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Le Capitaine Micah Clarke

Le Capitaine Micah Clarke

Titel: Le Capitaine Micah Clarke Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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fit remarquer Sir Gervas.
    – Oui, c'est vrai, dit le vieillard, en
souriant. Mais que pensez-vous de mes jeunes gens, monsieur ?
Il faut qu'ils soient d'une classe très différente de celle que
vous connaissez, si comme on me le dit, vous avez fréquenté le
monde de la cour.
    – Mais parbleu oui, ce sont de fort braves
jeunes gens, sans doute, répondit Sir Gervas, d'un ton léger. M'est
avis toutefois qu'ils manquent un peu de sève. Ce qu'ils ont dans
les veines, ce n'est pas du sang, mais du petit lait aigri.
    – Non, non, répondit le Maire avec chaleur.
Sur ce point, vous ne leur rendez pas justice. Leurs passions,
leurs sentiments sont soumis à un contrôle. C'est ainsi qu'un bon
cavalier tient son cheval en main. Mais ils existent tout autant
que dans l'animal il existe de la vitesse et de l'endurance.
Avez-vous remarqué le pieux jeune homme qui était assis à votre
droite, et que j'ai eu maintes fois sujet de réprimander pour son
excès de zèle ? C'est un bon exemple à citer pour faire voir
comment un homme peut garder la haute-main sur ses sentiments, et
les maintenir sous la règle.
    – Et comment y est-il arrivé ?
demandai-je.
    – Hé bien, entre amis, dit le Maire, ce fut
seulement à la dernière Annonciation qu'il demanda la main de ma
petite fille Ruth. Son temps est presque terminé, et son père, Sam
Derrick, est un estimable ouvrier, en sorte que le mariage serait
assez bien assorti. La jeune personne l'a pris en grippe – les
jeunes filles ont aussi leurs caprices – et il n'a plus été
question de rien. Et pourtant il demeure sous le même toit, il la
coudoie du matin jusqu'au soir, sans jamais laisser rien percer de
cette passion, qui n'a pas pu s'éteindre aussi vite. Deux fois mon
magasin à laines a été détruit au ras du sol par l'incendie, et
deux fois il s'est mis à la tête de ceux qui luttaient contre les
flammes. Bien peu de gens, après avoir vu leur demande repoussée,
auraient été capables de faire preuve d'autant de résignation et de
patience.
    – Je suis tout disposé à reconnaître la
justesse de votre appréciation, dit Sir Gervas Jérôme. J'ai appris
à ne pas prendre au mot les antipathies trop promptes, et j'ai
présent à l'esprit ce distique de John Dryden :
    Les erreurs, comme les brins de paille,
flottent à la surface,
    Quiconque cherche des perles, doit plonger
dans les profondeurs
    – Ou bien, dit Saxon, le digne Docteur Samuel
Butler, qui dit, dans son immortel poème d'Hudibras :
    Le sot ne voit que la peau ;
    Le sage s'efforce de regarder à
l'intérieur.
    – Je m'étonne, Colonel Saxon, dit notre hôte
d'un ton sévère, de vous entendre parler avec éloge de ce poème
licencieux. D'après ce que j'ai ouï dire, il a été composé dans le
but exprès de jeter le ridicule sur les gens pieux. Je n'aurais pas
été plus surpris de vous entendre louer l'ouvrage criminel et sot
de Hobbes, qui soutient cette thèse malfaisante : « 
À Deo
Rex, à Rege lex
 » : « De Dieu vient le Roi, du
Roi vient la loi. »
    – Il est vrai que je méprise et dédaigne
l'usage que Butler a fait de sa satire, dit adroitement Saxon.
Toutefois je puis admirer la satire elle-même, tout comme je puis
admirer une lame damasquinée, sans approuver la querelle pour
laquelle on la tire.
    – Ces distinctions-là, je le crains, sont trop
subtiles pour ma vieille cervelle, dit l'énergique vieux Puritain.
Cette Angleterre, notre patrie, est divisée en deux camps, celui de
Dieu, et celui de l'Antéchrist. Quiconque n'est point avec nous est
contre nous, et aucun de ceux qui servent sous la bannière du démon
n'aura rien de moi, sinon mon mépris et le tranchant acéré de mon
épée.
    – Bien, bien, dit Saxon, en remplissant son
verre, je ne suis point un Laodicéen, non plus qu'un adorateur du
succès. La cause ne trouvera point en défaut ma langue ni mon
épée.
    – Pour cela, j'en suis bien convaincu, mon
digne ami, répondit le Maire, et si j'ai parlé en termes trop secs,
vous voudrez bien m'excuser. Mais j'ai le regret d'avoir à vous
annoncer de mauvaises nouvelles. Je ne les ai point fait connaître
au corps communal, de peur de le décourager, mais je sais que
l'adversité sera simplement la pierre sur laquelle votre ardeur
s'aiguisera et prendra un tranchant plus fin. Le soulèvement
d'Argyle a échoué. Lui et ses compagnons sont tombés entre les
mains de l'homme qui n'a jamais su ce que c'est que le pardon.
    À ces mots, nous sursautâmes

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