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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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rien dans votre attitude ne m'a incité à vous en parler. On ne prête qu'aux riches, vous savez toujours tout. Je vous imaginais au fait de ce qui s'était passé. Que ne m'avez-vous interrogé !
    Nicolas à cet instant eut l'intuition qu'en vérité Sartine et d'Arranet ignoraient la vraie nature de l'événement. Personne à part un sergent de la compagnie du guet, Sanson, Semacgus et Bourdeau, ne connaissait le fin mot de ce qui était advenu à Saül Peilly, sa mort par piège préparé et le fait qu'il ait été en outre achevé au sol.
    — Permettez-moi, monseigneur, de vous poser une question.
    — Il n'est pas… dit Sartine.
    — Laquelle ? dit d'Arranet, coupant la parole au ministre.
    — La raison de l'enlèvement du peintre Lavalée et de la destruction de ses œuvres.
    — Nous avions été informés que des portraits de Peilly circulaient et qu'on recherchait des témoins. Il nous a été facile par vous et par nos informateurs de remonter jusqu'à Lavalée. Rassurez-vous, il est en lieu sûr.
    — Cela ne le regarde point, dit Sartine.
    — Au dernier degré, au contraire ! Il vous faut, monseigneur, faire effort de vous mettre à ma place pour juger sainement de ma conduite. Autrement vos raisonnements tournent à vide sans éléments pour conclure. Je crois que l'ignorance reconnue vaut mieux que cette fausse assurance qui s'imagine savoir ce qu'on ignore !
    — Et, selon vous, nous ne savons pas ?
    — Oui, l'essentiel vous échappe. Tout ce qui motive des actions peu faites pour être comprises à leur juste mesure. Comment croyez-vous que Peilly a péri ? Une chute selon vous ? Dans ces conditions si bien ménagées ? Aucune enquête pour vérifier les faits, rien. Supposons que la pierre ait effiloché…
    — La corde, dit Sartine impatient, cela nous le savons.
    — Pas la corde, monseigneur.
    — Comment pas la corde, vous-même…
    — J'achève mon propos. Ce n'est point une corde que la pierre a effilochée, mais bien des draps noués. Voyez comme à votre niveau, le menu vous échappe.
    L'amiral leva les deux bras comme pour apaiser le ministre que le propos de Nicolas relançait.
    — Des draps fournis par qui ? poursuivait Nicolas. On peut supposer par ceux de créatures chargées du détail de la préparation de l'évasion. On fournissait au prisonnier d'agréables victuailles à la pistole . Or ces draps, des expériences concluantes le prouvent, avaient été imprégnés d'un acide affectant leur solidité. Un poids conséquent, une traction trop prolongée, et les draps noués se lacèrent précipitant votre homme dans le vide avant qu'il ne s'écrase dans la rue. Mais détail qui vous a échappé, il n'est point mort et détail de surcroît qui vous a également échappé, il n'est pas assuré que les blessures consécutives à sa chute l'auraient tué si un coup de fer de canne proprement ajusté ne l'avait bel et bien achevé !
    — Vous l'affirmez ! Mais n'est-ce pas plutôt une des fâcheuses conséquences de ces manipulations macabres auxquelles vous vous complaisez depuis tant d'années ?
    — Monseigneur, monseigneur, ces expériences marquent les progrès des lumières du siècle dans le domaine criminel. Ce sont ces méthodes appliquées à Vienne depuis des années qui m'ont si souvent permis de démêler les affaires que vous m'avez soumises.
    — Soit. Quelle que soit la part de vraisemblance dans vos affirmations, il reste que vous détenez un officier du roi et que je vous somme de me le remettre immédiatement.
    — De lourdes présomptions pèsent sur le lieutenant de vaisseau Emmanuel de Rivoux. Les preuves rassemblées imposent jusqu'à nouvel ordre son maintien au secret.
    — Monsieur, comment osez-vous ! Vous vous oubliez. Sachez que même si Rivoux pouvait être, ce qu'à Dieu ne plaise, accusé, il ne dépendrait pas de vous d'instrumenter à son encontre. Amiral, rappelez-lui les règles.
    — En ce qui concerne la marine, Sa Majesté exerce son droit de justice par l'intermédiaire du secrétaire d'État, ministre de la marine et des colonies. Ainsi pour un crime commis et projeté à l'occasion du service du roi, il relève de la justice particulière de la marine. Si c'était le cas pour l'officier en question, vous n'y avez nulle autorité.
    — Ainsi c'est Sa Majesté qui exerce directement sa justice ?
    — Si vous tenez à l'exprimer ainsi, oui.
    — Eh, bien ! Je réponds que j'ai toute autorité pour évoquer

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