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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas
Autoren: Hubert Prolongeau
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s’avancèrent
vers lui.
    Jésus entra sous la tente et prit le pouls de
l’enfant. Il l’écouta respirer, resta quelques instants seul avec lui, puis
ressortit.
    « Crois-tu en moi, Romain ?
    — Oui seigneur, répondit le centurion.
    — Ton fils vivra. Il vivra sur cette
terre. Mais toi, tu vivras parmi nous. »
    Le centurion se mit à sangloter. Il s’agenouilla
à nouveau, et commença à se dépouiller de son habit.
    « Je suis indigne de toi, seigneur. Laisse-moi
te suivre, par pitié, laisse-moi te suivre. »
    Jésus le releva :
    « Rentre chez toi et fais le bien. Je te
pardonne. Tu as entrevu la lumière. Va la répandre autour de toi. »
    Personne ne parla pendant plusieurs stades. Le
soir, le repas fut morne et triste. L’événement pesait sur tous et personne n’était
à l’aise avec. Jésus ignora tous ces atermoiements et s’endormit sans avoir
pratiquement ouvert la bouche.
    Jésus savait que
Judas allait venir lui parler.
    « Tu viens me dire que tu n’es pas d’accord ?
    — Comment l’as-tu deviné ?
    — Il t’arrive d’être facilement
perceptible…
    — Pourquoi ne me dis-tu rien toi-même ?
Tu préfères supporter la cour de cet âne de Jean… ? »
    Jésus rit. Il prenait parfois au spectacle de
la jalousie de ses disciples un plaisir enfantin.
    « J’aime chez Jean cette enfance que ni
toi ni moi n’avons plus. Mais c’est toi que je vais écouter, vieux compagnon. Qu’as-tu
donc à me dire ?
    — Qu’à nouveau je ne vois pas le but que
tu poursuis. Pourquoi soigner ce Romain ? Comment peux-tu oublier aussi facilement
tout ce que lui et les siens nous font subir ? Même le pire des
collaborateurs est plus discret que toi. Et pourtant tes discours sont sans
ambiguïté…
    — Que voulais-tu que je fasse ? Que
nous prenions les armes, et exterminions cet homme et ses soldats au risque, très
réel, d’y laisser la vie de plusieurs des nôtres ? Pour quel résultat ?
Quelques morts de plus…
    — C’est le seul moyen de les chasser. Si
nous ne nous battons pas…
    — Je me le demande de plus en plus.
    — Tu te demandes quoi ?
    — Si c’est la bonne méthode. Qu’aurais-tu
fait en tuant cet homme ? Plongé sa femme et son fils dans le deuil, et
éliminé un pion qui sera remplacé dans les jours à venir…
    — Mais ils savent grâce à cela que nous
existons. Et un jour nous gagnerons. Qu’as-tu obtenu de plus, toi, à guérir l’enfant ?
Demain il aura oublié, et nous aurons alors deux ennemis : lui et son fils.
    — Pas du tout. Je l’ai aimé. Je ne sais s’il
sera agenouillé demain comme il l’était aujourd’hui. Mais j’ai semé en lui une
graine qui saura pousser.
    — Tu nous mènes au désastre avec cette
passivité. La force est le seul argument devant qui tout s’incline.
    — L’amour va jeter les bases d’un monde
meilleur. Ne crois pas que les seules victoires soient sur cette terre.
    — Tu es confiné dans ton rêve au point de
ne voir que l’idéal. Où sont tes victoires ?
    — Là-haut. Après. Ce Romain a vu Dieu, il
L’a reconnu et, ce faisant, il a déjà gagné sa place à nos côtés. Cette place, tous
les Juifs ne l’ont pas.
    — Pourquoi alors ai-je tué des
collaborateurs ?
    — Je ne suis pas persuadé que tu aies
bien agi, Judas. Un temps, j’aurais voulu faire comme toi. Mais depuis que je
chemine aux côtés de mon père, plus rien de cela ne m’apparaît juste. Je
continuerai de guérir les Romains s’ils ont besoin de moi parce qu’ils sont
hommes avant d’être romains. Et cela ne m’empêchera pas de me battre également
pour la libération de mon peuple.
    — Je préfère retenir la deuxième partie
de ta phrase. Je ne comprends pas la première, Jésus. Je ne la comprends
décidément pas. Je ne voudrais pas réaliser un jour que tu trahis notre cause.
    — Tes mots dépassent ta pensée, j’espère.
Ouvre-toi à la parole. Je t’aime. Étends cet amour à tous ceux qui t’entourent.
Sans exception. Aie pitié de ceux qui s’égarent, mais aime-les… Et tu verras :
tu gagneras bien au-delà de ce que tu peux rêver.
    — Et qui se débarrassera des Romains à
notre place ?
    — Est-ce vraiment sur cette terre qu’il
faut se débarrasser des Romains ? Ne devrais-tu pas d’abord te débarrasser
des Romains qui sont dans ton cœur ? »
    Il n’y avait plus
guère de journées sans qu’il y ait entre les apôtres des disputes qui toutes
avaient
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