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Le Baiser de Judas

Le Baiser de Judas

Titel: Le Baiser de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hubert Prolongeau
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confiance. »
    Barabbas se leva et quitta la cabane de Judas.
Cette nuit-là, ni l’un ni l’autre ne trouva le sommeil.
    Judas s’interrogea
tout le lendemain sur l’idée de Barabbas. Plus il y pensait, plus elle lui
paraissait bonne. Effectivement, l’élan spirituel avait souvent manqué à leur
mouvement. L’exemple de Qumran lui revenait : si ces gens-là avaient voulu
se battre plutôt que de vérifier la pureté de leurs sandales avant de manger, ils
auraient sans doute fait d’admirables guerriers. Qu’un quelconque meneur parvienne
à faire bouger des hommes de ce calibre au nom de Dieu ne pouvait que tous les
servir. Encore fallait-il en trouver un qui soit capable de faire ce que
Barabbas voulait sans leur claquer entre les doigts à la première épreuve.
    Il alla voir son vieux chef, qu’il surprit à
côté d’une jeune fille avec qui il paraissait dans les meilleurs termes. Qui
était-elle ? Une prostituée qu’il avait fait venir ? Une pauvre fille
qu’il avait circonvenue comme il l’avait souvent fait lorsqu’il régnait sur sa
troupe ? Peu importait après tout.
    « J’ai bien réfléchi, Barabbas. »
    Barabbas repoussa le bras de sa compagne et se
leva précipitamment.
    « Alors ? Tu es d’accord ?
    — Je crois effectivement que c’est une
très bonne idée. Je vais aller te dénicher l’oiseau rare. »
    Le cri de joie de Barabbas roula un long moment
dans l’air sec.
    Trois jours plus
tard, un bâton solide à la main droite, un sac léger à l’épaule, Judas partait
en direction du Jourdain.

Deuxième partie

CHAPITRE 15
    Judas n’aimait pas Jéricho. Développé par
Hérode, l’endroit avait pris une allure gréco-romaine pénible, malgré la beauté
de ses fontaines, ses rues pavées, ses thermes d’une propreté presque exagérée…
Les païens y étaient de plus en plus nombreux, et les soldats des garnisons de
Judée et de Pérée venaient en fréquenter les tavernes. La vie y était sans
doute douce, mais cette douceur, pour lui, était synonyme de capitulation.
    Laissant à sa droite les palais nouvellement
construits, il s’avança jusqu’à la place où se trouvait le tombeau d’Hérode le
Grand, édifice romain surmonté d’une statue de l’obèse monarque. Sur la place, un
homme prêchait.
    Judas se mêla à la quinzaine de personnes qui
écoutaient. L’homme avait du courage, et tint sur l’occupation romaine quelques
propos osés, incitant ses auditeurs à refuser de payer l’impôt. Il était seul, interrompit
régulièrement son discours pour chanter. Quand Judas s’approcha de lui, il fit
mine de fuir.
    « Reste, je ne te veux aucun mal. J’ai
plaisir à écouter les orateurs comme toi, surtout ceux qui n’hésitent pas à
brocarder nos occupants. D’où viens-tu ? Connais-tu beaucoup d’autres
prêcheurs ?
    — Qui es-tu pour me poser ces questions ?
    — Un simple passant, comme toi. Je ne
connais pas ton nom et tu ne connais pas le mien. Tu vois que nous ne risquons
pas grand-chose… Mais j’ai vibré à certaines de tes paroles et j’aimerais
savoir si tu es une exception ou si tu as derrière toi déjà beaucoup de fidèles.
    — Des fidèles ? Comme tu y vas. Non,
je n’ai pas beaucoup de fidèles. Mais j’ai trouvé le courage de parler ainsi
après avoir entendu Jean le Baptiste.
    — Qui cela ?
    — Un prophète, un très grand prophète. Beaucoup
voient en lui le messie. Moi-même, je ne suis pas loin de le croire.
    — Mais pas tout à fait ?
    — Le royaume serait-il dans cet état si
le messie était déjà là ?
    — Tu as raison, acquiesça Judas. Et
sais-tu où je pourrais trouver ce Baptiste ? C’est un de ceux qui plongent
leurs fidèles dans l’eau, c’est ça ?
    — Il est au même endroit tous les jours à
la même heure. Même Hérode le sait, mais ne peut l’arrêter car, prudemment, le
Baptiste reste du côté du fleuve où il ne dépend pas de lui. Remonte jusqu’au
Jourdain en suivant la route de Gilgal. Quand tu y arriveras, tu le descendras
vers la mer Morte. Il y a un gué, dont se servent les caravanes qui viennent du
Moab : il s’appelle Betharaba. À cette saison, Jean y prêche et y baptise
tous les jours.
    — Je te remercie.
    — Va et écoute. Et après, fais comme moi.
Propage sa parole. Bonne route, l’ami. »
    Il rappela Judas quand celui-ci s’en alla.
    « Aurais-tu quelque chose à manger ?
Prêcher ne nourrit pas toujours son homme et les Judéens

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