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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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s’en sortir, sa seule chance était de disparaître en profitant de la confusion.
    Comme s’il m’avait entendu penser, je le vis éliminer un adversaire qui avait fondu sur lui par la gauche, puis regarder autour, à la recherche d’une porte de sortie. Il aboya un ordre et commença à reculer tout en protégeant son otage. Si je ne l’interceptais pas maintenant, il serait trop tard et je perdrais toute trace de Cécile.
    Je m’élançai vers eux, bien décidé à mourir pour les arrêter. La première part et la Vérité étaient toutes deux là où elles devaient être. Tout était accompli. Je n’avais aucune raison de préserver ma vie plus longtemps. Ugolin sembla comprendre ce qui se passait, car il disposa hâtivement de l’homme qu’il affrontait et se lança à ma suite. Non loin de là, je vis Foix, la rage peinte sur le visage, se déplacer pour les prendre à revers.
    Ugolin saisit un croisé par le cou et l’utilisa pour parer le coup que Thury lui destinait du haut de sa selle. Puis il l’empoigna par l’avant-bras pour le tirer au sol. De son côté, Roger Bernard s’attaqua à Pierrepont. Se baissant pour éviter la lame qui était dirigée vers sa tête, il trancha l’arrière de la patte du cheval et s’écarta juste à temps pour ne pas être écrasé sous son poids. Impuissant, Alain fut projeté à quelques coudées de là et atterrit lourdement sur l’épaule, mais roula sur lui-même et se releva d’un trait, prêt à se défendre. Roger Bernard fondit sur lui, ses coups se succédant à cette vitesse folle qui procède de la colère. Pour sa part, Guy, se voyant en danger, fit faire demi-tour à sa monture et s’enfuit au grand galop, comme le lâche qu’il était. Laissé à lui-même, Arnaud Amaury s’empressa de déguerpir à son tour.
    J’abandonnai mes compagnons à leur affaire. Ils vaincraient ou mourraient et je n’y pouvais rien changer. Je n’avais d’yeux que pour Simon de Montfort. Et lui aussi ne voyait que moi. Alors que je franchissais les derniers pas qui nous séparaient, il éperonna brusquement sa monture et me prit de court en fonçant sur moi. Je me jetai de côté à la dernière seconde, mais je ne parvins pas à l’esquiver entièrement. Le simple effleurement du poitrail massif m’envoya choir dans la poussière. Sous la force du choc, Memento m’échappa et, un peu étourdi, je me relevai en toute hâte pour aller la récupérer. J’y arrivais à peine lorsque le bruit des sabots derrière moi m’indiqua que le bourreau du Sud s’était lancé dans une nouvelle charge. Cette fois, je n’eus pas la chance de l’éviter. La bête me percuta de plein fouet et je sentis une vive douleur dans mon épaule droite. Le coup fut brutal et me fit perdre le souffle. Je me retrouvai sur le dos, à demi inconscient.
    Lorsque j’ouvris les yeux, mon adversaire était devant moi, un sourire cruel sur les lèvres, et son cheval allait me piétiner. J’essayai bien de brandir Memento pour me protéger, mais mon bras refusa de m’obéir. Ainsi donc, c’était de cette façon que je mourrais. Je n’aurais même pas la dignité de périr par l’épée.
    Un puissant hennissement retentit. Un hennissement que j’aurais pu reconnaître entre mille. Dès son jeune âge, Sauvage avait été dressé à obéir à la moindre pression de mes cuisses. C’est de cette façon que Cécile, qui le montait toujours, venait de le diriger vers moi. Telle une tempête noire, l’étalon se dressa sur ses pattes arrière et abattit avec force ses sabots de devant dans les côtes et sur la tête de l’autre bête. Montfort et sa monture furent poussés de côté et les deux s’écrasèrent lourdement au sol.
    Au même moment, un silence lourd tomba. Je me relevai en titubant, mon bras droit pendant, inerte. Autour de moi, la bataille était terminée. Ugolin avait réduit le visage d’Alain de Thury en bouillie et le tenait, inerte, par le col de la chemise. Foix gardait en joue un Pierrepont essoufflé et au bras gauche ensanglanté. Et un peu partout, les croisés gisaient sur le sol, les templiers guettant les rares survivants, prêts à fondre tels des éperviers sur le premier qui s’aviserait de bouger. Sur ma droite se tenait Véran, haletant, le visage en sueur, les vêtements en lambeaux et l’épée à la main. Je ne pouvais dire dans quel camp il avait combattu.
    La douleur dans mon épaule était presque insupportable et chaque inspiration me

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