Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
Vom Netzwerk:
histoire ? explosa le colosse, sa soudaine impatience me rappelant Montbard.
    —    De la façon dont je vois les choses, répondis-je, quelles que soient son identité et ses motivations, il semble particulièrement tenir à ce que le suaire se rende jusqu’à Montfort.
    —    Au point de te tuer afin que tu ne puisses pas le reprendre, dit Pernelle.
    —    La fin justifie la manière, je suppose.
    —    Mais justement, quelle est-elle, cette fin ? insista-t-elle. À part les familles fondatrices, les Neuf, le pape et ses mignons, qui d’autre pourrait s’intéresser à la Vérité ? Qui connaît même son existence ?
    Ne trouvant rien à répondre, je me contentai de soupirer dans le noir.
    —    Nous savons au moins qu’il est templier, suggéra Ugolin.
    —    Même pas, dis-je. Il en portait le costume avec un petit détachement, c’est vrai, mais s’il a mis sur pied l’embuscade d’aujourd’hui, il peut tout aussi bien avoir organisé une mascarade pour se faire passer pour la milice du Temple.
    —    Pour quoi faire ?
    —    Si je le savais.
    —    Ce qui est sûr, c’est qu’il est du côté des croisés, renchérit le Minervois.
    —    Il n’est pas du nôtre, c’est évident, mais s’il était l’allié de Montfort ou de son entourage, pourquoi œuvrerait-il dans un tel secret ?
    Un long grondement d’impatience perça les ténèbres de notre petite prison.
    —    Par le cul du diable, tout cela est trop touffu pour ma cervelle, grommela Ugolin. Je suis soldat, moi, pas philosophe.
    —    Hum. fit Pernelle après un moment. D’après toi, fera-t-il une nouvelle tentative ?
    —    J’y compte bien, rétorquai-je. Et si jamais j’arrive à lui mettre la main au collet, je m’arrangerai pour qu’il me dise pourquoi il s’intéresse tant au suaire. Je lui arracherai les yeux s’il le faut.
    —    Pourquoi ai-je l’impression que même cela ne descellerait pas les lèvres de cet homme ?
    Pendant de longues minutes, plus personne ne dit rien. Nous étions tous perdus dans nos pensées, mais je n’espérais pas que quelque chose de nouveau en sorte. Je me contentai de terminer mon fromage.
    —    Nous avons entendu Guiburge et le jeune enculé discuter, l’autre nuit, finit par dire le Minervois. On dirait que notre ami Montfort a des problèmes.
    —    Ah ? Raconte.
    —    Tu me connais, je n’ai pas la tête aux questions de diplomatie. Dame Pernelle te racontera mieux que moi.
    —    Pernelle ?
    —    Eh bien, le monstre semble s’être montré un peu trop gourmand. Au cours de l’hiver, il a attaqué des terres du royaume d’Aragon, au nord des Pyrénées, et le roi Pedro II en est fort mécontent. À ses yeux, Montfort a outrepassé son mandat et, de pourfendeur des hérétiques, il est dès lors devenu un hors-la-loi. Et puis, la présence de Français aussi près des frontières de son royaume ne lui sourit guère, évidemment.
    —    Je peux le comprendre, ajoutai-je. Philippe II et Innocent ont tous deux goûté les plaisirs de la conquête. Il ne leur faudrait pas un très gros prétexte pour continuer leur route en Aragon.
    —    J’ai aussi cru comprendre que Pedro se considère comme seul suzerain de la vicomté de Carcassonne et qu’il n’apprécie pas beaucoup le fait que Montfort s’en réclame. Pour envenimer l’affaire, Simon refuse de lui prêter foi et hommage. Ajoute à cela que notre très cher ami le comte de Toulouse et son fils, Raymond VII, ont épousé chacun une sœur de Pedro. Les deux sont donc ses beaux-frères. Le sang étant plus fort que tout, il se sent obligé de leur porter secours.
    —    Un joli merdier en puissance, dis-je.
    —    Bordel de Dieu, gémit Ugolin. La tête va me fendre.
    —    Il y a mieux, continua Pernelle. On raconte que Pedro a entrepris des négociations secrètes auprès du pape. Il propose que ce vieux filou de Raymond VI cède ses terres à son fils, qui les administrerait lui-même. Entre-temps, le jeune Toulouse serait élevé en bon catholique à la cour d’Aragon, pour reprendre possession de ses domaines une fois d’âge majeur. Il a même demandé l’arrêt de la croisade !
    —    Ceci reviendrait à priver Montfort de toute possibilité d’accroître ses conquêtes. M’est avis qu’il ne verra pas la proposition d’un bon œil.
    —    Je me disais que cela avait peut-être quelque chose à voir avec

Weitere Kostenlose Bücher