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Le Capitaine Micah Clarke

Le Capitaine Micah Clarke

Titel: Le Capitaine Micah Clarke Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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population clairsemée de pêcheurs et de pâtres
farouches.
    Ils venaient sur le seuil de leurs cabanes en
entendant résonner les fers de mon cheval, et me lançaient au
passage quelqu'une des grosses plaisanteries qui ont cours dans
l'Ouest.
    À mesure que la nuit approchait, le pays se
faisait plus triste et plus désert.
    À de rares intervalles clignotait une lumière
lointaine venant d'un cottage solitaire au flanc des collines.
    C'était le seul indice de la présence de
l'homme.
    Le rude sentier se rapprochait de la mer, mais
malgré son élévation, les embruns produits par les brisants le
franchissaient.
    J'avais les lèvres saupoudrées de sel.
    L'air était plein du grondement rauque de la
houle, du sifflement grêle des courlis, qui m'effleuraient de leur
vol, pareils à des créatures de l'autre monde, blanches, vagues, à
la voix mélancolique.
    Le vent soufflait par bouffées courtes,
brusques, irritées, venant de l'Ouest.
    Bien loin, sur les eaux noires, s'apercevait
un point lumineux, unique, montant, descendant, oscillant, puis
disparaissant à la vue, ce qui indiquait la violence de la tempête
qui avait éclaté sur le canal.
    Pendant que je chevauchais par le crépuscule à
travers ce paysage étrange et sombre, mon esprit se tourna
naturellement vers le passé.
    Je songeai à mon père, à ma mère, au vieux
charpentier, à Salomon Sprent.
    Puis, mes pensées se reportèrent sur Decimus
Saxon, dont le caractère aux faces multiples offrait autant de
sujets d'admiration et de sujets d'horreur.
    L'aimais-je, ne l'aimais-je pas ?
    C'était plus que je ne pouvais dire.
    Après lui, je me rappelai mon fidèle Ruben, et
son idylle amoureuse avec la jolie Puritaine, pour songer ensuite à
Sir Gervas et au naufrage de sa fortune.
    De là mon esprit se reporta à l'état de
l'armée, et à l'avenir de la rébellion, ce qui me ramena à ma
mission présente, à ses périls et à ses difficultés.
    Après avoir retourné en mon esprit toutes ces
choses, je commençais à m'assoupir sur le dos de mon cheval.
    Je succombais à la fatigue du voyage et à
l'endormante cantilène des vagues.
    Je venais justement de commencer un rêve où je
voyais Ruben Lockarby couronné Roi d'Angleterre par
Mistress
Ruth Timewell, pendant que Decimus Saxon se
préparait à décharger sur lui son pistolet bourré d'un flacon de
l'élixir de Daffy, lorsque tout à coup, sans avertissement, je fus
violemment jeté à bas de mon cheval, et me trouvai étendu à moitié
évanoui, sur le sentier pierreux.
    J'étais si étourdi, si ébranlé par cette chute
inattendue, que je restai quelques minutes incapable de comprendre
où j'étais et ce qui m'était arrivé, bien que j'entrevisse
vaguement des gens qui se penchaient sur moi et que des rires
rauques retentissent à mes oreilles.
    Lorsqu'enfin je fis un effort pour me remettre
debout, je m'aperçus qu'un tour de corde avait été passé autour de
mes bras et de mes jambes, de façon à les rendre immobiles. D'un
violent effort, je parvins à dégager une main et la lançai à la
face d'un des hommes qui me maintenaient, mais aussitôt toute la
bande, au moins une douzaine, se jeta sur moi.
    Les uns me donnaient des coups de poing ou de
pied.
    D'autres serraient une autre corde sur mes
coudes et la nouaient si adroitement que j'étais tout à fait
impuissant.
    M'apercevant que dans mon état de faiblesse et
d'étourdissement, tous mes efforts seraient vains, je restai étendu
dans un silence grognon, mais l'œil au guet, sans prendre garde aux
nouvelles bourrades qui fondaient sur moi.
    Il faisait si noir qu'il me fut impossible de
voir les figures de mes agresseurs, ni de faire la moindre
supposition sur ce qu'ils pouvaient être, ou sur la façon dont ils
m'avaient fait tomber de ma selle.
    Le bruit que faisait un cheval en rongeant son
frein et piétinant tout près de là, m'apprit que Covenant était
prisonnier, aussi bien que son maître.
    – Pete le Hollandais en a reçu autant qu'il
peut en porter, dit une voix rude et rauque. Il gît sur la route
aussi inerte qu'un congre.
    – Ah ! Pauvre Pete ! dit à demi-voix
un autre. Il ne touchera plus à une carte ; il ne videra plus
son verre de cognac.
    – Pour ça, vous mentez, mon bon ami, dit
l'homme frappé, d'une voix faible et chevrotante, et je vous
prouverai que vous mentez, si vous avez un flacon dans votre
poche.
    – Quand même Pete serait mort et enterré, dit
celui qui avait parlé le premier, il suffirait

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