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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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Jennison ?
    — Comment le saurais-je ? s’exclama Holmes, titubant sous l’effet des visions qui se bousculaient dans sa tête.
    — Traduisez-moi cela, docteur Holmes. »
    Rey saisit la main du docteur et l’ouvrit de force pour y fourrer un papier.
    « Je vous en prie, monsieur l’agent. Nous avons déjà… »
    Les doigts de Holmes malaxaient le papier. Le policier récita les vers qu’il avait entendus la nuit précédente :
    «  Ayant disjoint deux être si unis, / je porte hélas mon cerveau séparé de son principe, / que ce tronc renferme ; / ainsi s’observe en moi le contrapasso. C’est bien ce que nous venons de voir, n’est-ce pas ? Comment traduisez-vous contrapasso, docteur Holmes ? Contre-souffrance ?
    — Il n’y a pas de terme exact… Mais comment… ? »
    Holmes retira son écharpe en soie et y enfouit le nez pour tenter de respirer.
    « Je ne sais rien. »
    Mais Rey insistait :
    « Vous avez lu la description de ce meurtre dans un poème. Vous l’avez vu avant même qu’il ne se produise, et vous n’avez rien fait pour l’empêcher.
    — Non ! Nous avons fait tout notre possible. Nous avons essayé. Je vous en prie, monsieur l’agent, je ne puis…
    — Connaissez-vous cet homme ? » Rey tendit au docteur le portrait de Grifone Lonza. « C’est le mendiant qui a sauté par la fenêtre à l’hôtel de police.
    — Je vous en prie ! suppliait Holmes qui suffoquait. Ça suffit. Partez, maintenant ! »
    Trois étudiants en médecine, de ceux que le docteur appelait ses jeunes barbares eu égard à leur type paysan, passaient dans l’allée en savourant des cigares bon marché.
    « Hé là, canaille !
    — Vous allez ficher la paix à notre professeur ! »
    Holmes voulut les retenir, mais aucun son ne passa le goulot rétréci de sa gorge. L’un d’eux, plus rapide que les autres, se jetait déjà sur Rey, le poing tendu, visant son estomac. Rey attrapa son bras et le baissa avec toute la délicatesse possible. Les deux compagnons de l’étudiant s’élançaient à leur tour quand le docteur retrouva la voix.
    « Non, non, mes garçons ! Calmez-vous ! Partez d’ici, c’est un ami ! Ouste ! »
    Les élèves s’exécutèrent docilement.
    Holmes aida Rey à se relever. Se sentant obligé de faire amende honorable, il ramassa le journal et regarda le portrait.
    « Grifone Lonza. »
    L’éclat qui passa dans l’œil du policier traduisit son étonnement admiratif, mais aussi son soulagement.
    « Traduisez-moi le texte que je vous ai donné, docteur Holmes, je vous en prie. Ce sont les mots que Lonza m’a dits avant de mourir. Dites-moi ce qu’ils signifient.
    — C’est de l’italien, du toscan. En fait, vous avez sauté plusieurs mots, mais pour quelqu’un qui n’a aucune connaissance de cette langue, c’est assez bien retranscrit. Deenan see am… Dinanzi a me… Dinanzi a me non fuor cose create se non etterne, e io etterno duro  : Avant moi, rien n’a été fait qui ne soit éternel, et je durerai éternellement. Lasciate ogne speranza, voi ch’intrate  : Vous qui entrez, abandonnez tout espoir.
    — Abandonnez tout espoir… Il me donnait un avertissement.
    — Non. Je ne crois pas. D’après ce que nous savons de lui, il devait se croire arrivé aux portes de l’Enfer et lisait les mots inscrits sur le fronton.
    — Vous auriez dû prévenir la police, s’écria Rey.
    — Cela n’aurait servi qu’à compliquer encore les choses ! rétorqua Holmes avec force. Vous ne pouvez pas comprendre, monsieur l’agent. Non, vous ne pouvez pas. Nous étions seuls capables de retrouver l’assassin ! Nous pensions même l’avoir démasqué mais, apparemment, il s’est enfui. Ce que la police croit savoir ne vaut pas tripette. Sans nous, ces crimes ne cesseront jamais ! »
    Holmes lécha la neige entrée dans sa bouche pendant qu’il parlait, puis épongea son front et son cou trempés d’une sueur chaude qui perlait de tous ses pores. Il demanda à Rey s’il ne voulait pas rentrer au chaud, car il avait d’autres choses à lui dire qui le laisseraient pantois.
    Ils allèrent s’asseoir dans la salle déserte où le docteur donnait ses cours.
    « L’histoire se passe en l’an 1300. Arrivé à la moitié du chemin de sa vie, un poète du nom de Dante se réveille dans une forêt obscure et constate que sa vie a pris la mauvaise direction. Voyez-vous, monsieur, James Russell Lowell aime à dire que nous

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