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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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partit d’un rire triomphal.
    Ayant vérifié que la blessure n’en contenait pas d’autre, il banda la cheville de Lowell.
    « Regardez, dit-il en posant affectueusement la larve sur sa main. La malheureuse petite bête n’a vécu que quelques secondes entre le moment où vous l’avez vue et celui où vous l’avez tuée. Elle n’a eu le temps de pondre qu’un seul œuf. Votre blessure n’est pas profonde, elle va guérir et vous ne vous en souviendrez plus. Mais voyez la vitesse avec laquelle elle s’est creusée ! Et avec une larve seulement. Cette unique larve, vous l’avez sentie vous déchirer et s’enfoncer dans votre chair. Imaginez des centaines comme celle-ci, des milliers, occupées à se frayer en vous un chemin, vous dévorant au passage. »
    Le sourire qui s’épanouit sur le visage de Lowell fut si large que ses moustaches s’en allèrent voler sur les côtés.
    « Vous entendez, Holmes ? Je m’en sortirai ! »
    Il rit et embrassa le savant, puis son ami. Alors seulement prit-il conscience de ce que la présence de ces larves avait pu signifier pour Artemus Healey, et de ce qu’elle signifiait à présent pour l’enquête que menait le cercle des Amis de Dante.
    Ayant lui aussi recouvré son sérieux, le savant s’essuya les mains.
    « Ce n’est pas tout, chers camarades. Je dois encore vous apprendre une chose très étrange, vraiment. C’est que ces pitites critures ne vivent pas dans nos contrées. Il n’y en a ni en Nouvelle-Angleterre ni ailleurs près de chez nous. Elles sont originaires de notre partie du monde, cela paraît certain, mais on ne les trouve que sous des climats chauds et humides, comme au Brésil. J’en ai vu des essaims là-bas, mais on ne les rencontre pas à Boston. Et je ne les ai vues mentionnées nulle part, ni sous leur nom savant ni sous aucun autre. Comment sont-elles arrivées jusque chez nous, je ne puis l’imaginer. Peut-être par hasard, sur une cargaison de bétail, ou encore… »
    Agassiz se permit quelques digressions amusantes avant de conclure :
    « Quoi qu’il en soit, c’est une chance que ces warega ne puissent vivre sous le climat nordique qui est le nôtre, dans ce froid et cet environnement, parce qu’elles ne sont pas un agréable voisinage. Heureusement, celles qui sont arrivées jusqu’ici sont sûrement déjà mortes de froid. »
    Le soulagement s’était propagé en Lowell aussi rapidement que l’angoisse, précédemment. L’épreuve traversée lui était maintenant source de joie. Il avait quitté le musée et marchait en silence à côté de Holmes, n’ayant plus qu’une pensée en tête. Ce fut le docteur qui aborda le sujet.
    « Quel aveuglement de ma part, que de m’en être tenu aux conclusions de Barnicoat publiées dans les journaux ! Healey n’est pas mort d’un coup à la tête, pas plus que les insectes n’ont été placés là pour illustrer le poème, en faire un tableau vivant. Non, ils ont été placés là pour faire œuvre de douleur. Pour que nous reconnaissions dans le châtiment la référence dantesque, dit Holmes d’une voix entrecoupée par l’excitation. Ce n’était pas un ajout ornemental, mais bien l’arme du crime !
    « Notre Lucifer ne veut pas simplement la mort de ses victimes, il veut qu’elles souffrent comme souffrent les ombres en Enfer. Qu’elles soient plongées dans cet état entre la vie et la mort, qui contient l’une et l’autre sans être aucune des deux.»
    Lowell se tourna vers Holmes et lui saisit le bras.
    « Pour que le supplicié assiste à ses propres souffrances ! Moi, Wendell, je sentais cette créature me dévorer à mesure qu’elle progressait en moi. Je la sentais m’absorber. Et même si elle ne se repaissait que d’une infime partie de mon corps, je la sentais passer directement de mes veines à mon âme. La femme de chambre disait vrai.
    — Par Dieu, c’est certain ! s’écria Holmes, horrifié. Ce qui signifie que Healey… »
    Pas plus que Lowell, Holmes n’eut la force d’évoquer les souffrances endurées par le juge suprême. Censé partir pour sa maison de campagne le samedi matin, Healey avait été retrouvé le mardi suivant, encore en vie. Abandonné aux bons soins de dizaines de milliers d ’hominivorax se goinfrant de ses entrailles… de son cerveau… un centimètre après l’autre, une heure après l’autre. Et cela, pendant quatre jours d’affilée.
    Holmes regarda les échantillons contenus dans la fiole

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