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Le cadavre Anglais

Le cadavre Anglais

Titel: Le cadavre Anglais Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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venait de traverser Nicolas. Il l'exprima aussitôt.
    — À condition qu'on ne s'en prenne pas à notre pastelliste lui-même ! Nos adversaires paraissent fort au point de tout ce que nous entreprenons. M'est avis, mes amis, qu'une visite même tardive à notre homme s'impose, et immédiatement. On reprend la voiture. Rabouine, tu nous accompagnes.
    — J'ai un cheval. J'y serai avant vous.
    Ils réglèrent leur écot à une mère Morel désolée de les voir partir aussi vite. Quand le fiacre s'ébranla, Rabouine avait déjà disparu. La neige tombait dru. Leur voiture allait au pas, dérapant aux tournants. À d'autres moments, l'attelage chassait par-devant. Pendant que Bourdeau, qui avait un peu abusé de l'eau claire , piquait du nez, Nicolas faisait le point. L'affaire de la Samaritaine n'était pas un vol ordinaire. Tout laissait supposer qu'il s'agissait d'un travail d'amateur. Des voleurs expérimentés se seraient habilement emparés du portrait, sans courir le risque insensé d'une agression en plein jour et à la sortie du pont de Paris le plus fréquenté. Bourdeau se réveilla en sursaut.
    — Il faut chercher chez les horlogers… Oui, votre Rodollet en a cité deux. Le Roy et Berthoud, je crois.
    — Le milieu de ce négoce-là est assez répandu dans Paris, mais la plupart des boutiques et des ateliers connus se retrouvent place Dauphine, quai des Orfèvres, rue du Harlay et au Cours du Palais.
    Bourdeau opina, tout en balayant de la main la buée qui recouvrait la glace de la voiture.
    — Si ce temps se poursuit, faudra avoir recours aux aveugles pour circuler, comme naguère !
    — Cet aveuglement est à l'image du déroulement de notre enquête. Chacun s'évertue à en gazer les contours et à en miner les fondements.
    La montagne Sainte-Geneviève péniblement gravie, bientôt la masse du collège de Montaigu se profila. À peine sortis de la voiture, ils s'enfoncèrent dans la neige à mi-bottes. Ils durent soulever le marteau à plusieurs reprises avant qu'on ouvre prudemment et qu'apparaisse la face pointue de la portière, émergeant d'une coiffe de nuit.
    — Quoi ! Encore ? Y en a pas assez durant la journée, les voilà qui dérangent la nuit tombée. Quelles brides à veaux 85 m'allez-vous jeter ? Hein ?
    Elle leva sa lanterne et toisa Nicolas.
    — Encore vous ! C'est-y pas que vous en voulez à nouveau au paillard du fond ? N'est point en logis.
    — Comment ? Où se trouve-t-il ?
    — Et pourquoi, moi, je vous répondrais ? J' suis point là pour le torcher, ce traîne-potence !
    Elle tenta de leur claquer la porte au nez. L'inspecteur la bloqua du bout de sa botte.
    — La vieille, cela suffit ! Si tu n'ouvres pas, tu vas te retrouver à Bicêtre sans autre forme de procès. Obéis au commissaire et avise-toi maintenant de ne lui point répondre. Au fond, tu es brave et tu vas causer gentiment.
    — Voilà un propos à double branche. Voyez le brusquiaire 86 qui tanne le pauvre peuple ! Vous arrivez à terme et maintenant il est plus malaisé de faire mieux qu'autrement.
    — Elle se gausse ! Elle nous mène au diable vert , murmura Nicolas.
    — Gare ! reprit Bourdeau, excédé par l'obscurité du propos, il n'y a pas de terrain plus glissant que celui de la fausseté. Si tu persistes à t'incruster en falibourdes 87 tu t'en repentiras !
    — Ce que je voulais vous dire, susurra-t-elle, soudain cajoleuse, c'est que vous surgissez trop tard. D'autres sont déjà venus, de vos amis à coup sûr, et ont arrêté le Lavalée.
    — Comment cela ?
    — Oui-da, plusieurs hommes et deux voitures. Alors, hein ! Que dites-vous de cela ?
    Provocante, elle balançait sa lanterne dont la lumière portait par à-coups sur sa figure chafouine, l'autre main posée sur la hanche.
    — Il suffit, coupa Nicolas. Quand cesseras-tu donc de carillonner ? Lavalée était-il seul au logis lorsqu'il a été arrêté par ces inconnus que vous supposez appartenir à la police ?
    — J'suppose rien du tout, je crache ce que je vois ! Et ce n'est pas beau ; les loups se mangent entre eux… Toutefois, mon beau monsieur, pour répondre à votre question, je dirais qu'à l'instant où il est passé devant moi tout couvert de liens, l'était tout seul.
    — Est-ce à dire qu'il ne l'était pas auparavant ?
    — Peut-être bien en effet que sa gaupe se trouvait là à lui prodiguer ses saletés.
    — Et alors ?
    — Sans doute par un tour de souplesse, elle a réussi

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