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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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hurlait à ses oreilles. Il se retourna, sortit le sifflet de sa poche. Pas trace de son poursuivant. Comme il jetait un second regard en arrière, de l’autre côté, il se sentit happé par le bras et violemment projeté au sol. Il s’effondra. Dans un léger gazouillis, le sifflet alla rouler dans les buissons.
    Fields tourna la tête vers Craigie House. Une douleur fulgurante se propagea dans son cou raide. Une chaude lumière baignait le cabinet de travail. Fields comprit alors le dessein de Lucifer.
    « Ne faites pas de mal à Longfellow, Teal. Il a quitté le Massachusetts aujourd’hui. Je vous le jure sur mon honneur. » L’éditeur fondit en larmes comme un enfant.
    « N’ai-je pas toujours accompli mon devoir ? » répondit le soldat.
    Sur ce, il leva haut son gourdin et l’abattit d’un coup.
     
    Le successeur du révérend Elisha Talbot avait achevé sa réunion avec les diacres de la Seconde Église unitarienne de Cambridge depuis plusieurs heures déjà, lorsque le Dr Oliver Wendell Holmes, armé d’un antique mousqueton et d’une lanterne à kérosène achetée en chemin chez un brocanteur, pénétra dans le lieu saint et s’introduisit furtivement dans la crypte.
    Si cette crypte était effectivement reliée à un tunnel, cela expliquerait que Lucifer eût pu y pénétrer à l’avance, assassiner Talbot et se sauver sans qu’on le vît. Telle était la théorie du docteur. Après en avoir débattu avec lui-même, il avait décidé de la vérifier avant de la soumettre à ses amis. Puisque c’était sur son intuition que le cercle des Amis de Dante s’était lancé dans l’enquête, autant qu’il fût celui qui la menât à son terme, n’est-ce pas ? Après, que la police remonte jusqu’au tueur !
    Descendu dans la crypte, il entreprit de sonder les murs à la recherche d’une ouverture donnant sur un autre tunnel ou une salle souterraine. Ses mains ne lui livrèrent aucune information. En revanche, le bout de sa botte rencontra un vide. S’étant penché pour l’examiner, il découvrit une cavité dans laquelle on pouvait se faufiler à plat ventre. Il s’y engagea. Il progressait à quatre pattes depuis un certain temps déjà, tirant sa lanterne derrière lui, quand le tunnel s’élargit au point de lui permettre de se tenir debout. Bien. Il était temps de revenir sur ses pas pour prévenir les autres de sa découverte. Ah, comme ils se réjouiraient de savoir leur adversaire bientôt vaincu ! Mais voilà, les virages en épingle à cheveux du labyrinthe, les innombrables montées et descentes le laissaient désorienté. Pour se rassurer, il posa une main sur la crosse du mousqueton caché dans la poche de son manteau. Il commençait à recouvrer un certain équilibre intérieur quand un appel eut raison de ses sens.
    « Docteur Holmes ? »
    La voix de Teal.

19
    Benjamin Galvin s’était engagé dans le régiment du Massachusetts dès le premier appel à conscription. À vingt-quatre ans, il se considérait comme un soldat depuis un bon moment déjà, ayant été de ceux qui guidaient les esclaves fugitifs dans ce réseau de foyers, de sanctuaires et de tunnels creusés sous la ville, bien avant la déclaration officielle de la guerre. Il avait servi de bouclier humain aux tribuns abolitionnistes quand la foule leur jetait des pierres, il avait protégé leur arrivée ou leur départ de Faneuil Hall et des autres salles publiques où ils tenaient réunion.
    Galvin n’était pas politisé à la façon de certains jeunes gens. Ne sachant pas lire, les pamphlets et les débats journalistiques restaient pour lui lettre morte et il aurait été bien en peine de dire s’il convenait ou non de réélire tel sudiste en faveur de l’émancipation des Noirs ou, encore, quel parti appelait à la sécession et quel parlement d’État recherchait la conciliation. En revanche, il comprenait parfaitement ce que voulaient dire les candidats en tournée électorale quand ils déclaraient que des hommes asservis devaient être libérés et les coupables soumis à un châtiment légitime. Et il comprenait aussi, assez simplement, qu’il pourrait fort bien ne jamais revoir sa nouvelle épouse. Mais de toute façon, comme le disaient les agents recruteurs, il reviendrait de la guerre avec la bannière étoilée : soit en la portant haut, soit en étant enveloppé dedans. Le jour de l’enrôlement, on lui avait « tiré le portrait » pour la première fois de sa vie. Cette

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