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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Prolongeau
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l’instant.
    — Nous sommes là depuis une semaine. Comment
cela s’est-il passé pour vous ? Raconte, raconte. »
    Ils parlaient en même temps, tout excités.
    « Très bien, répondit Judas. Les gens
écoutaient nombreux. Nous avons pu aller jusqu’à Jérusalem.
    — Jusqu’à Jérusalem ? Vous n’avez
pas perdu de temps, en effet.
    — Et vous ?
    — Cela s’est en général bien passé. Il n’y
a eu qu’un ou deux endroits où les gens nous ont refusé l’entrée : à Naïm,
à Lydda. Mais je crois que c’est à cause de l’histoire de Lévi. Il y avait dans
les foules qui nous ont rejetés deux ou trois publicains de ses amis.
    — Et il y a eu les pharisiens, l’interrompit
André.
    — Ça, ça a été un problème presque tout
le temps. Ils venaient souvent pour discuter, et nous ne savions pas toujours
quoi leur répondre. Plusieurs fois, ils ont été les plus forts. Les gens se
sont moqués de nous.
    — Et les Romains ?
    — Ils nous ont arrêtés deux fois, mais
pas longtemps. Nous sommes repartis avec un avertissement. Rien de plus.
    — Vous avez revu Jésus ?
    — Il est là-bas. Il se repose. Je crois
qu’il est un peu inquiet. Cinq des nouveaux sont allés hier jusqu’à Nazareth et
la population a l’air assez hostile.
    — Nazareth ? C’est bien là qu’il est
né, non ?
    — Oui, c’est là. Mais tu te souviens
comment il a reçu sa mère et ses frères l’autre jour…
    — C’est vrai. Tu crois que je peux aller
le déranger ?
    — Vas-y, tu verras bien. »
    Judas avait été vraiment heureux de revoir
Jacques et André, beaucoup plus qu’il ne l’aurait supposé, et son cœur battait
en s’approchant de la tente où reposait Jésus. Une centaine de personnes
attendaient dehors. Des feux finissaient de s’éteindre. Aucun vent ne soufflait
sur la masse puante, dont l’odeur prenait à la gorge.
    « Le maître dort ? » demanda
Judas à un jeune homme d’une vingtaine d’années. Ce dernier le regarda sans lui
répondre.
    « Je te demande si le maître dort… répéta
Judas.
    — Je veille sur son sommeil. Je n’ai pas
à te renseigner. »
    Judas s’énerva et s’avança vers lui l’air
menaçant.
    « Sais-tu qui je suis, jeune imbécile ?
    — Non, et je m’en moque.
    — Viendrais-tu me dire cela de plus près ? »
    Deux ou trois hommes déjà s’approchaient pour
profiter du spectacle, quand Jésus sortit de la tente.
    « Que se passe-t-il ? »
    Il reconnut soudain Judas.
    « Judas, mon frère. Tu es de retour ! »
    Riant de joie, il se jeta dans ses bras, laissant
éberlué son gardien.
    « Viens là-bas. Ils ont fait du feu.
    — Tu pourrais mieux choisir ton cerbère.
    — Mon quoi ?
    — Cerbère. Le gardien des enfers dans la
mythologie grecque…
    — Tu m’excuseras, mais je suis peu féru
en divinités païennes. »
    Jésus avait presque l’air vexé.
    « En fait, je connais à peine ce jeune
homme. Ils me suivent et décident d’eux-mêmes de faire ceci et cela. Je ne leur
demande rien, mais je n’ai aucune raison de les décourager. Alors, comment s’est
passé ton périple ? »
    Judas raconta. Mais Jésus l’écoutait à peine.
    « Si ce que je te dis ne t’intéresse pas…
    — Excuse-moi, tu as raison. Je suis
tracassé. J’aurais voulu prêcher à Nazareth et… »
    Il y avait dans la voix de Jésus une note d’angoisse
peinée.
    « Jérôme et ses frères sont allés
préparer le terrain, comme d’habitude. Mais l’accueil n’a pas l’air bon. J’ai
un peu peur. Même si je m’en suis beaucoup éloigné, c’est toujours ma famille.
    — Vas-y, tu verras bien.
    — Tu as raison. À quoi sert de
tergiverser ? Allons-y. »
    Il sortit, demanda au jeune homme de prévenir
tout le monde qu’ils allaient se diriger vers Nazareth et posa sur son crâne un
carré de tissu blanc qu’il fixa avec une cordelette. Ses admirateurs étaient
déjà prêts. Jésus prit leur tête.
    « Je ne sais pas ce qui se passe, confia-t-il
à Judas. Je crois que je dérange. Et je suppose qu’il ne manque pas aujourd’hui
de belles âmes pour leur dire tout le bien qu’il faut penser de moi et du bruit
que je fais. »
    La ville était recroquevillée au milieu des
collines environnantes, couvertes de noirs cyprès. Les maisons, petits cubes à
toits plats, étaient toutes identiques, seulement différenciées par le
rougeoiement des buissons de fleurs embrasant les murs. Au loin, sur

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