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L'avers et le revers

L'avers et le revers

Titel: L'avers et le revers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Olivier Merle
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de voir l’amateur gâcher la besogne, et après
un temps d’hésitation, la posa sur le lit.
    — Ferme la porte, tu vas m’aider puisque tu es
là ! me lança-t-elle par-dessus son épaule.
    Et à ce stade, lecteur, vous conviendrez que pour l’aider il
n’y avait nul besoin de fermer la porte, et du reste, que ne l’avait-elle close
auparavant si besoin en était pour travailler en la chambre de
M. de Sauveterre ! Donc, tel qu’elle le souhaitait, avec
conscience et application, je fermai la porte, faisant semblant de croire, comme
elle, que je l’avais ouverte pour entrer.
    — D’abord, il faut plier tout ça mieux que ça
n’est ! affirma-t-elle ensuite.
    Elle étendit sur le lit les hauts et bas-de-chausses, les
chemises, les pourpoints et d’une belle adresse et savoir-faire elle pliait et
repliait en un tournemain.
    — Adonc, me dit-elle, que tu es là pour bayer aux
corneilles ou pour prêter la main ?
    La main, donc, je la prêtai puisqu’on me la demandait, mais
je dois avouer que ma coutumière habileté s’y ruinait, me trouvant plus malhabile
et ridicule qu’un noble à qui on aurait confié une faux, retournant le chiffon
en tout sens et le pliant en une affreuse boule qui me portait honte. Margot ne
me laissa pas poser cette première chemise sur le tas bien en ordre qu’elle
montait à mesure et, me poussant du coude, elle l’attrapa au vol, la
déplia – si on peut user de ce mot – et la replia derechef.
    — Grand nigaud ! Est-ce plié ce que tu me fais
là ? Ça grimpe aux murailles comme un lézard, saute par-dessus les murs,
cause avec les chiens, lance le cotel à vous transpercer le cœur, mais ça ne
sait pas même, d’une chemise et d’un pourpoint lavés, rendre la chose
présentable !
    — Le linge, c’est affaire de garces ! dis-je pour
me défendre.
    — Affaire de garces ! fit-elle en haussant le ton,
et mettant les mains aux hanches. Affaire de garces ! Point trop
d’excuses, Miroul, tu n’es qu’un maladroit, un lourdaud, un balourd, et que les
choses fines et délicates, point tu connais et oncques ne seront à toi !
    Et tout d’une colère feinte, elle s’approcha de moi et me
bourra le ventre de petits coups de poing tout en dévidant le même chapelet de
vexations sur ma prétendue balourdise. Nous étions face à face mais Margot,
ayant tête baissée, ses yeux évitaient les miens, et à la longue, ses doigts se
délièrent et les coups de poing se transformèrent en sorte de chatouillements
qui me firent rire et reculer jusqu’à toucher le mur où je calai mon dos.
    — Hein, que tu n’es qu’un gros lourdaud !
disait-elle entre ses dents, mi-encolérée mi-rieuse, comme si elle me donnait
le juste châtiment que je méritais.
    À la parfin, n’y tenant plus, je saisis ses poignets et les
passant autour de ma taille, je la plaquai contre moi. Relevant la tête et me
fixant de ses yeux de chatte, étonnée, la bouche ouverte, elle murmura à voix
basse :
    — Miroul, que fais-tu là ?
    Ne répondant mie à cette interrogation, qui ne méritait
nulle réponse, je posai mes lèvres sur les siennes et si je m’attendais à une
rebuffade, ce fut tout le rebours, sa langue encontrant la mienne sans du tout
se retenir, et même, son corps se serrant plus fort contre le mien. Ah, quel
envoûtant baiser que le premier, le plus désiré, le plus intense, le plus
accompli, qui vous pénètre jusqu’aux tripes et vous soulève en une fébrile
excitation ! Mais soudain, sans se départir de notre étreinte, elle rejeta
son visage en arrière et parut manquer de souffle.
    — Miroul, nous sommes en la chambre de
M. de Sauveterre !
    — À Sarlat, il s’en est allé, avec le baron…
    — À Sarlat ?
    Et point ne la laissant réfléchir, sinon à cette heureuse
nouvelle, je la pris par la taille, et la bousculant quelque peu en la forçant
à reculer, nous tombâmes sur le lit au milieu du linge de Sauveterre. Là
encore, je m’attendais à une tendre lutte et débattement, mais elle devait,
tant chaude et ardente Margot, avoir dépassé ce point où la raison domine
encore le désir. Je sentis sa main tirer sur ma chemise et, passant en dessous,
me parcourir les flancs en une délicieuse caresse, que je ne peux me souvenir
sans frémir ni que renaisse ce suave et lointain émeuvement. Lors je rebroussai
sa robe, et mes mains glissèrent sur ses cuisses qui s’écartaient, et plus
avant encore. Mon corps était prêt, et

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