Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
Vom Netzwerk:
rabroua du regard.
    L’agent de police hésita et remit son papier dans sa poche.
    « J’ai exprimé à M. Lowell mon intérêt pour le poème qu’il traduit. Il a pensé que vous pourriez m’indiquer un endroit où je puisse l’étudier. »
    Des taches colorées marbrèrent les joues du Dr Manning.
    « Vous voulez dire que cet entretien est purement… littéraire ? » lâcha-t-il avec dégoût.
    Comme Rey ne répondait pas, il l’assura que Lowell avait voulu le tourner en ridicule, lui et le collège par la même occasion, pour le simple plaisir de faire une blague. Si Rey souhaitait étudier la poésie de Satan, qu’il le fasse donc aux pieds de Satan !
    Rey traversa le Yard de Harvard. Un vent glacé tourbillonnait en sifflant autour des vieux bâtiments de brique. Sa visite le laissait déconcerté et confus quant à ce qu’il devait faire. Mais voilà qu’une cloche d’incendie se mit à sonner – à carillonner de tous les coins de l’univers, eût-on dit. Il s’élança de toute la vitesse de ses jambes.

11
    Oliver Wendell Holmes, poète et médecin, plaça une bougie à côté du microscope et se pencha sur l’œilleton pour ajuster la position de la lamelle. L’insecte sautait et se tortillait entre les deux plaques de verre, comme soulevé de rage à l’idée d’être observé.
    Non, ce n’était pas l’insecte qui frétillait aussi violemment, car la glissière du microscope tremblait, elle aussi.
    Dehors, des sabots claquaient avec un bruit de tonnerre. Ils s’arrêtèrent dans un ultime fracas. Holmes se précipita à la fenêtre et écarta les rideaux. Amelia entra dans le bureau, le visage empreint d’une gravité effrayante. Le docteur lui ordonna de rester dans la pièce, mais elle le suivit jusqu’à la porte d’entrée. En contre-jour sur le ciel, se détachait l’imposante silhouette bleu marine d’un cocher juché sur le banc du fourgon de police et tirant de toutes ses forces sur les rênes pour retenir ses ombrageuses juments pommelées.
    « Docteur Holmes ? appela-t-il du haut de son siège. Vous devez venir avec moi immédiatement.
    — Wendell ? Que se passe-t-il ? » s’interposa Amelia.
    Holmes lui jeta d’une voix sifflante :
    « Melia, envoie un mot à Craigie House pour les prévenir que je les retrouverai au Corner dans une heure. Je suis désolé, je ne sais pas de quoi il s’agit. Il n’y a rien à faire, je dois partir. »
    Avant qu’elle ait eu le temps d’émettre une protestation, Holmes avait grimpé en voiture et l’attelage repartait au triple galop dans un tourbillon de feuilles mortes et de poussière. Derrière le voilage de la fenêtre du salon, au second étage, le jeune Oliver Wendell Holmes se demanda dans quelle nouvelle absurdité son père se lançait.
    Un froid gris paralysait l’atmosphère. Le ciel commençait à se dégager. Un second attelage arriva en trombe et pila juste à l’endroit libéré par le fourgon : le landau de Fields. Ouvrant la portière à toute volée, James Russell Lowell déversa sur M me  Holmes un flot de paroles duquel il ressortit qu’elle devait appeler le Dr Holmes sur-le-champ. Elle tendit le cou et distingua à l’intérieur les profils de Henry Longfellow et de J. T. Fields.
    « Je ne sais pas où il est parti, je vous l’affirme, monsieur Lowell. La police vient de l’emmener. Il m’a ordonné d’envoyer un message à Craigie House pour vous demander de le retrouver au Corner dans une heure. James Lowell, je veux savoir de quoi il retourne ! »
    Lowell lança un regard d’impuissance aux occupants de la voiture. Au coin de Charles Street, deux gamins distribuaient des prospectus en criant : « Disparu ! Disparu ! Prenez une feuille, m’sieu dames. »
    La gorge sèche, Lowell enfonça craintivement une main dans la poche de sa redingote et en ressortit le tract qu’on y avait fourré de force au marché de Cambridge, alors qu’il venait d’apercevoir le fantôme en gilet à carreaux se disputant avec Edward Sheldon. Il lissa le papier froissé contre sa manche.
    « Oh, doux seigneur ! »
     
    « Les agents et les sentinelles placés dans toute la ville depuis le meurtre du révérend Talbot n’ont strictement rien vu ! » s’époumona le sergent Stoneweather du haut de son siège de cocher.
    Les chevaux fuyaient le long de Charles Street et l’on voyait danser leurs muscles sous leur robe émaillée de piqûres de mouche. De temps à autre, le fouet

Weitere Kostenlose Bücher