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Le Capitaine Micah Clarke

Le Capitaine Micah Clarke

Titel: Le Capitaine Micah Clarke Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Conan Doyle
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Les murs et le
plancher sont en blocs de pierre, autant dire du roc massif, pour
la solidité. Lorsque j'entrai, il y avait une affreuse odeur de
souffre, et la flamme de ma lanterne bleuit. Oui, il n'y a pas de
quoi sourire. Si le diable n'est point parti en emportant Marot, je
vous le demande, qu'est-ce qui l'a fait ? Car je suis bien
convaincu qu'un bon ange ne serait jamais venu le délivrer, comme
cela eut lieu jadis pour l'apôtre Pierre. Peut-être le Malin
tient-il à un autre oiseau de la même cage. Aussi puis-je vous
avertir de vous prémunir contre ses attaques.
    – Non, je ne le crains point, répondis-je.
    – C'est bien, croassa le capitaine, ne soyez
pas abattu.
    Sa tête disparut et la clef tourna dans la
serrure grinçante.
    Les murs étaient d'une épaisseur telle, que
quand la porte eut été fermée, il me fut impossible d'entendre
aucun bruit.
    À part la plainte du vent dans les branches
des arbres en dehors de l'étroite fenêtre, tout était silencieux
comme la tombe dans l'intérieur du donjon.
    Ainsi abandonné à moi-même, je m'efforçai de
me conformer au conseil du Capitaine Sinclair, et d'avoir le cœur
ferme, bien que ses propos fussent loin d'être encourageants.
    Au temps de mon enfance, et tout
particulièrement parmi les sectaires avec lesquels je m'étais
trouvé en contact, la croyance que le Prince des Ténèbres se
montrait à l'occasion, et qu'il intervenait sous une forme
corporelle dans les affaires humaines était très répandue et
incontestée.
    Les philosophes, dans la paix de leur chambre,
peuvent raisonner doctement sur l'absurdité de ces choses-là, mais
dans un donjon où règne un demi-jour, où l'on est séparé du monde,
où la lueur grise domine de plus en plus, où votre destinée est
suspendue au fléau de la balance, il en est tout autrement.
    Si le récit du capitaine était vrai, l'évasion
paraissait tenir du miracle.
    J'examinai très attentivement les murs de la
cellule.
    Ils étaient formés de grands blocs carrés
habilement ajustés ensemble.
    La mince fente ou fenêtre était percée au
milieu d'un gros bloc de pierre.
    Partout où la main pouvait atteindre, la
surface des murs était couverte de lettres et d'inscriptions
gravées par bien des générations de prisonniers.
    Le sol était formé de dalles usées par les
pas, et solidement réunies ensemble.
    La recherche la plus minutieuse ne laissait
apercevoir aucun trou, aucune fissure par où un rat eût pu
s'enfuir, et à plus forte raison un homme.
    C'est chose bien étrange, mes enfants, que
d'être ainsi couché, d'avoir tout son sang-froid et de se dire que
selon toutes les probabilités, dans quelques heures votre pouls
aura battu pour la dernière fois, et que votre âme aura été lancée
vers sa destination suprême.
    C'est étrange, et très impressionnant.
    Quand on se lance à cheval en pleine mêlée, la
mâchoire contractée, les mains fortement serrées sur la bride et
sur la poignée du sabre, on ne peut sentir les mêmes émotions, car
l'esprit humain est ainsi fait qu'un frisson en efface toujours un
autre. De même quand l'homme baisse et respire péniblement sur le
lit ou il va mourir de maladie, on ne saurait dire qu'il a éprouvé
ce frisson, car l'esprit, affaibli par la maladie, ne peut que
s'abandonner, et est incapable d'envisager de trop près ce à quoi
il s'abandonne.
    Mais quand un homme, plein de jeunesse et de
vigueur, est ainsi seul, qu'il voit la mort en face de lui,
suspendue sur lui, il a pour entretenir ses pensées des choses
telles que, s'il survit, s'il atteint à l'âge où les cheveux
grisonnent, toute sa vie subira l'empreinte, le changement que
produisent ces heures solennelles, ainsi qu'un cours d'eau dont la
direction est brusquement modifiée par le rude choc d'une rive
contre laquelle il s'est heurté.
    Toutes les fautes, même les moindres, même les
travers, apparaissent avec clarté, en présence de la mort, comme
les atomes de poussière deviennent visibles quand le rayon de
soleil pénètre dans une chambre où l'on a fait l'obscurité.
    Je les remarquai alors, et depuis, je
l'espère, je les ai toujours remarqués.
    J’étais assis la tête penchée sur ma poitrine,
profondément absorbé par ce solennel enchaînement de pensées,
lorsque j'en fus brusquement tiré par un bruit de coups très
distinct, tel que le produirait un homme qui voudrait attirer
l’attention.
    Je me levai d'un bond et plongeai mes regards
dans l'obscurité

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