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Le Bal Des Maudits - T 2

Le Bal Des Maudits - T 2

Titel: Le Bal Des Maudits - T 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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d’eau était aussi désert que le reste de la ville ; puis il vit un casque émerger prudemment d’un trou recouvert de branchages.
    –  On a entendu le moteur, dit l’occupant du casque.
    Il était pâle et défait, très jeune, et, pour autant qu’il soit possible d’en juger, également très effrayé. Un second soldat sortit du trou et se dirigea vers la Jeep.
    –  Qu’est-ce qui se passe ici ? demanda Michael.
    –  On allait vous le demander, répliqua le premier soldat.
    –  Vous n’avez pas vu passer une compagnie de travail, vers dix heures ?
    –  On n’a vu passer personne, répondit le second soldat.
    C’était un petit homme un peu gras, d’une quarantaine d’années, avec une barbe de plusieurs jours, et il parlait avec un accent chantonnant, probablement suédois.
    –  On nous a déposés ici cette nuit et, depuis, on a vu personne. Y a eu quelques coups de feu en ville, ce matin, et…
    –  De quoi s’agissait-il ? s’informa Michael.
    –  C’est pas à moi qu’y faut demander ça, dit le petit homme. On m’a mis ici pour pomper de l’eau, pas pour servir d’agent de renseignements. Ces bois sont pleins de Fritz, et ils tirent sur les gens de la ville, et les gens de la ville leur tirent dessus. Quant à moi, je bouge pas. J’attends du renfort.
    –  Poussons jusqu’au milieu de la ville et voyons de quoi y retourne, proposa Keane.
    –  Tu veux la fermer ?
    Michael interpella Keane aussi sèchement qu’il le put, et Keane sourit tristement, derrière ses épaisses lunettes.
    –  Moi et mon copain, dit le petit homme, on était en train de se demander si on ferait pas mieux de mettre les voiles. Pour ce qu’on fait ici à rester planqués comme deux canards dans un trou ! Un Français est venu nous voir, ce matin. Il parlait un peu l’anglais et y nous a dit qu’y avait huit cents Fritz de l’autre côté de la ville, avec trois tanks, et qu’y-z-allaient revenir et prendre la ville dans la matinée.
    –  Ça va, j’ai compris, dit Michael.
    Voilà pourquoi ils n’avaient pas vu de drapeaux nulle part.
    –  Huit cents Fritz, dit Stellevato. Fichons le camp.
    –  Vous croyez qu’on est en sécurité ici ? dit anxieusement le jeune homme blême.
    –  Comme chez soi, gouailla Michael. Comment veux-tu que je le sache ?
    –  Moi, ce que j’en dis… marmotta le jeune soldat, vexé.
    –  J’aime pas ça, dit l’homme à l’accent suédois, en regardant nerveusement autour de lui. J’aime pas ça du tout. Ils avaient pas le droit de nous laisser ici tout seuls, avec cette vacherie de pompe.
    –  Nikki, dit Michael. Tourne la Jeep et laisse-la sur la route, au cas où il faudrait filer en vitesse.
    –  Qu’est-ce qui se passe, frangin ? dit Keane en se penchant vers Michael. T’as les jetons ?
    –  Écoute, général Patton, coupa Michael d’un ton volontairement égal, dès qu’on aura besoin d’un héros, on pensera à toi. Nikki, tourne la Jeep.
    –  Je donnerais cher pour être chez moi, dit Stellevato.
    Mais il réintégra la Jeep et vira sur place. Puis il décrocha sa mitraillette de sous le pare-brise et souffla dessus. Elle était pleine de poussière.
    –  Qu’est-ce qu’on va faire, frangin ? demanda Keane.
    Ses grandes mains noueuses se refermèrent sur sa carabine. Michael le regarda avec un profond dégoût. « Est-il possible, pensa-t-il, que son frère ait gagné sa Médaille d’honneur par simple stupidité ? »
    –  Nous allons nous asseoir ici un instant, dit Michael, et attendre.
    –  Attendre quoi ? demanda Keane.
    –  Le colonel Pavone.
    –  Et si y vient pas ? insista Keane.
    –  Alors, nous prendrons une autre décision. C’est mon jour de veine, dit Michael. Je parie que je suis bon pour prendre au moins trois décisions avant ce soir.
    –  Je crois qu’on ferait mieux de laisser tomber Pavone et de continuer tout droit sur Paris, dit Keane. La B. B. C. a dit…
    –  Je sais ce qu’a dit la B. B. C., coupa Michael, et je sais ce que tu dis, et, moi, je dis qu’on va s’asseoir ici et attendre Pavone.
    … Il s’éloigna de Keane et s’assit dans l’herbe, le dos appuyé à un petit mur de pierre qui courait le long de la rivière. Les deux soldats abandonnés le regardèrent un instant d’un air dubitatif, puis retournèrent à leur trou et rabattirent les branchages au-dessus de leurs têtes. Stellevato posa sa mitraillette contre le mur, s’allongea dans

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