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Le Capitaine Micah Clarke

Le Capitaine Micah Clarke

Titel: Le Capitaine Micah Clarke Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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la
soirée ?
    – D'une façon fort piteuse, car la figure de
Charles, qui avait le teint assez sombre en tout temps, s'assombrit
encore à notre entrée, et son frère le Papiste ne se montra guère
plus complaisant. On ne nous avait amenés là que dans le but de
nous éblouir de leur clinquant, de leurs hochets, et pour que nous
eussions à raconter de belles choses aux gens de l'Ouest.
    « Il y avait là des courtisans à l'échine
souple, des nobles à la démarche guindée, des courtisanes aux
épaules nues, et qui sans leur haute naissance, auraient été
envoyées à Bridewell aussi bien que pas une des pauvres filles
qu'on a promenées derrière une charrette. Puis, il y avait là les
gentilshommes de la chambre, avec leurs habits couleur de cinnamome
ou de prune, et un bel étalage de dentelle, d'or, de soie, de
plumes d'autruche.
    « L'ami Foster et moi, nous nous faisions
l'effet de deux corbeaux qui se seraient égarés parmi une troupe de
paons. Mais nous avions présent à l'esprit Celui à l'image duquel
nous avons été créés, et nous nous comportâmes, je l'espère, en
citoyens anglais, indépendants.
    « Sa Grâce le Duc de Buckingham se permit
de nous railler.
    « Rochester nous tint des propos
narquois.
    « Les femmes minaudaient, mais nous
présentâmes notre front de bataille, mon ami et moi, pour discuter,
ainsi que je m'en souviens bien, les très précieuses doctrines de
l'élection et de la réprobation, sans faire grande attention à ceux
qui se moquaient de nous, non plus qu'aux gens qui jouaient, à
notre gauche, ni aux gens qui dansaient à notre droite.
    « Nous tînmes bon ainsi pendant toute la
soirée.
    « Alors s'apercevant que ces gens-là ne
s'amuseraient guère à nos dépens, Milord Clarendon, le chancelier,
nous fit signe de nous retirer, ce que nous fîmes sans nous
presser, après avoir salué le Roi et la société.
    – Non, pour cela, je ne l'aurais jamais fait,
s'écria le jeune Puritain qui avait écouté attentivement le récit
de son ancien. N'eût-il pas été bien plus à propos de lever vos
mains et d'appeler la vengeance sur eux, ainsi que le fit le saint
homme de jadis sur les cités criminelles.
    – Plus à propos, dites-vous ? répondit le
Maire avec impatience. Ce qui est le plus à propos, c'est que la
jeunesse se taise, jusqu'au moment où on lui demande son avis sur
des affaires de ce genre. La colère de Dieu marche avec des pieds
de plomb, mais elle frappe avec des mains de fer. Au moment propice
qu'il s'est choisi, il a jugé quand serait pleine à déborder la
coupe des iniquités de ces hommes-là. Ce n'est point à nous à l'en
instruire. Ainsi que l'a dit le Sage, les malédictions ont
l'habitude de revenir à leur perchoir. Mettez-vous cela dans
l'esprit, Maître Derrick, et n'en soyez pas trop libéral.
    Le jeune apprenti – car c'en était un – courba
la tête d'un air maussade sous cette réprimande.
    Puis le Maire, après un court silence, reprit
son récit :
    – Comme la nuit était belle, dit-il, nous
décidâmes de regagner à pied notre logement, mais jamais je
n'oublierai les scènes scandaleuses que nous vîmes en route. Le bon
Maître Bunyan, d'Elstow, aurait pu ajouter quelques pages à sa
description de la Foire aux Vanités, s'il s'était trouvé avec nous.
Des femmes avec des mouches, aux cheveux teints, aux fronts
d'airain, les hommes, aux allures désordonnées, tapageuses, et
blasphémant, et les cris, et le maquerellage, et l'ivrognerie.
C'était bien le royaume qui méritait d'être gouverné par une cour
pareille. À la fin, nous passâmes par des rues plus tranquilles, et
nous espérions en avoir fini avec nos aventures, quand tout à coup
arriva au galop une troupe de cavaliers à moitié ivres, sortant
d'une rue latérale, qui attaquèrent les passants à coups d'épée,
comme si nous étions tombés dans une embuscade de sauvages en
quelques pays de mécréants. Ils étaient, à ce que je supposais, de
la même couvée que ceux au sujet de qui l'excellent John Milton À
écrit : « Fils de Bélial, gonflés d'insolence et de
vin. » Hélas ! ma mémoire n'est plus ce qu'elle était :
car il fut un temps où j'aurais pu réciter par cœur des chants
entiers de ce noble et pieux poème.
    – Et comment vous êtes-vous tiré d'affaire
avec ces querelleurs, monsieur ? demandai-je.
    – Ils nous assaillirent, nous et quelques
autres honnêtes citadins qui regagnaient leur domicile. Brandissant
leurs épées,

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