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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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battements.
    —    Quel est ton choix ? s’enquit-il.
    Pris de court par son offre, je me frottai le menton, torturé.
    —    Je. je ne sais pas, hésitai-je.
    Une part de moi ne souhaitait que trouver le repos éternel et baigner jusqu’à la fin des temps dans la Lumière divine. Mais une autre, aussi importante, désirait veiller personnellement sur la parole de Yehohanan jusqu’à ce que la mort vienne naturellement, comme Norbert et tous ces autres hommes honorables qui avaient croisé ma route. J’éprouvais aussi le besoin pressant de m’assurer que tous ceux que j’avais entraînés dans ma quête, et que j’aimais, n’en subiraient plus de contrecoups. Je voulais savoir Pernelle, Ugolin, Odon, Véran, Esclarmonde, Roger Bernard et Cécile heureux.
    Je consultai mon maître du regard, cherchant une ultime fois son approbation.
    —    Ne me regarde pas comme ça, jouvenceau, dit-il en hochant la tête avec satisfaction et fierté. Tu sais déjà ce que tu dois faire.
    Bertrand de Montbard avait toujours lu en moi comme dans un livre. Comme toujours, il avait raison. Je lui rendis son sourire, une profonde sérénité m’envahissant soudain. Pour la première fois de ma vie, je me sentais à ma place. Je me retournai vers Métatron, qui attendait toujours.
    —Je vais rester jusqu’à ce que Dieu me rappelle à lui, déclarai-je avec sérénité.
    L’archange retira sa crosse et disparut, emportant mon maître avec lui. De nouveau seul, je m’allongeai sur le lit et fermai les yeux, en paix avec moi-même.
    Les mots qui me ramenèrent à moi furent ceux d’une chanson naïve et joyeuse sortie tout droit de mon enfance.
    Pucelette belle et avenante
    Joliette, polie et plaisante,
    La sadette que je désire tant
    Nous voici, jolis et amants.
    L’espace d’un instant, je me crus de retour dans la forêt de Rossal, encore enfant, prisonnier dans la fosse que Césaire, Fouques, Alodet et Lucassin avaient creusée pour m’y laisser mourir. La panique m’envahit à nouveau et je tentai de sauter comme je l’avais jadis fait pour soulever le couvercle, mais je n’y arrivai pas. Puis je compris que j’étais allongé sur le dos, non plus enfant, mais homme mûr et en vie. Chaque inspiration me causait de terribles élancements dans l’épaule droite et mon cœur semblait s’être logé dans ma senestre infirme, où il battait comme un tambour.
    —    Il est réveillé, fit une voix soulagée, non loin de moi.
    —    Enfin. Va chercher les autres, ordonna une autre voix, plus proche.
    —    Tout de suite, mère, répondit une troisième.
    Des pas rapides martelèrent le plancher et s’éloignèrent. Je connaissais ces voix, mais leur souvenir était perdu quelque part dans mon esprit confus.
    Au prix d’un grand effort de volonté, je réussis à ouvrir les yeux. J’étais dans la cellule du Prætorium où j’avais dormi avant de partir pour Carcassonne. Pernelle était assise sur le bord de mon lit et m’adressait un sourire crispé par l’inquiétude. Debout, derrière elle, se tenait Esclarmonde. Droite et digne, les mains dans les manches de sa robe noire, elle me regardait avec un air préoccupé. J’essayai de parler, mais seul un son rauque s’échappa de ma gorge.
    Mon amie étira le bras pour saisir un gobelet sur la petite table près de ma paillasse, passa sa main derrière ma nuque pour me soulever la tête et l’approcha de ma bouche.
    —    Bois, dit-elle, tu as le gosier sec.
    Je vidai goulûment le gobelet et fis signe que j’en voulais encore. Elle me satisfit, puis reposa ma tête sur l’oreiller.
    —    Merci, haletai-je.
    Je pris quelques instants pour retrouver mes esprits.
    —    Où suis-je ? demandai-je enfin. Que s’est-il passé ?
    —    De quoi te souviens-tu ? répliqua-t-elle.
    Je clignai des paupières et fis un effort pour mettre de l’ordre dans mes idées. Les images et les sons s’y succédaient dans la plus parfaite confusion. Peu à peu, je parvins à y voir un peu plus clair.
    —    Cécile ? m’exclamai-je, angoissé. Où est Cécile ?
    —    Dans la grande salle, répondit Pernelle. Comme elle n’a pas été initiée, elle n’est pas autorisée à se mouvoir librement.
    —    Qu’on me l’amène. Je veux la voir ! ordonnai-je, incapable de croire qu’elle était vivante. Je devais poser mes yeux sur elle, la sentir, la toucher.
    Esclarmonde sortit, me laissant seul avec mon amie.
    —

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