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Le Bal Des Maudits - T 2

Le Bal Des Maudits - T 2

Titel: Le Bal Des Maudits - T 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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Hollywood.
    –  Mais quand je reviendrai, dit sobrement Stellevato, fini, tout ça. Je vais épouser Angelina, ou quelqu’un d’autre, si Angelina a changé d’avis, et j’aurai des enfants, et ce sera une seule femme pour moi, et, si jamais je la surprends à me tromper, je lui flanque mon pic à glace en plein dans la nuque…
    « Il faut que j’écrive ça à Margaret, pensa Michael. Les quatorze femmes répudiées et l’unique amour fermement enraciné dans un cœur las de la guerre et des batailles. »
    Michael entendit un bruit et vit s’approcher une silhouette sombre.
    –  Qui va là ? demanda-t-il.
    –  Pavone, dit une voix dans l’obscurité.
    Puis vivement :
    –  Colonel Pavone.
    Pavone rejoignit les deux factionnaires.
    –  Qui est de garde ? demanda-t-il.
    –  Stellevato et Whitacre, dit Michael.
    –  Hello, Nikki, dit Pavone. Tu t’amuses bien ?
    –  Beaucoup, mon colonel.
    La voix de Stellevato était chaleureuse et ravie. Il aimait beaucoup Pavone, qui le traitait davantage comme une mascotte que comme un soldat, et, de temps à autre, échangeait avec lui des histoires cochonnes en italien.
    –  Ça va, Whitacre ? dit Pavone.
    –  Au poil, dit Michael.
    Dans l’obscurité pluvieuse s’établissait entre eux un sentiment de détente amicale qui ne pourrait jamais exister, en plein jour, entre colonel et simples soldats.
    –  Bien, dit Pavone.
    Sa voix était lasse et songeuse. Il s’adossa à la Jeep, près des deux factionnaires, alluma une cigarette, sans prendre la peine d’abriter la flamme, et ses sourcils broussailleux se matérialisèrent un instant dans la flamme éphémère de l’allumette.
    –  Vous venez me relever, mon colonel ? demanda Stellevato.
    –  Pas exactement, Nikki. Tu dors trop, de toute façon. Tu ne feras jamais rien de bien si tu dors tout te temps.
    –  Je ne veux rien faire de bien, dit Stellevato. Je veux retourner à ma tournée de glace.
    –  Si j’avais une tournée comme la sienne, plaisanta Michael, je voudrais y retourner aussi.
    –  Vous a-t-il raconté ses mensonges, au sujet des quatorze femmes ? s’informa Pavone.
    –  C’est la pure vérité, protesta Stellevato.
    –  Je n’ai jamais connu d’Italien qui dise la vérité au sujet des femmes, dit Pavone. Si vous voulez mon avis, Whitacre, Nikki est un puceau.
    –  Je vous montrerai les lettres qu’elles m’ont écrites, dit Stellevato, ulcéré.
    –  Mon colonel, dit Michael, enhardi par l’obscurité et les plaisanteries, j’aimerais vous parler une minute. C’est-à-dire… si vous ne désirez pas aller vous recoucher.
    –  Je ne peux pas dormir, dit Pavone. Bien sûr. Venez, nous allons marcher un peu.
    Lui et Michael firent quelques pas. Pavone s’arrêta, se retourna.
    –  Attention aux maris et aux parachutistes, Nikki ! cria-t-il.
    Il prit le bras de Michael, et tous deux s’éloignèrent de la Jeep.
    –  Vous savez, dit doucement Pavone, je suis persuadé que Nikki est absolument sincère, au sujet de sa tournée de glace.
    Il s’esclaffa. Puis sa voix redevint sérieuse.
    –  Qu’est-ce qui vous tracasse, Michael ?
    –  Je voulais vous demander une faveur.
    Michael hésita. « Toujours cette éternelle nécessité de prendre des décisions », pensa-t-il avec ressentiment.
    –  Je voudrais que vous me fassiez transférer dans une unité combattante.
    Pavone ne répondit pas, tout d’abord.
    –  Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il enfin. Cafardeux ?
    –  Peut-être, dit Michael, peut-être. L’église, aujourd’hui, les Canadiens… Je ne sais pas. Je me suis mis à me rappeler pourquoi j’étais dans cette guerre, et…
    –  Vous savez pourquoi vous êtes dans cette guerre ?
    Pavone rit. Un rire sec, sans gaieté.
    –  Veinard !
    Ils firent quelques pas en silence.
    –  Quand j’avais l’âge de Nikki, dit-il soudain, une femme m’a fait passer les plus mauvais quarts d’heure de mon existence.
    Michael se mordit les lèvres, ennuyé par cette façon indirecte d’éluder sa demande.
    –  Je me le suis rappelé cette nuit, allongé sous ma tente, pendant le raid, dit lentement Pavone. C’est pourquoi je ne peux pas dormir. J’avais dix-neuf ans et je gérais un « Burlesque », à New York. Je me faisais trois cents dollars par semaine, et j’entretenais une maîtresse dans un appartement de South Central Park. Une belle fille…
    Douce et pleine d’un désir nostalgique, la voix

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