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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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profession de soumission.
    J’obtempérai et restai planté devant lui. Il me toisa un moment avant de se rendre au fauteuil du Magister. Il revêtit son manteau et y prit place. Autour de moi, les autres se dispersèrent et firent de même, mais demeurèrent debout devant leur place. Sachant que j’étais désormais un accusé, je restai au centre du temple.
    —    Malgré les circonstances et le fait qu’il fasse jour, ouvrons l’assemblée dans les formes rituelles.
    Il frappa un coup de maillet sur son plateau et s’adressa d’abord à Ugolin, qui se tenait près de la porte.
    —    Le temple est-il bien couvert ?
    —    Il l’est, Magister, répondit mon ami.
    Il s’adressa ensuite à Pernelle, qui lui faisait face de l’autre côté de la pièce.
    —    Quel est notre devoir ?
    —    Nous avons juré de protéger la Vérité, Magister.
    Il se tourna vers Peirina, assise devant le mur sud.
    —    Quel prix acceptons-nous de payer s’il le faut ?
    —    Celui de notre vie, sachant qu’en la sacrifiant, nous retournerons vers la Lumière divine, Magister.
    Eudes se leva et frappa un nouveau coup de maillet.
    —    Mes sœurs et frères, notre mission sacrée nous étant ainsi rappelée, répétons ensemble l’obligation que nous avons prise afin qu’elle soit toujours fraîche à notre mémoire et qu’elle guide nos actions.
    Il tira son épée et la brandit, le bras tendu devant lui. Ugolin, Roger Bernard et Odon l’imitèrent, les Parfaites posant leur main sur le cœur. Tous récitèrent l’engagement qui les liait à l’Ordre. Une fois encore, je n’osai pas participer. Je ne m’en sentais pas digne. Mais chaque mot pénétra ma chair comme autant de poignards, me rappelant à la fois mon devoir et mes faiblesses.
    Je notai aussi, avec regret, qu’Eudes était désormais le seul membre des Neuf à porter le manteau à croix pattée.
    Il rengaina son arme, se rassit et frappa un coup de maillet. Lorsque tous furent installés et que le silence fut tombé sur le temple, il empoigna l’abacus, frappa sèchement le sol du manche et reprit la parole.
    —    Mes frères, mes sœurs, dit-il d’un ton à la fois austère et humain qui me rappelait étrangement celui de sire Ravier, nous sommes assemblés aujourd’hui, dans les tristes et inhabituelles circonstances que vous connaissez, pour décider des mesures à prendre envers Gondemar de Rossal, membre de notre Ordre et ancien Magister.
    Il reporta son attention sur moi et je pus lire dans son regard dur et froid la gravité des soupçons qui pesaient sur moi.
    —    Dame Pernelle et Ugolin nous ont déjà raconté ce qui s’est produit à Gisors. Ils te prétendent toujours dans notre camp, et j’en étais fort content, mais voilà que tu entres secrètement dans le temple pour t’emparer de la Vérité. Heureusement, depuis leur arrivée, l’un de nous monte la garde, au cas où. Alors explique-moi pourquoi nous ne devrions pas t’occire sur-le-champ, Gondemar, déclara-t-il.
    Seul au centre de la pièce, tel un accusé devant la cour, avec une seule chance d’éviter le gibet, je me sentais tout petit et vulnérable. Le poids de tous les regards accusateurs pesait sur ma personne. Je n’avais rien à perdre. Je sortirais de cet endroit vivant et appuyé par les gens qui s’y trouvaient ou j’irais rejoindre les autres dans la fosse. C’était aussi simple que cela.
    J’inspirai et commençai mon récit. Je racontai comment j’avais convaincu Ugolin et Pernelle de saisir la première occasion pour s’échapper et courir à Montségur avertir ce qu’il restait des Neuf. Je relatai ensuite mon arrivée à Carcassonne, ma confrontation avec Amaury et Montfort et la façon dont ils avaient détruit le suaire. Le cœur gros, je révélai la trahison de Véran. Tous gardèrent le silence, mais les visages des membres qui le connaissaient se crispèrent et pâlirent distinctement. J’insistai sur ma rencontre avec Cécile et je pus voir Roger Bernard s’empourprer de colère lorsqu’il apprit les circonstances dans lesquelles sa sœur avait perdu notre enfant. Je terminai avec le fait que, comme l’aide des Neuf n’était pas venue, je n’avais eu d’autre choix que de respecter l’entente conclue avec Montfort pour m’assurer qu’elle vivrait, en espérant trouver un moyen de protéger à la fois la vie de Cécile et la Vérité. Lorsque mon récit fut achevé, j’ouvris les

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