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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Prolongeau
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de voir le géant ainsi vacillant. Judas comprit que, même si
elle servait à merveille ses plans, cette nouvelle mission signifiait plus de
solitude, plus d’angoisse, la fin de cette vie de groupe menée depuis presque
un an et à laquelle il avait pris réellement goût.
    « Je ne veux pas que vous preniez avec
vous plus qu’un bâton : pas d’argent, pas de manteau supplémentaire, pas
de couvertures. Vous partez seul, avec ma parole et de quoi marcher.
    — Mais pourquoi, seigneur ? demanda
André, à qui les vertus de l’absence de confort n’étaient jamais clairement
apparues.
    — Je veux que votre pauvreté soit un exemple.
Vous parlez pour les humbles : ressemblez-leur. »
    Personne n’osa plus protester.
    « Que leur dirons-nous ? demanda
Barthélémy.
    — Que le royaume de Dieu est proche et qu’il
faut faire pénitence pour y entrer.
    — Et s’ils ne veulent pas nous écouter ?
s’inquiéta Jacques.
    — Alors avertissez-les que leur village
pourrait connaître le sort de Sodome.
    — Mais ils vont nous taper dessus, murmura-t-il
à son voisin.
    — Et souvenez-vous, reprit Jésus, que
votre but n’est pas uniquement le païen ou le Romain, mais aussi le Juif, celui
qui a oublié l’esprit de la Loi.
    — Le collaborateur, cria Judas, haineux.
    — Pas seulement Judas, pas seulement. Tous
ceux qui s’écartent du royaume de Dieu. »
    Dans la petite troupe se mélangeaient l’enthousiasme
presque aveugle d’un Pierre, la joie d’un Barthélémy à qui pesait le manque d’action
et les réserves mesurées d’un Philippe, qui ne trouvait pas grand-chose d’enthousiasmant
à l’idée de prendre des coups. Ceux qui n’avaient pas été choisis et estimaient
devoir l’être faisaient triste mine. Plusieurs vinrent même demander des
comptes à Jésus, qui refusa de leur en donner et faillit se mettre en colère.
    « C’est bien qu’il nous envoie comme cela,
vint ensuite dire Simon le Zélote à Judas. Cela va nous permettre de répandre
notre parole en même temps que la sienne. »
    Judas n’arrivait pas tout à fait à se défaire
d’un vague pressentiment. Il aurait voulu que Jésus soit plus net dans ses
directives, qu’il présente carrément leur périple comme une mission de
recrutement et de repérages pour une action future et plus large.
    *
    *   *
    La famille de Jésus
arriva le lendemain. Le charpentier était assis et tentait d’expliquer aux
apôtres, puisque maintenant il les appelait ainsi, le sens d’une parabole qu’il
avait utilisée la veille.
    « Pourquoi n’expliques-tu pas clairement
les choses ? se plaignait Pierre.
    — Parce que la compréhension ne doit pas
venir que de vos têtes. Elle doit aussi venir de vos cœurs. Et l’on parle mieux
au cœur avec des images qu’avec des mots. »
    Il tapa gentiment sur l’épaule de Pierre.
    « Si tu sens que tu aimes, cela est
suffisant, Pierre. Tu n’as pas non plus besoin de tout comprendre pour croire. »
    « Maître. »
    Jésus se retourna, un peu énervé.
    « Quoi ? Ne voit-on pas que je parle
à mes apôtres ?
    — Il y a là des gens qui disent être ta
mère et tes frères.
    — Ma mère et mes frères ? »
    Jésus ne s’interrompit qu’une seconde.
    « Qui sont ma mère et mes frères ? Eux
sont ma mère et mes frères, dit-il en montrant ceux qui l’entouraient. Demande-leur
d’attendre. Qu’ils fassent ce que Dieu veut. Alors, ils seront ma mère et mes
frères. »
    Jésus regarda à peine la femme, entourée de
quatre garçons, qui se tenait humblement là, attendant que son fils lui fasse
un signe, et continua son discours.
    Le cœur de Judas se brisa. Il revit d’un coup
Ciborée, accablé par le souvenir des années pendant lesquelles il ne l’avait
pas vue, s’imagina avec son épouse et ses enfants. Il se leva et s’avança vers
la femme.
    « Viens t’asseoir. »
    Son geste n’avait échappé ni à Jésus ni aux
autres.
    « Pourquoi as-tu fait cela ? lui
demanda-t-il au repas suivant, alors que Marie et ses frères étaient finalement
repartis sans l’avoir approché. Tu as voulu braver mon autorité ?
    — Pas du tout. Mais je t’ai trouvé très
dur.
    — Ne te laisse pas égarer par la
sensiblerie. Elle n’est pas bonté, elle n’est qu’émotion.
    — C’est ta mère…
    — C’est la femme qui m’a élevé. Mais elle
est incapable de comprendre ce que je deviens. Déjà moi j’y arrive à peine. Mes
frères sont

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