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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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c’est comestible ? demanda Holmes.
    — Oh, que oui ! Et il est bien regrettable que nous ne puissions en servir au club du Samedi. Un bon dîner est la plus grande bénédiction de l’humanité. C’est vraiment dommage ! Bon, sommes-nous prêts ? »
    Lowell et Holmes suivirent le savant jusqu’à une table et s’assirent. Agassiz sortit soigneusement les insectes des fioles remplies d’une solution d’alcool.
    « Pour commencer, dites-moi, docteur Holmes. Où avez-vous trouvé ces pitites critures si particulières ?
    — C’est Lowell, en réalité, répondit Holmes avec précaution. Près de Beacon Hill.
    —  Peacon Hill ? » répéta Agassiz. Son fort accent suisse allemand donnait à certains mots une sonorité étrange. « Dites-moi, docteur Holmes, qu’en pensez-vous, vous-même ? »
    Cette habitude de poser des questions auxquelles l’interrogé ne pouvait apporter qu’une réponse erronée n’était pas du goût de Holmes.
    « Je suis un béotien dans ce domaine, mais ce sont des mouches bleues, n’est-ce pas ?
    — Ah, oui. Le genre ? demanda Agassiz.
    —  Cochliomyia.
    — L’espèce ?
    —  Macellaria.
    — Ah-ha ! s’esclaffa le savant. Ils ont bien cette apparence en effet, n’est-ce pas, mon cher Holmes ? Si l’on s’en tient aux livres.
    — Parce qu’il ne s’agit pas de cela ? » demanda Lowell.
    Le sang avait reflué de son visage. Si Holmes se trompait, ces mouches pouvaient fort bien ne pas être du tout inoffensives.
    « En apparence, ces deux espèces sont presque identiques », laissa tomber Agassiz. Il fit suivre sa phrase d’une inspiration qui coupait court à toute question. « J’ai bien dit presque. » Et il se dirigea vers ses étagères.
    Avec sa silhouette épaisse et ses traits épatés, il ressemblait davantage à un homme politique aimé des foules qu’à un biologiste et botaniste. Ce musée de zoologie comparée qui venait d’ouvrir ses portes était le sommet de sa carrière. Dans ce laboratoire, le savant aurait enfin les moyens de mener à terme sa classification des millions d’espèces du monde animal et végétal qui n’avaient toujours pas de nom à ce jour.
    « Permettez-moi de vous montrer quelque chose. Près de deux mille cinq cents espèces de mouches vivant dans le nord de l’Amérique ont été répertoriées… Sur dix mille, selon mes estimations. »
    Il déposa des planches dessinées devant ses visiteurs. C’étaient des représentations brutes et plutôt grotesques de visages humains, où d’étranges cavités noires remplaçaient le nez.
    « Voilà quelques années, expliqua Agassiz, un chirurgien français de la marine impériale, le Dr Coquerel, a été appelé en Amérique du Sud dans leur colonie de l’île du Diable, en Guyane française, à l’ouest du Brésil. Cinq colons étaient à l’hôpital avec des symptômes graves qu’on ne pouvait identifier. L’un d’eux décéda peu après son arrivée. En rinçant ses sinus avec de l’eau, le Dr Coquerel découvrit à l’intérieur trois cents larves de mouches bleues.
    — Des larves à l’intérieur d’un homme… vi vant  ? s’écria Holmes, désarçonné.
    — Holmes, n’interrompez pas ! » le coupa Lowell.
    Agassiz acquiesça par un lourd silence.
    « Mais les larves ne sont pas des parasites, insista Holmes. La Cochliomyia macellaria ne se nourrit que de tissus décomposés.
    — Rappelez-vous ce que je viens de vous dire, le réprimanda Agassiz. Qu’il reste encore huit mille espèces de mouches non identifiées ! Il ne s’agissait pas de Cochliomyia macellaria, mais d’une mouche très différente, mes amis. D’une espèce encore jamais vue, ou à l’existence de laquelle on se refusait de croire. Dans l’affaire en question, une femelle de cette espèce avait pondu des œufs dans les narines du patient. Ces œufs avaient éclos et donné naissance à des larves qui, devenues asticots, avaient dévoré le malade jusqu’à l’intérieur du crâne. Deux autres personnes moururent de la même infestation. Coquerel ne parvint à sauver les autres qu’en découpant les asticots nichés dans leur nez. Les vers de macellaria ne peuvent vivre que sur des tissus morts, en effet. Elles préfèrent les cadavres, mais les vers de cette espèce-là, Holmes, se nourrissent de tissu vivant ! »
    Agassiz attendit de lire l’horreur sur les traits de ses visiteurs avant d’enchaîner :
    « La femelle ne copule

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