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Le bûcher de Montségur

Le bûcher de Montségur

Titel: Le bûcher de Montségur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Zoé Oldenbourg
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Domerc (mari de Bruna), Arnaud Dominique, Guillaume de Narbonne, Pons Narbona (mari d’Arssendis), Johan Reg, Guillaume du Puy, Guillaume-Jean de Lordat, enfin Raymond de Belvis et Arnaud Teouli entrés à Montségur au moment où la situation de la citadelle était déjà désespérée, et qui semblent n’y être venus au prix de tant dangers que pour devenir martyrs. Tous ces soldats qui pouvaient quitter le château avec les honneurs de la guerre et la tête haute ont préféré s’en laisser chasser comme des bêtes pour être parqués sur des fagots de bois sec et brûler vifs à côté de leurs maîtres dans la foi.
    Sur ces derniers, nous ne savons pas grand-chose – à part le fait que l’évêque Bertrand, Raymond de Saint-Martin, Raymond Aiguilher accordèrent le consolamentum aux personnes qui l’avaient demandé, et distribuèrent leurs biens. Les parfaits et les parfaites étaient au nombre de 190 environ, puisque l’on sait que les hérétiques brûlés à Montségur étaient près de 210 ou 215 ; et les noms des personnes que l’on peut citer de façon certaine sont presque tous des noms de simples croyants, de ceux qui s’étaient convertis au dernier moment.
    Il est assez émouvant de constater que, de ce qui restait de la garnison, un bon quart étaient des hommes prêts à mourir pour leur foi, non pas dans un sursaut d’enthousiasme, mais après des jours et des jours de consciente préparation. Les martyrs d’une religion vaincue ne sont pas canonisés ; mais ces hommes et ces femmes dont le nom ne fut enregistré que dans le but de porter sur la liste noire ceux qui assistèrent à leur initiation, méritent pleinement le titre de martyrs.
    Parmi les parfaits enfermés dans la place au moment de la capitulation, trois au moins échappèrent au bûcher. Ce fait constituait une violation des accords conclus ; il ne fut du reste connu qu’après l’occupation du château par les Français : dans la nuit du 16 mars Pierre-Roger faisait évader, au moyen de cordes suspendues au-dessus de la falaise occidentale, les hérétiques Amiel Aicart et son compagnon Hugo Poitevin et un troisième homme dont le nom est resté inconnu, peut-être un guide de montagne. Pendant que les croisés entraient dans Montségur, ces hommes étaient restés cachés dans un souterrain et échappèrent ainsi au sort de leurs frères ; ils devaient mettre à l’abri ce qui restait dans le château du trésor des hérétiques, et retrouver la cachette où était enfoui l’argent qu’ils avaient évacué deux mois plus tôt. En effet, P.-R. De Mirepoix et ses chevaliers quittèrent le château les derniers, après les parfaits, et après les femmes et les enfants ; ils devaient donc, jusqu’à un certain point, rester maîtres de la place. L’évasion, semble-t-il, réussit pleinement, puisque ni les trois hérétiques ni le trésor ne furent découverts par les autorités.
    « Lorsque les hérétiques sortirent du château de Montségur qui devait être rendu à l’Église et au roi, Pierre-Roger de Mirepoix retint dans ledit château Amiel Aicart et son ami Hugo, hérétiques ; et dans la nuit pendant laquelle les autres hérétiques furent brûlés, il cache lesdits hérétiques ; et il les fit évader ; et cela fut accompli afin que l’Église des hérétiques ne perde pas son trésor qui était caché dans les forêts ; et les fugitifs connaissaient la cachette… 194  » B. de Lavelanet dit aussi que l’on aurait descendu sur des cordes A. Aicart, Poitevin et deux autres, qui étaient restés cachés sous terre pendant que les croisés entraient dans le château. Montségur tombé, l’Église cathare continuait la lutte.
    À part ces trois (ou quatre) hommes chargés d’une importante et dangereuse mission, aucun des parfaits ne put et peut-être ne voulut fuir le bûcher. La trêve expirée, le sénéchal et ses chevaliers accompagnés par les autorités ecclésiastiques, se présentaient à la porte du château. L’archevêque de Narbonne était rentré chez lui avant la fin de la trêve. L’Église était représentée sur les lieux par l’évêque d’Albi, et les Frères Ferrier et Duranti, inquisiteurs ; la tâche des Français était terminée, ils avaient promis la vie sauve aux combattants ; le sort des défenseurs de Montségur ne dépendait plus que du tribunal ecclésiastique.
    Raymond de Perella, en livrant la place, livrait aux bourreaux sa femme et sa plus jeune

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