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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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prime. Henshaw, que savez-vous de tout ça ?
    — Je sais que ce n’est pas ce nègre qui sauvera Boston des drames qui nous guettent, chef.
    — Lorsque le gouverneur entendra dire que la nomination qui lui tenait le plus à cœur perturbe le fonctionnement de toute la police, peut-être fera-t-il enfin ce qui est juste et s’interrogera-t-il sur la sagesse de sa décision, susurra Fitch.
    — L’agent Rey est un des meilleurs policiers que j’aie rencontrés dans ma vie.
    — Abordons le sujet, puisque nous y sommes. On nous a fait comprendre aussi qu’on vous voyait partout en ville en sa compagnie, commandant. » Le maire fit durer son froncement de sourcils. « Y compris à l’endroit où Talbot a été tué. Et pas seulement comme cocher, mais comme un partenaire partageant vos activités d’égal à égal.
    — C’est un pur miracle que ce noiraud ne traîne pas derrière lui une foule déchaînée armée de pavés quand il met le nez dehors ! ricana Fitch.
    — Nous avons suivi à la lettre toutes les restrictions que le conseil municipal a décidé d’imposer à l’encontre de Nicholas Rey dans ses fonctions de policier… Et je ne vois pas quel rapport peut avoir sa position dans la brigade avec l’affaire qui nous intéresse !
    — La terreur plane sur nos têtes, la police part à vau-l’eau : le voilà, le rapport ! déclara Lincoln en pointant un doigt sévère sur le chef de la police. Je ne permettrai pas que ce Nicholas Rey participe de près ou de loin aux enquêtes sur ces meurtres. Encore un faux pas, et il sera renvoyé. Pas plus tard qu’aujourd’hui, des sénateurs sont venus me trouver. Si nous ne réglons pas cette affaire, ils nommeront un nouveau comité qui proposera d’abolir toutes les polices municipales du Massachusetts pour les remplacer par une police commune, placée sous le contrôle de l’État. Et ils sont déterminés. Je ne verrai pas cela se produire sous mon mandat, John, vous m’avez bien compris ? Je ne verrai pas la police de ma ville réduite à l’état de charpie. »
    Kurtz était trop ébahi pour proférer un son. Le conseiller municipal Jonas Fitch en profita pour enfoncer le clou. Se penchant en avant, il planta son regard dans celui du chef de la police.
    « Si vous aviez fait respecter la loi concernant les maisons de tolérance et la criminalité, monsieur le responsable de l’ordre, à l’heure qu’il est voleurs et canailles auraient déménagé à New York ! »
     
    Il était tôt dans la matinée, mais une quantité de grouillots de tous âges s’affairaient dans les locaux de Ticknor et Fields, aux ordres des nombreux clercs. Le Dr Holmes fut le premier des Amis de Dante à arriver au Corner. Après avoir arpenté le vestibule pendant un certain temps, il décida d’attendre les autres dans le bureau personnel de J. T. Fields.
    « Oh, excusez-moi, mon bon monsieur », dit-il en découvrant qu’un visiteur s’y trouvait déjà. Il s’empressa de refermer la porte.
    De l’homme, tourné vers la fenêtre, il n’avait vu en contre-jour que des traits anguleux et un profil aquilin, de sorte qu’il lui fallut une bonne seconde pour mettre un nom sur cette silhouette emmitouflée dans une longue redingote bleue et des châles noirs. Il rouvrit la porte et s’écria avec un large sourire :
    « Oh, mon cher Emerson ! »
    C’était une rareté que d’apercevoir en ville le philosophe. Depuis que Harvard lui avait interdit de prendre la parole sur le campus pour avoir déclaré dans une adresse à l’école de théologie que l’Église unitarienne était morte, le poète et conférencier s’était établi dans le petit village de Concord qui s’était un temps enorgueilli d’abriter autant de talents littéraires que Boston.
    Emerson était le seul auteur d’Amérique à jouir d’une célébrité égale à celle de Longfellow, et Holmes, qui était pourtant au centre de toutes les activités culturelles, se sentait intimidé en sa présence.
    Ralph Waldo Emerson sortit de sa rêverie pour le saluer.
    « Je rentre tout juste de la réunion du Lyceum Express qu’organise tous les ans notre Mécène des temps modernes. Notre gardien et protecteur à tous… »
    Il étendit la main au-dessus du bureau de Fields comme pour le bénir, en un geste conservé du temps où il était pasteur.
    « Je suis venu lui remettre des papiers, reprit-il.
    — Eh bien, il serait grand temps que vous nous reveniez pour de

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