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Le Bal Des Maudits - T 1

Le Bal Des Maudits - T 1

Titel: Le Bal Des Maudits - T 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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bizarre, elliptique, amoureux.
    Il embrassa la mariée, et il y eut une confusion de satin blanc et de dentelle et de rouge à lèvres, et de parfum, et de fleur d’oranger. Par-dessus l’épaule de la mariée, il regarda Hope, qui l’observait, de l’autre bout de la pièce, et le quelque-chose anonyme, au fond de sa tête, nota sa gorge, la finesse de sa taille. Elle s’approcha et il dit : « Il y a une chose que je veux faire », et il posa les mains sur sa taille, élégante et svelte dans le corsage collant de sa nouvelle robe. Il sentit sa chair juvénile et les petits mouvements de ses hanches. Hope parut comprendre. Elle se pencha vers lui et l’embrassa. Plusieurs personnes les regardaient, mais il s’en moquait, parce qu’à un mariage tout le monde semble avoir licence d’embrasser tout le monde. En outre, il n’avait jamais bu de Champagne , par un chaud après-midi d’été.
    Ils regardèrent les mariés s’éloigner dans une automobile à laquelle étaient accrochés des serpentins flottants. La mère pleurait doucement sur le seuil de la maison. Le nouveau marié souriait, un peu bêtement, à la fenêtre de derrière. Noah regar da Hope, et Hope regarda Noah, et ils savaient qu’ils pensaient à la même chose.
    –  Pourquoi, chuchota-t-il, n’irions-nous pas…
    –  Chut. Elle posa sa main sur ses lèvres. Tu as trop bu de Champagne .
    Ils prirent congé des autres invités et s’éloignèrent sous les grands arbres, entre les pelouses sur lesquelles tournoyaient les arroseuses, les étincelantes fontaines d’eau, brillantes et chatoyantes sous le soleil, dans l’odeur verte de l’herbe humide. Ils marchaient lentement, la main dans la main.
    –  Où vont-ils ? demanda Noah.
    –  En Californie, dit Hope. Pour un mois. À Monterey. Il a un cousin, là-bas.
    Ils marchèrent côte à côte entre les fontaines de Flat bush, pensant aux plages de Monterey, sur l’océan Pacifique, pensant aux pâles maisons mexicaines, dans la radieuse lumière du Sud, pensant aux deux jeunes gens entrant à Grand Central dans leur compartiment et verrouillant la porte derrière eux.
    –  Oh, mon Dieu ! ricana Noah. J ’ai pitié d’eux.
    –  Pourquoi ?
    –  Par une nuit pareille. La première fois. L’une des nuits les plus chaudes de l’année.
    Hope lui reprit sa main.
    –  Tu es impossible, dit-elle sèchement. Ce que tu viens de dire est vulgaire et laid.
    –  Hope, protesta-t-il. Ce n’était qu’une plaisanterie.
    –  Je déteste cette attitude, cria-t-elle. Vous tournez tout en ridicule !
    Stupéfait, il s’aperçut qu’elle pleurait.
    –  Chérie, je te demande pardon.
    Il l’entoura de ses bras, sous les yeux intéressés de deux petits garçons et d’un grand chien policier.
    Elle se dégagea.
    –  À bas les pattes, dit-elle.
    Et s’éloigna.
    –  Je t’en prie.
    Il la suivit, angoissé.
    –  Je t’en prie, écoute-moi.
    –  Écris-moi une lettre, coupa-t-elle à travers ses larmes. Tu gardes toute ta poésie pour ta machine à écrire.
    Il la rejoignit et marcha près d’elle, dans un silence misérable. Il était tourmenté et perplexe, lancé à la dérive sur la mer immense, irrationnelle, de l’âme féminine, et il n’essayait pas de se sauver, mais se laissait simplement aller à la dérive, au gré des vents et des marées, en espérant qu’il n’y ferait pas naufrage.
    Mais Hope demeura intraitable. Tout le long du chemin, dans le tramway, elle resta obstinément silencieuse, la bouche impitoyablement pincée. « Mon Dieu ! pensait Noah en l’observant à la dérobée. Oh, mon Dieu ! elle va me quitter. »
    Mais, lorsqu’elle eut ouvert les deux portes de la maison, elle le laissa la suivre à l’intérieur.
    La maison était vide. L’oncle et la tante de Hope étaient partis à la campagne avec leurs deux petits-enfants, pour un week-end de trois jours, et une atmosphère de paix exotique planait sur les pièces désertes.
    –  Tu as faim ? demanda Hope.
    Elle se tenait au centre du salon, et Noah fut tenté de l’embrasser, mais y renonça en voyant l’expression de son visage.
    –  Je crois que je ferais mieux de rentrer, dit-il.
    –  Mange d’abord, dit-elle. Je vais aller chercher de quoi souper dans le frigidaire.
    Il la suivit doucement jusqu’à la cuisine et l’aida en essayant de se faire aussi petit que possible. Elle tira du frigidaire un reste de poulet froid, prépara une salade et s’empara

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