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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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façon, conclut Jacques. Les bêtes sont en bon état ?
    —    Elles sont aussi lasses que nous, mais elles ont trouvé à brouter sous la neige. Elles devraient tenir le coup.
    —    Alors aussi bien continuer et en finir le plus tôt possible.
    —    Bien. Je vais aviser les autres.
    J’entendis des pas crisser sur la neige. Quelqu’un d’autre approchait.
    —    Je déteste cette maudite montagne, grommela Véran. Il y fait encore plus froid qu’en enfer.
    Ainsi, le sale traître n’en était pas à sa première visite à notre destination. Il la fréquentait sans doute depuis qu’il avait trahi. Était-il déjà un agent de l’ennemi lorsque j’avais été accueilli parmi les Neuf ? Agissait-il au nom du pape quand il avait porté la requête de Ravier à Toulouse ? Avait-il révélé l’existence de la cache à Montfort ? Tout ce temps, m’avait-il guetté sans que je le sache, rapportant mes moindres faits et gestes à l’autre camp ? Si la réponse à toutes ces questions était oui, j’avais été manipulé, au moins depuis mon départ vers Toulouse. L’hypothèse expliquait comment on avait su que je me dirigeais vers Gisors. Et on m’aurait laissé faire en sachant que des imposteurs m’y attendaient pour s’emparer de la seconde part. Tout se tenait.
    —    Oh non, faux frère, déclarai-je. Tu n’as pas la moindre idée du froid de l’enfer. Mais la justice divine existe. Je le sais. Un jour, ce froid, tu le ressentiras.
    Il ne répondit pas, mais je ne doutais pas qu’il m’eût entendu. Tout à coup, je souhaitais presque ne pas sauver mon âme pour avoir le plaisir de partager l’éternité avec Véran. Malgré le désespoir, elle ne serait pas aussi sombre que je ne le craignais si j’avais tout mon temps pour torturer ce fils de truie.
    —    Départ dans cinq minutes, ordonna le dénommé Jacques. Avec un peu de chance, nous y serons au lever du jour.
    Nous reprîmes la route tel un convoi de condamnés sans que j’entende la moindre complainte des templiers. À contrecœur, j’admirai leur discipline.
    Les heures s’écoulèrent lentement sans que le temps ne devienne plus clément et ma capeline détrempée par la neige se faisait lourde sur mes épaules. Je finis par somnoler en selle, bercé par le rythme des pas de Sauvage et engourdi par le froid. L’ultime arrêt de l’escadron me tira brusquement du sommeil.
    —    Qui va là ? demanda une voix sévère qui provenait des hauteurs.
    Je devinai que nous nous trouvions devant une muraille, du haut de laquelle un garde venait de parler.
    —    Jacques de Payraud, à la tête de l’escadron dépêché par sire Norbert ! s’écria l’intrigant templier pour couvrir le vent.
    —    Donne-moi la parole sacrée.
    —     Non surrexit inter natos mulierum maior loanne Baptista 4  .
    —    Quel est le mot de passe ?
    —    Secretum Templi.
    —    Heureux de vous voir tous de retour ! s’exclama la sentinelle sur un ton devenu accueillant.
    —    Alors, trêve de civilités ! Grouille-toi et ouvre. Nous crevons de froid !
    Le grincement des charnières monta à travers les bourrasques et nos montures avancèrent. Lorsque tous furent entrés, la porte fut aussitôt refermée derrière nous. On me fit descendre de cheval. Il me fallut un moment pour comprendre que je n’étais pas dans une forteresse ouverte, mais bien quelque part à l’intérieur. L’écho des sabots qui s’éloignaient et des pas autour de moi me le confirma. Perplexe, je restai planté là, toujours cagoulé.
    On m’empoigna le bras pour m’entraîner vers l’avant. Nous marchâmes quelques minutes, virant sans cesse d’un côté et de l’autre, si bien que je soupçonnai qu’on nous faisait tourner ainsi pour nous empêcher de retrouver notre chemin si nous en avions jamais l’occasion.
    —    Emmenez les autres. Donnez-leur des vêtements secs et nourrissez-les, ordonna Jacques. Puis attendez les ordres.
    Réalisant qu’il parlait d’Eudes, d’Ugolin, de Roger Bernard et d’Odon, je m’arrêtai net, prenant mes gardes par surprise.
    —    Là où je vais, ils vont aussi ! m’exclamai-je à travers l’étoffe en tentant de m’arracher à l’emprise de celui qui me tenait par le bras.
    La poigne se resserra et je sentis une lame s’appuyer sur mon gosier.
    —    Tu n’es pas en position d’exiger quoi que ce soit, dit Jacques, mais je t’assure qu’il ne leur

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