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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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autre que Nantier, qui avait amplement démontré sa capacité de rester collé à ma personne. Il chevauchait à ma droite, sa monture tout près de la mienne, lié à moi. Pour ma part, j’étais fort aise que ma senestre blessée soit soulagée du poids du métal.
    Devant et derrière se tenaient ses compères. Des Barres ne laissait rien au hasard et, plus bas dans le convoi, je pus apercevoir Ugolin et la pauvre Pernelle pareillement attachés à un soldat.
    Le reste de la journée se déroula dans une atmosphère lourde et remplie d’une menace informe. L’arme au poing, les soldats étaient aux aguets et ne disaient mot. Leurs regards inquiets glissaient sans cesse sur la forêt, anticipant une nouvelle attaque. Plusieurs avaient perdu des amis et rêvaient sans doute d’en découdre à nouveau pour se venger. Mais rien ne survint qui troublât nos progrès. De toute évidence, le templier était assez rusé pour ne pas faire une deuxième tentative. Pas tout de suite, en tout cas. Mais quelque chose me disait qu’il n’abandonnerait pas.
    Je repassai dans ma tête les événements qui l’impliquaient. La première fois que je l’avais croisé, il m’avait remis un message en prononçant les mots sacrés des Neuf. Secretum Templi. Il m’avait appelé « mon frère ». Rien dans son attitude n’avait semblé menaçant. Au contraire, mon impression étant qu’il voulait m’aider. Puis, par écrit, il m’avait appelé Lucifer, m’intimant d’accepter mon sort en citant la devise des Neuf. Remets la première part de la Vérité à Montfort. Ton sacrifice ne sera pas oublié. Non nobis, domine. Non nobis, sed nomini tuo da gloriam. La note portait la signature du Cancellarius Maximus défunt. Et voilà qu’il venait de surgir de nulle part pour m’occire en me reprochant de ne pas sacrifier ma vie. Protège la Vérité, maudit lâche ! N’as-tu pas compris que ta vie n’a aucune valeur ?
    Cet homme donnait tous les signes d’être du côté des Neuf et m’ordonnait de protéger la Vérité. Pourtant, il agissait pour la perte des deux parts. Tout cela n’était que contradiction. Avais-je affaire à un fou ? Si oui, il était fort bien informé. La Vérité, le Cancellarius Maximus, le piège que m’avait tendu Montfort. Il était au courant de tout. Il était clair qu’il se croyait en droit de me juger. Était-il à la fois juge et exécuteur ou agissait-il au nom d’autres personnes ? Si oui, lesquelles ? Ces questions me hantèrent jusqu’à Carcassonne.
    Avec prudence, l’escadron rebroussa chemin dans l’étroit sentier jusqu’à la route. De là, comme l’avait suggéré Pierrepont, il fallut remonter jusqu’au village le plus proche, que nous n’atteignîmes qu’à la tombée de la nuit. L’arrivée soudaine de deux cents croisés inquiéta fort la population, mais, contrairement à son demi-frère, Guillaume des Barres, comte de Chalons, n’était pas homme à autoriser le pillage d’un hameau innocent. Il rassura patiemment le petit curé maigrichon et apeuré qui avait été délégué pour venir à la rencontre de l’escadron et négocia avec lui le droit d’installer les troupes sur la place. Les espèces sonnantes et trébuchantes avec lesquelles il le paya finirent de le calmer.
    Lorsque tout fut réglé, il fit venir Pierrepont.
    — Le premier qui touche à un cheveu d’un habitant de ce village ou qui pose un regard cupide sur ce qui ne lui appartient pas aura affaire à moi, le prévint-il avec autorité et d’une voix assez forte pour être entendu de tous. Fais passer le mot. Et l’avertissement vaut aussi pour toi. Entendu ?
    L’autre hocha sèchement la tête, ravalant cette nouvelle humiliation, et s’en fut transmettre les ordres. Le comte reporta son attention sur le prêtre du village. J’étais trop loin de lui pour saisir ce qu’il disait, mais la façon dont il me désigna me confirma que j’étais le sujet de leur conversation. Après quelques explications, le petit homme hocha la tête avec ferveur et lui adressa un sourire aussi édenté que servile.
    Guillaume fit signe à Nantier de s’approcher. Ce dernier libéra son poignet et referma le fer sur celui d’un de ses hommes avant d’obéir. Des Barres lui dit quelques mots en me montrant avec le pouce. Puis il indiqua Ugolin et Pernelle. Nantier acquiesça de la tête et s’en fut rejoindre quelques autres soldats qui s’affairaient à nourrir leur monture non loin de

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