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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Prolongeau
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fait. Le lendemain, le
surlendemain, il revint.
    « Tu n’as pas pu t’empêcher de maintenir
ton plan, attaqua alors Judas.
    — Pas entièrement. J’ai envoyé à peine un
dixième de mes hommes.
    — Mais il y a quand même eu quinze morts…
    — Je n’avais pas la capacité d’interdire
à tout le monde d’y aller. Et il fallait montrer à Pilate que nous étions
encore là.
    — Pour quoi faire ?
    — Parce que notre combat n’a de sens que
s’il ne s’interrompt pas. »
    La phrase avait un côté purement rhétorique
qui étonna Judas.
    « Tu as quelque chose d’autre à me dire ?
demanda-t-il.
    — Oui. »
    La réponse était étouffée.
    « Oui ?
    — Parmi les victimes, il…
    — Il ?
    — Il y avait Nathanaël. »
    Deux jours plus tôt, Judas n’aurait pas cru qu’il
était encore capable de souffrir.
    « Et… comment ?
    — Sans doute a-t-il été repéré tout de
suite comme un des meneurs. Les hommes dissimulés par Pilate se sont jetés sur
lui et lui ont fait éclater la tête à coups de massue.
    — Mais ils savaient qui il était ?
    — Je l’ignore. C’est une perte énorme
pour le mouvement.
    — Pour le mouvement ? Et pour ceux
qui l’aimaient, tu crois que c’est quoi ? Un accident ?
    — Judas, je suis désolé.
    — Tu es désolé… Qu’est-ce que ça veut
dire, tu es désolé ?
    — Nous avons perdu d’autres compagnons…
    — Tu m’es d’une grande aide, merci. Tu ne
l’avais pas prévenu, malgré mes avertissements ? Ou l’as-tu laissé y aller
volontairement ?
    — Je n’ai pas pu prévenir tout le monde, je
te l’ai dit. Et…
    — Et il fallait quand même que certains y
aillent…
    — Comment écarter l’idée que tu aies été
mal informé et laisser passer une occasion irremplaçable ? Nous avons
protégé le plus possible les hommes, tout en nous gardant une possibilité d’action.
C’est lui qui a insisté pour prendre le rôle le plus dangereux. Je ne sais pas
ce qui s’est passé ensuite. Il a été pris au piège. »
    Les larmes envahirent les yeux de Judas. Il
revit sa dernière image de Nathanaël, passant anonyme se noyant dans la foule à
la porte Dorée.
    Judas accepta la mort de Nathanaël comme un
dernier coup du sort, comme la preuve ultime que son destin était ici, dans
cette lutte à laquelle il avait maintenant sacrifié tout ce qu’il avait jamais
aimé.
    « Combien d’hommes te reste-t-il ? demanda-t-il
à Barabbas.
    — Une centaine à peu près. Je n’ai pas pu
recruter tous ceux que je voulais et j’ai dû accepter des hommes qui me
plaisaient peu. Il nous fallait manger tous les jours et nous étions
pourchassés de très près. Ce n’était pas facile. Nous avons survécu.
    — En devenant des brigands.
    — Ne me juge pas, s’il te plaît. Pas toi. »
    Judas hocha la tête. Barabbas ne pouvait plus
concevoir une vie autre que celle qu’il menait depuis des années, cette vie de
traque, de meurtres, de vol, de clandestinité. S’il était incapable de voir
plus loin que la violence, il était également incapable de l’abandonner. Il
continuait de parler de la lutte comme un galérien attaché à sa galère. Mais il
avait changé d’orientation : il ne s’était plus risqué à avoir une grande
armée regroupée dans les montagnes. Ses hommes vivaient maintenant séparés, éparpillés
dans des villages, et il voulait essayer de maintenir ces structures éparses
pendant quelque temps. La machine mise en place précédemment était trop fragile,
trop dépendante des risques qu’un seul pouvait faire courir à tous.
    « Que veux-tu faire de moi ? demanda
Judas, simplement.
    — Tu as longtemps vécu parmi ceux que
nous devons combattre. Tu peux nous indiquer les gens à abattre pour affaiblir
les Romains.
    — Tu me l’as déjà demandé et j’ai déjà
accepté, à deux conditions. Qu’as-tu vraiment derrière la tête ? Je n’ai
plus quinze ans. Arrête d’essayer de me manipuler et dis-moi franchement ce que
tu veux. »
    Barabbas s’arrêta, et regarda Judas avec un
respect nouveau.
    « J’ai beaucoup réfléchi à la raison de
notre échec. Je crois que nous n’étions pas prêts et que nous n’avons pas su
dépasser la simple action armée pour nous appuyer sur une force suffisante. Nous
n’étions que des guerriers. Il aurait fallu être plus…
    — Plus ? Mais quoi ?
    — Des prêtres. »
    Barabbas parut savourer sa trouvaille.
    « Des

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