrée
s’ouvrit, le froid s’engouffra dans la maison et Bob entendit Rhodus tonitruer :
    « Ça suffit, ce genre de comportement, John !
Tu es éméché et tu fais une colère pour rien ! Rentrez tous les trois
cuver chez vous et

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