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Le bûcher de Montségur

Le bûcher de Montségur

Titel: Le bûcher de Montségur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Zoé Oldenbourg
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provisions, des nouvelles du dehors. En fait, la difficulté du siège venait sans doute autant de la complicité inlassable et fervente de la population du pays avec les assiégés, que des merveilleuses défenses naturelles de la forteresse.
    L’armée d’Hugues des Arcis, en se présentant au pied du roc formidable au sommet duquel le château semblait narguer l’adversaire, dut d’abord installer son camp au col du Tremblement, fermant ainsi aux assiégés l’accès le plus commode vers la vallée, et occuper le village ; elle ne pouvait faire grand-chose d’autre, il ne restait qu’à attendre des renforts. L’archevêque de Narbonne envoya des milices recrutées parmi les bourgeois et les gens du peuple.
    On ne possède aucun renseignement précis sur le nombre des chevaliers français amenés par le sénéchal : peut-être plusieurs centaines, car Hugues des Arcis s’était préparé à un siège sérieux et avait dû faire appel à une bonne partie des effectifs militaires dont il disposait. Aussi bien, les défaites toutes récentes de Trencavel et de Raymond VII laissaient-elles aux Français les mains libres ; cette chevalerie, qui n’avait pas fait les campagnes de Simon de Montfort, ne possédait sans doute pas l’expérience nécessaire pour combattre dans un pays de montagne, mais elle constituait un corps d’armée discipliné et solide, capable de prendre l’ennemi par l’usure, au cas où l’escalade du pog s’avérerait impossible. Mais les Français, même avec leurs écuyers et sergents d’armes, n’étaient évidemment pas assez nombreux. Les armées locales, supérieures en nombre, étaient surtout composées de fantassins que, sur réquisition de l’archevêque, villes et bourgs équipaient et envoyaient à leurs frais ; beaucoup n’étaient même pas soldats de profession. La plupart ne devaient pas avoir un grand désir de se battre contre leurs compatriotes et faisaient leur temps de service à contrecœur. Il formaient les détachements qui encerclaient la montagne et contrôlaient les routes, les passages et les gorges ; tout au long du siège, malgré les efforts de l’archevêque, il y eut dans cette armée des désertions et, bien entendu, une complicité passive avec les assiégés. Ceux-ci traversaient sans cesse les lignes, parfois en groupes nombreux, et le blocus de la montagne, sur lequel Hugues des Arcis comptait pour réduire l’adversaire, se trouvait être pratiquement impossible. Ce nid d’aigle ne pouvait qu’être pris d’assaut, entreprise qui, à première vue, semblait désespérée.
    On ne pouvait songer à tenter l’escalade du rocher, ni même celle de la pente découverte, encore assez raide, qui, du col du Tremblement, menait au château : le détachement qui se fût risqué sur cette pente eût été écrasé par les pierres jetées par les défenseurs bien avant d’avoir fait la moitié de la côte. Les Français étaient donc forcés de se tenir à une bonne distance du château, et ne pouvaient se servir ni de leurs armes ni de leurs machines.
    La crête orientale, la seule qui pût être escaladée sans danger – si l’on peut dire – ne pouvait être atteinte que par des sentiers de montagne assez raides, des pistes forestières connues des gens du pays mais assez difficilement accessibles ; et d’ailleurs, la crête elle-même, parcourue par des sentinelles et, de plus, séparée du château par une dénivellation d’une dizaine de mètres, ne donnait pas encore directement accès à la citadelle. Cette crête étroite, longue d’une centaine de mètres environ, constituait le seul point d’accès et était protégée par des fortifications en bois, d’où les défenseurs pouvaient aisément repousser les assaillants dans l’abîme.
    Pendant cinq mois, assiégés et assiégeants restèrent sur leurs positions respectives, les uns perchés au sommet de la montagne, les autres éparpillés dans les vallées et sur les pentes des alentours ; il semble qu’il y ait eu des tentatives d’escalade repoussées, car on sait que trois hommes de la garnison de Montségur furent mortellement blessés avant octobre 1243. C’était à peu près le seul résultat obtenu par cinq mois d’un siège coûteux et épuisant.
    Qui étaient les défenseurs et les habitants de la place assiégée ? Les registres des inquisiteurs nous révèlent les noms de trois cents personnes qui se trouvaient dans le château pendant le siège ;

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