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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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porte d'entrée, y retira la clé qui se trouvait dans la serrure, la compara et revint vers Nicolas.
    — Puis-je savoir, monsieur, comment vous disposez d'un double de la clé de mon logis ?
    — Elle vient d'être forgée à partir d'empreintes de cire que nous avons découvertes chez M. Deplat.
    Il demeura silencieux un moment, la tête baissée.
    — Oui, oui… bien sûr. J'égarais souvent mes clés. Je l'avais chargé de m'en faire des doubles.
    — Ainsi vous étiez très liés tous les deux ?
    — Nous avions d'amicales relations.
    — Amicales… certes. Et celle-ci ? demanda Nicolas en élevant le petit modèle à hauteur du visage de Rivoux.
    Rivoux rougit jusqu'à la racine des cheveux. Son regard, suivi par Bourdeau à l'affût, se porta un court instant sur un petit coffret de marqueterie et écaille qui trônait au milieu de la bibliothèque et se confondait avec ses reliures fauves. L'inspecteur prit la clé des mains de Nicolas, se précipita sur l'objet, l'ouvrit en un tournemain. Un flot de lettres s'en échappa. Nicolas les ramassa et un coup d'œil lui suffit pour comprendre qu'il s'agissait de lettres d'amour de Saül Peilly adressées à Agnès Guinguet.
    — Comment, monsieur, m'expliquerez-vous la présence ici de la correspondance intime de M. Peilly et d'Agnès Guinguet ?
    Rivoux semblait réfléchir, les yeux baissés.
    — Il ne fallait pas laisser de traces, murmura-t-il. Agnès était par trop imprudente de les conserver, et lui de les avoir écrites.
    — C'est cela que vous nommez conter fleurette, n'est-ce pas ?
    Nicolas ne parvenait pas à définir le sentiment que lui inspirait l'attitude de l'officier. Restait que trop de présomptions s'accumulaient. Le laisser libre de ses mouvements était un risque qu'il ne voulait pas courir. Une mise au secret était indispensable.
    — Monsieur, dans l'incertitude où nous sommes de déterminer qui a tué Saül Peilly, événement dont vous êtes à coup sûr informé et sur lequel je vous soupçonne de détenir de précises et éclairantes lumières, j'ai le devoir, au nom du roi, de vous arrêter. Vous serez placé au secret avant d'être présenté au lieutenant criminel. Je vous conseille d'avouer au plus tôt le lieu où Lavalée est retenu prisonnier.
    Rivoux voulut parler, mais se retint au dernier moment. Il enfila une redingote et suivit les policiers. La nuit tombait quand la voiture s'arrêta sous le porche du Grand Châtelet. Deux hommes en descendirent, Nicolas Le Floch et, dissimulé sous les vêtements et le tricorne de Bourdeau, Emmanuel de Rivoux.

X
    LES FOLLES JOURNÉES
    Seigneur, je ne suis qu'un homme, mais roi de France est cet homme. À vous l'œuvre de me garder.
    Philippe Auguste
    De retour fort tard rue Montmartre, Nicolas déclina les alléchantes propositions de Catherine, se contentant d'une assiette de bouillon maigre pour se réchauffer. À l'étage retentissaient d'impérieux coups de canne. Averti de son arrivée par l'agitation de Cyrus et de Mouchette, M. de Noblecourt depuis sa chambre souhaitait qu'il se manifestât. En tenue de nuit, il le fit asseoir dans sa ruelle. Il prit un plaisir extrême au récit de la conversation avec le duc de Richelieu et s'enfonça dans ses oreillers, les yeux fermés au point où il paraissait dormir ; en fait il prêtait la plus grande attention au récit des derniers événements. À la fin, il poussa un soupir plein de contention.
    — Il taille son chemin et croyez-vous qu'il s'inquiète de mon état ? Oh ! je puis bien trépasser, qu'importe. Soit, en dépit de son indifférence, je lui apprendrai que grâce à la sauge, aux fanes de racines et au poireau bouilli, dame goutte a quitté le logis. J'ai reconquis la verticale position et mon esprit, aiguisé par ce repos forcé, est prêt à pétarder en étincelles à votre ingrat bénéfice.
    Nicolas s'étouffait de rire.
    — Mon Dieu, j'en suis bien aise, monsieur le procureur.
    — Hum ! Vous mériteriez le silence. Vous serez pardonné à cause de la tristesse que j'ai perçue chez vous pour la pauvre Freluche… Sachez cependant, monsieur, que votre affaire ne m'a point quitté l'esprit et qu'avant de souffler la chandelle, je tiens à vous éclairer de mes incertitudes. Dans l'enquête qui vous occupe, je pressens comme un déséquilibre. Le fléau faussé de la justice, que sais-je ? La silhouette d'un théâtre d'ombres dans lequel personne ne joue son vrai personnage ? Quel étrange

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