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L'avers et le revers

L'avers et le revers

Titel: L'avers et le revers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Merle
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grand-mère l’a fait
lors qu’elle était tant jeune qu’elle ne s’en voulait marier, et m’en a causé
pour m’en faire éducation. Et d’un pitchoune point ne veux encore !
    — Moi non plus, Margot.
    De ceci jamais nous ne reparlâmes et j’eus fiance en Margot
pour la question, n’ayant moi-même aucun pouvoir dans le cours de ce destin-là.
Au demeurant, par la suite, elle se refusa à plusieurs reprises, non point que
l’envie lui manquât mais parce qu’elle devait, de ce cycle des garces dont elle
m’avait causé et dont j’ignorais tout, se trouver au moment où le risque était
grand de nous voir concevoir ce que nous ne voulions pas. Et je ne sais de
quelle lointaine observation de la nature Margot tirait cela, que sa grand-mère
lui avait transmise, ni pourquoi les autres garces semblaient tout en méconnaître,
à se trouver grosses parfois à douze ou treize ans, dès le premier contact avec
un drôlet de passage ou un trop hardi cousin.
    Sa certitude qu’il n’y aurait aucun mal non plus à effacer
le petit ange sitôt conçu me rassura, tant il est vrai aussi qu’on ne trouve
rien dans les livres saints à ce sujet et que nul commandement de Dieu ne
l’interdit. La réflexion que je m’en fis, et sur laquelle je n’ai point varié
jusqu’à ce jour d’hui, est que Dieu, qui décide de rappeler auprès de lui tant
et tant de ses enfants à la naissance, ne peut se trouver chagrin d’en
accueillir certains dès la conception, en une forme encore plus évanescente et,
par le fait, touchant bien plus au divin que nous-même.
    Il fallut bien un peu d’organisation et de quotidienne
prudence, à Margot et votre serviteur, pour nous fréquenter de si près sans que
quiconque ne le sache, pas même la Gavachette, laquelle pourtant était précoce
en ces choses du sexe, branlait en tout sens dès que le mâle s’approchait
d’elle, et faisait bien des efforts et meuvements de son joli corps pour
attirer le regard. Mais nous y parvînmes et nos rencontres furent vite une
douce habitude, encore que la passion de nos corps demeura intacte et que notre
déduit était souvent empreint d’une saine et bonne brutalité.
     
    Quand je m’en revins ce jour-là, le cœur derechef aérien et
tout de félicité, je trouvai mon maître tristeusement assis sur le banc de la
cour de Mespech en une attitude tant peu commune pour lui, pensive et
misérable, que j’en restai tout interdit. J’envisageai même – chose rare,
j’en conviens – de passer mon chemin, prétextant, si besoin en était, ne
point l’avoir aperçu céans. Mais il releva la tête à mon passage et, me faisant
un petit signe de la main, m’engagea à m’asseoir à son côtel sur le banc de
pierre, ce que je fis assez à rebelute, vu son apparente humeur qui contrastait
fort avec la mienne, mais sans le montrer comme le bon et dévoué valet que
j’étais. Mon maître ne m’en causa point pour autant et nous demeurâmes ainsi
comme deux statues d’un palais royal, silencieux pour l’éternité, lui penché en
avant en ses marmiteuses pensées, et moi le buste droit, les paumes sur les
genoux, et à la parfin, comme de néant la suite semblait pavée, repensant à la
Margot et à notre dernier ébat. J’en étais là, et si loin de mon maître en
vérité, qu’un sourire étira mes lèvres à la pensée des beaux seins de Margot,
bien ronds et bien fermes, que j’avais eu tout le loisir d’admirer et de
caresser, et ce beaucoup mieux qu’en la chambre de Sauveterre.
    — Miroul, fit soudain la voix de mon maître que j’en
sursautai presque, bien désolantes sont les nouvelles de la petite Hélix. Tu
sais le mal qui la ronge ?
    — Oui, Moussu Pierre, d’un branle de tête qui oncques
ne la quitte et que c’en est pitié de tant la voir pâtir de cela.
    — Mon père fit venir ce matin M. de Lascaux,
médecin en la ville de Sarlat, lequel est venu avec ses deux aides examiner
notre petite Hélix et opiner à son sujet.
    — Adonc, Moussu Pierre ?
    — Ce M. de Lascaux n’opine que le néant de
son ignorance tout enrobée de grandes phrases et discours savants. Il prétend
que la petite Hélix est atteinte du mal de l’épilepsie car son sang n’a pas été
purgé assez en son enfance, ayant été épargnée par petite vérole, oreillons et
rougeole.
    — Mais l’absence de maladie, chez un pitchoune,
n’est-elle pas à prendre pour signe de bonne santé ?
    — Il affirme tout le

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