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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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d’inculpation » contre l’homme
qui avait tiré sur le demi-frère de Jesse, de sorte que Bob se mit à
entrapercevoir des possibilités jusqu’alors insoupçonnées.
    Le 4 janvier, dans l’après-midi,
Dick Liddil prit place à bord d’un train à destination de Richmond, puis, de là,
marcha jusqu’à la ferme de Mrs Bolton dans le froid piquant. Il sentait la
neige dans l’air, mais celle-ci ne commença à s’acharner sur lui que vers neuf
heures, alors qu’il parvenait sur les terres de la propriété. Comme Martha
dormait déjà, il se joignit à Elias, Wilbur et Bob qui jouaient aux cartes pour
quelques cents le point dans la chambre en désordre attenante à l’écurie. Dick
s’assit près du poêle à foin pour leur faire un résumé des plus sélectifs de
son séjour à Kansas City et Bob eut beau lui demander de toutes les manières
imaginables s’il avait passé un accord avec le commissaire Craig, le shérif
Timberlake ou le gouverneur Crittenden, Dick s’en défendit sans faillir.
    Elias et Wilbur devant être debout avant le
lever du soleil pour s’occuper des bêtes, ils se couchèrent à onze heures, tandis
que Bob et Dick allaient s’installer autour de la table en chêne, à la cuisine,
pour discuter à voix si basse qu’ils n’eussent pas fait vaciller la flamme d’une
bougie posée à quelques centimètres de leur bouche.
    Bob donna à Dick l’impression d’être plus mûr,
plus intuitif, plus perspicace – presque comme s’il eût pris femme. Sa
maladresse et son obséquiosité avaient disparu, même si ses bonnes manières
semblaient encore artificielles et si son air de duplicité et de simulation
était encore marqué. Dick lui exposa son plan pour faire son trou dans le
milieu des courses de chevaux dans le but de posséder un jour sa propre écurie,
mais il renonça vite à divulguer ses intentions plus avant, tant il eut le
sentiment que derrière les commentaires épisodiques de Bob se cachaient des
questions acérées qui ne seraient jamais posées, des inférences que Dick avait
par mégarde encouragées ou des déductions formulées sur la base de ses
omissions. Pour finir, Bob orienta le dialogue dans une direction plus proche
de ses propres préoccupations et demanda à Dick s’il se rappelait des articles
de journaux publiés en juillet à propos de Pat Garrett et de la mort de Billy
le Kid.
    Dick ne répondit rien.
    « Tu sais quelle a été la réaction du Kansas City Journal  ? le relança Bob. Que c’était d’un shérif comme
Pat Garrett que le Missouri avait besoin, d’un homme qui “traquerait les frères
James et leurs complices jusque dans leur repaire et les abattrait sans pitié”.
    — Tu dis que c’était dans le journal ?
    — Oui ! Et je vais même te citer un
autre passage. Il était dit que l’homme qui descendrait les frères James serait
“couvert d’honneurs par les honnêtes gens de cet État et, qui plus est, richement
récompensé.” »
    Dick frotta du pouce une tache sombre en forme
de cercle sur la table en chêne.
    « Peut-être bien qu’en fin de compte j’ai
lu ça.
    — Tu te rappelles ? »
    Dick détourna le regard vers le salon. Un chat
l’observait de ses yeux jaunes. L’animal tendit le cou et se lécha la poitrine.
    « On n’est plus aussi ambitieux à mon âge,
Bob. Tu arrives à vingt-neuf ans, tu fais le point et tu te rends compte que tu
n’as jamais rien fait de bien dont tu puisses te vanter – tu oublies tes
châteaux en Espagne. J’ai fait une croix sur toutes mes illusions de grandeur. »
    Bob recula sa chaise et emporta la lampe à
pétrole au salon.
    « Souvent, certaines choses semblent
impossibles tant qu’on ne les a pas tentées », lâcha-t-il.
    Puis il plaqua une main sur l’orifice de la
cheminée en verre et étouffa la lumière.
    Prétextant un
rendez-vous chez le dentiste à Richmond dans la matinée et quelques courses à
faire ensuite, Bob quitta la ferme à l’aube le 5 janvier et prit subrepticement
le train pour Kansas City. Il but un café dans lequel il trempa des doughnuts à la cannelle et parcourut – en vain – trois quotidiens du
Missouri, à l’affût de nouvelles sur John Samuels, mais il n’y en avait que
pour Charles Guiteau : un geôlier avait laissé plus de trois cents
visiteurs « exacerber et satisfaire la vanité de l’assassin, mais aussi
assouvir leur curiosité morbide en pénétrant dans la cellule de Guiteau ».
Ce qui poussait le

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