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Le bouffon des rois

Le bouffon des rois

Titel: Le bouffon des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Francis Perrin
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sur la charge d’historiographe de l’italien
Paul Émile.
    Près de lui siégeait Georges d’Amboise. Cet homme d’à peine
trente ans, aux yeux noirs perçants et sévères, aux lèvres minces sur un menton
volontaire, fidèle d’entre les fidèles de Louis quand il était encore
d’Orléans, fut abbé à quinze ans, évêque de Montauban neuf ans plus tard, puis
évêque de Rouen, ensuite archevêque de Narbonne, enfin cardinal depuis peu. Lui
seul, bien que ce ne fût pas sa nature, pouvait se vanter de la confiance
absolue de son roi qui le considérait comme un « homme très excellent,
accompli de sens, d’expérience, de loyauté et bonne vie » capable à la
fois de traiter des affaires d’État ou privées par ses talents innés de grand
diplomate et de redoutable négociateur.
    En face de lui, son rival en quelque sorte, Pierre de Rohan,
maréchal de Gié. On peut dire sans mentir qu’il avait entièrement gouverné
pendant un temps le royaume de France. Il approchait de la cinquantaine et s’il
n’était pas le plus âgé il s’était octroyé le titre de doyen de cette auguste
assemblée. Il avait l’entière direction de l’armée, tel un ministre de la Guerre
dont il n’avait pas non plus le titre. Fidèle serviteur de la Couronne, plus
attaché à la France qu’à sa Bretagne natale, il était, tout comme moi, très
méfiant à l’égard de sa « Bretonne de reine ». Tu verras par la suite
qu’il a eu raison d’être sans cesse sur ses gardes. Ce Breton, issu de la
maison de Rohan, proche conseiller de Louis XI, puis de Charles VIII,
s’étant brillamment illustré et couvert de gloire dans les guerres d’Italie,
était un des seigneurs les plus riches du royaume. Rien n’était trop beau pour
cet homme ambitieux, suffisant mais brillant stratège aussi bien sur un champ
de bataille que dans le gouvernement du pays. Cette même année, sa folie des
grandeurs l’avait poussé à commander une impressionnante statue équestre à son
image, réalisée par le sculpteur italien Guido Mazzoni, qui suscitait une
hostilité et une jalousie dont il tirait une certaine délectation.
    Plus discret mais non moins important et efficace, Florimond
Robertet, la trentaine vaillante, issu du Forez, s’était acquis une grande
notoriété en devenant notaire et secrétaire de Charles VIII. Il était à
présent trésorier de France, proche collaborateur de Georges d’Amboise. Il
allait accompagner le roi dans tous ses déplacements grâce à sa bonne
connaissance des langues étrangères puisqu’il en pratiquait quatre :
l’italien, l’espagnol, l’anglais et l’allemand.
    À ses côtés, Étienne de Poncher, fils de bourgeois
tourangeaux, entré tardivement dans les ordres, vertueux et de bonne renommée,
apportait également une loyauté et un savoir fort utiles pour toutes les
affaires du royaume.
    Son compatriote, Guillaume Briçonnet, né dans une grande
famille tourangelle, évêque à dix-neuf ans, était président de la Cour des
comptes de Paris et commissaire du roi, inégalable dans « la boutique de
l’argenterie » et dans le commerce.
    Un peu tassé sur sa chaise, à cause de son physique malingre
mais surtout par discrétion naturelle, Claude de Seyssel, ancien docteur ès
droits en Italie, de souche noble et savoyarde, ecclésiastique dans l’âme,
installé depuis plusieurs années à la cour de France, très proche du cardinal
d’Amboise, sera lui aussi d’une grande utilité au royaume, trouvant toujours
une solution à tous les problèmes délicats grâce à son tempérament calme,
prudent et d’une droiture extrême.
    Enfin, Guillaume Budé, ancien compagnon de beuverie et de
débauche de Louis d’Orléans, avait renoncé, à l’exemple de son souverain, à
tous plaisirs de boisson, de chasse et de luxure pour devenir un fervent
chrétien, patriote au fond de l’âme. Il était le secrétaire particulier de mon
roi. Latiniste médiocre mais très érudit en grec qu’il apprit et maîtrisa très
vite, cet autodidacte, au prix d’un travail acharné, va devenir un humaniste
reconnu. Il rencontrera et discutera avec les grandes pensées de son siècle
tout en prenant le temps de faire onze enfants à sa femme qu’il avait épousée
alors qu’elle n’avait que quinze ans.
    À chaque conseil se prenaient les décisions essentielles de
la politique royale et les affaires traitées se résolvaient dans une douceur
feutrée, même si l’organe vocal du

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