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Le Capitaine Micah Clarke

Le Capitaine Micah Clarke

Titel: Le Capitaine Micah Clarke Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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très droit, brusque dans son langage, et
dont la tournure faisait songer à un soldat plutôt qu'à un homme de
loi.
    – Voilà, dit-il en appuyant le cachet sur la
cire qui couvrait le nœud du cordon. Je vois que votre cheval vous
attend tout sellé, dehors. Vous ferez bien de passer par Nether le
Bas, et le Canal de Bristol, car nous avons appris que la cavalerie
ennemie garde les routes jusqu'au delà de Wells. Voici votre
paquet.
    Je m'inclinai et plaçai le pli dans
l'intérieur de ma tunique.
    – C'est un ordre écrit, ainsi qu'il a été
proposé dans le conseil. Le Duc répondra peut-être par écrit,
peut-être de vive voix. Dans les deux cas, conservez bien sa
réponse. Le paquet contient aussi les dépositions du clergyman de
la Haye, et celles des deux témoins présents au mariage de Charles
d'Angleterre avec Lucy Walters, la mère de Sa Majesté. Votre
mission est d'une importance telle que le succès de notre
entreprise peut en dépendre entièrement. Faites en sorte de
remettre le papier à Beaufort en personne. Sans quoi il n'aurait
peut-être aucune valeur devant un tribunal.
    Je promis de le faire, si la chose était
possible.
    – Je vous engagerais aussi, reprit-il, à
emporter le sabre et le pistolet pour vous prémunir contre les
dangers de la route, mais à laisser ici casque et cuirasse, qui
vous donneraient une tournure trop guerrière pour un paisible
messager.
    – J'avais déjà pris ce parti, dis-je.
    – Il n'y a plus rien à ajouter, capitaine, dit
l’homme de loi, en me tendant la main. Puisse la bonne fortune vous
accompagner ! Ayez la langue muette et l'oreille au guet.
Veillez attentivement sur tout ce qui se passera. Examinez bien
quelles gens auront l'air sombre ou l'air content. Il peut se faire
que le Duc soit à Bristol, mais il est préférable que vous alliez à
sa résidence de Badminton. Notre mot de passe est aujourd'hui
Tewkesbury.
    Après avoir remercié mon instructeur de ses
conseils, je sortis et montai sur Covenant, qui piétinait le sol et
rongeait son frein, tout joyeux de son nouveau voyage.
    Fort peu de citadins étaient dehors, mais plus
d'une tête coiffée du bonnet de nuit me regarda avec étonnement par
la fenêtre.
    Je pris la précaution de faire marcher
Covenant avec le moins de bruit possible, jusqu'à ce que nous
fussions à une bonne distance de la maison, car je n'avais pas dit
un mot à Ruben du voyage que je projetais.
    J'étais convaincu que s'il était mis au fait,
ni la discipline, ni même les chaînes toutes neuves de son amour ne
sauraient l'empêcher de partir avec moi.
    Malgré mon attention, les fers de Covenant
rendaient un son clair sur les galets, mais en me retournant, je
vis que les stores restaient abaissés à la chambre de mon fidèle
ami, et que tout paraissait tranquille dans la maison.
    Aussi j'agitai ma bride et partis à un trot
rapide, par les rues silencieuses, encore jonchées des fleurs
fanées, encore égayées de rubans.
    À la porte du nord était de garde une
demi-compagnie, qui me laissa franchir la muraille, sitôt que j'eus
prononcé le mot de passe.
    Aussitôt que je fus hors des anciens murs, je
me trouvai en pleine campagne, orienté vers le nord, et la route
libre devant moi.
    C'était une matinée superbe.
    Le soleil se levait au-dessus de ses collines
lointaines.
    Ciel et terre prenaient des teintes de rouille
et d'or.
    Les arbres des vergers, qui bordaient la
route, étaient peuplés d'innombrables oiseaux qui babillaient,
chantaient, remplissaient l'air de leur ramage aigu.
    Il y avait dans chaque souffle quelque chose
qui vous rendait plus léger, plus joyeux.
    Le bétail roux du Somerset avec ses yeux
curieux se rangeait le long des haies, projetant de grandes ombres
sur les champs, et me regardait au passage.
    Des chevaux de ferme posaient la tête par
dessus les portes à claire-voie et hennissaient comme pour saluer
leur frère à la robe lustrée.
    Un grand troupeau de moutons à toison de neige
descendit vers nous sur la pente d'une hauteur et se mit à sauter
et gambader au soleil.
    Tout n'était que vie innocente, depuis
l'alouette qui chantait dans les airs jusqu'à la menue musaraigne
qui courait par le blé mûrissant, jusqu'au martinet qui partait au
bruit de mon approche.
    Partout, la vie, dans son innocence.
    Que devons-nous penser, mes chers enfants,
quand nous voyons les bêtes des champs pleines de bienveillance, de
vertu, et de gratitude.
    Où est-elle cette supériorité dont,

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