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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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qu’une fois et pond tous les trois jours un très grand nombre d’œufs, jusqu’à quatre cents en une seule fois. Cela se répète à dix ou onze reprises au cours de sa vie, laquelle dure en gros un mois. Elle fait son nid dans des blessures récentes, aussi bien sur des hommes que sur des animaux. Les œufs éclosent et les asticots progressent à l’intérieur du corps, dévorant les chairs en chemin, car ils se nourrissent de tissu vivant. Plus les chairs sont infestées de larves, plus elles attirent de mouches adultes. Arrivées à maturité, ces larves tombent d’elles-mêmes du corps et, là, au bout de quelques jours, se transforment en mouches. Mon ami Coquerel a nommé cette espèce la Cochliomyia hominivorax.
    —  Homini… vorax , la mouche mangeuse d’homme…, lâcha Lowell d’une voix rauque en dévisageant Holmes.
    — Exactement, s’exclama Agassiz avec l’enthousiasme contenu du savant qui s’apprête à annoncer une terrible nouvelle. Coquerel a publié sa découverte dans des revues spécialisées, mais peu de gens y ont cru.
    — Mais vous-même y avez cru ? s’enquit Holmes.
    — Sans l’ombre d’un doute, répondit le savant sur un ton des plus sérieux. Depuis que Coquerel m’a fait parvenir ces planches, j’ai étudié quantité de rapports médicaux rédigés au cours des trente dernières années, en m’assurant qu’ils avaient été établis par des gens qui n’étaient pas au fait de la question. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire mentionne le cas d’un nourrisson ayant une de ces larves sous la peau. D’après Cobbold, le Dr Livingston découvrit plusieurs larves de diptera dans l’épaule d’un nègre blessé. Au Brésil, où elles sont appelées warega, ces mouches sont connues pour être des parasites de l’homme aussi bien que des animaux. Des rapports sur la guerre du Mexique font état de mouches à viande qui pondaient leurs œufs dans les blessures des soldats laissés la nuit sur le champ de bataille. Parfois, les larves ne causaient aucun mal. Elles se nourrissaient exclusivement de tissu mort – il s’agissait alors de mouches bleues habituelles, de larves provenant de l’espèce macellaria que vous connaissez, docteur Holmes. Mais il arrivait que ces soldats eussent le corps couvert de boursouflures et, dans ce cas, il ne restait plus rien à sauver d’eux : ils avaient été creusés de l’intérieur. Vous voyez ? Ces mouches-là, c’étaient les hominivorax. Elles s’attaquent à des proies qui sont dans l’incapacité de se défendre, car elles doivent se nourrir de tissu vivant pour que leur progéniture survive. C’est le seul moyen. Les recherches dans ce domaine ne font que commencer, mes amis, mais elles sont passionnantes. En ce qui me concerne, j’ai ramassé mes premiers spécimens d’ hominivorax au Brésil. À première vue, les deux types de mouches paraissent similaires. Il faut examiner leur couleur très attentivement et les mesurer avec des instruments extrêmement précis pour noter leurs différences. Ainsi, hier, je suis parvenu à identifier vos échantillons. »
    Agassiz approcha un tabouret pour lui.
    « Maintenant, Lowell, montrez-nous encore votre pauvre jambe, voulez-vous ? »
    Le poète voulut dire quelque chose, mais ses lèvres tremblaient trop.
    « Ne vous inquiétez pas, Lowell ! s’écria Agassiz, et il éclata de rire. Donc, vous avez senti le pitit insecte sur votre jambe et vous l’avez chassé ?
    — Je l’ai tué ! » rappela Lowell.
    Agassiz prit un scalpel dans un tiroir.
    « Bon. Docteur Holmes, je veux que vous introduisiez la pointe au centre de la blessure et qu’ensuite vous tiriez tout droit.
    — Vous êtes sûr, Agassiz ? » demanda Lowell nerveusement.
    Holmes déglutit. Il mit un genou en terre et approcha l’instrument de la cheville de son ami. Lowell avait la bouche ouverte et les yeux rivés sur ses mains.
    « Vous ne sentirez rien du tout, Jemmy », le rassura-t-il à mi-voix, juste pour eux deux.
    Agassiz, qui se trouvait à quelques pas de là, eut la délicatesse de faire comme s’il n’entendait pas.
    Lowell hocha la tête et se cramponna au rebord de son tabouret. Holmes suivit les consignes du savant. Il inséra la pointe du scalpel exactement au centre du renflement et tira. Une larve blanche et rigide, de quatre millimètres tout au plus, se tortilla au bout de la lame. Vivante !
    — Oh ! Un superbe hominivorax  ! » s’écria Agassiz, et il

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