Le bûcher de Montségur
bien qu’il n’avait plus à attendre de secours que de la solidité de ses murailles. Il n’avait pas dû prévoir que de sa petite citadelle le roi et le pape allaient un jour faire le symbole de l’hérésie prête à dévorer l’Église.
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172 Doat. T. XXIII, 2-39.
173 Il ne semble pas, malgré l’affirmation du traducteur anonyme de la Chanson , que le château ait été pris par les croisés. En 1212, Guy de Montfort s’était emparé de Lavelanet et ravagé les environs, et peut-être brûlé le village de Montségur.
174 Chanson de la Croisade , ch. CXLV. 3265.
175 Il était né en 1207.
176 Op. cit ., éd. 1879, t. VI, p. 768.
177 Récit fait par F. de Plaigne à Frère Ferrier, 18 mars 1244. Doat, t. XXII, pp. 293 v°-294 v°.
178 Doat, t. XXII, pp. 293 v°-295 v°.
179 Doat, t. XXII, p. 287.
180 8 août 1242.
181 Béziers, le 15 avril 1243.
CHAPITRE XII
LE SIÈGE DE MONTSÉGUR
Au mois de mai 1243, Hugues des Arcis, avec une armée de chevaliers et de sergents d’armes français, vint planter ses tentes au pied du rocher de Montségur. Il allait recevoir des renforts, l’encerclement d’une montagne de cette dimension exigeait des effectifs importants. Cette place trop haut perchée ne pouvait, semblait-il, être réduite que par la faim et la soif. Il n’y avait qu’à l’empêcher de communiquer avec le dehors, et laisser le soleil d’été vider les citernes. Dans le château et dans les baraquements entassés sous ses murs logeaient plusieurs centaines de personnes : la garnison (entre 120 et 150 hommes), les familles des seigneurs et des hommes d’armes, et les hérétiques proprement dits, qui devaient être environ deux cents, hommes et femmes.
I – LE SIEGE
Le siège devait être beaucoup plus long que ne le furent tous les sièges entrepris par Simon de Montfort (si l'on excepte celui de Toulouse dont la situation était difficilement comparable à celle de Montségur). Carcassonne avait tenu quinze jours. Minerve et Termes quatre mois, Lavaur deux mois, Penne d’Agenais moins de deux mois, Montgaillard six semaines, etc. Toutes ces places étaient beaucoup plus fortes, militairement, que Montségur. Des châteaux tels que Termes et Minerve possédaient aussi des défenses naturelles qui les rendaient imprenables ; ils avaient été réduits par la soif. Montségur, étant donné ses dimensions exiguës, était surpeuplé comme aucun des autres châteaux (à part Carcassonne) ne l’avait été au cours d’un siège.
Logiquement, il eût dû capituler à la fin de l’été, mais tint assez longtemps pour attendre les pluies ; là, les assiégeants ne pouvaient plus compter sur le manque d’eau.
Ils n’avaient pas non plus à compter sur la faim ; des dons abondants de croyants riches et pauvres avaient fait de Montségur un immense entrepôt de vivres ; l’éventualité d’un siège était toujours à prévoir, et si en 1235 les croyants organisaient des collectes parce que les bons hommes de Montségur n’avaient rien à manger, en 1243 le ravitaillement de la place ne posait plus de problèmes : les dons affluaient, le petit village au pied du roc était devenu un marché où venaient tous les commerçants des bourgs voisins ; du Toulousain et du Carcassès des convois de blé étaient acheminés sur Montségur. Et le meurtre des inquisiteurs n’avait pu que rehausser encore le prestige de la citadelle cathare, devenue de ce fait le refuge des héros de la liberté. Pendant le siège, le château continuait à être ravitaillé par des partisans venus de dehors qui parvenaient à forcer le blocus de l’armée assiégeante, et à monter jusqu’au sommet du roc d’importantes quantités de blé.
La garnison recevait le concours de forces fraîches ; des hommes dévoués à la cause cathare traversaient de nuit les lignes ennemies pour grimper jusqu’au château et se joindre aux défenseurs. Tout le temps que dura le siège, les communications avec l’extérieur continuèrent : la montagne, longue, large, escarpée, énorme vague de blocs calcaires terminée au sommet par une roche nue descendant presque à pic dans la vallée, était très difficile à encercler complètement. L’armée assiégeante, dont les effectifs montèrent parfois jusqu’à dix mille hommes, ne pouvait contrôler de nuit et de jour tous les sentiers et pas de montagne par lesquels les assiégés sortaient, rentraient, ramenaient des amis, des
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